Approche en santé mentale fondée sur les droits de l'homme

L'incidence des violations des droits Humains dans les services de santé mentale a été décrite comme une urgence mondiale, et considérés comme pouvant avoir un impact négatif sur la santé mentale. Inversement, une approche en santé mentale fondée sur les droits de l'homme peut améliorer la santé mentale. Les cas où une approche explicitement fondée sur les droits de l'homme a été utilisée dans les établissements de soins de santé mentale ont été passés en revue, et montrent que les approches fondées sur les droits de l'homme peuvent conduire à des améliorations cliniques à des coûts relativement faibles. Les approches fondées sur les droits de l'homme sont considérées fondamentales pour des raisons de progrès moral et social, et le fait que de telles approches puissent contribuer à des résultats thérapeutiques positifs et, éventuellement, à des économies de coûts, est une raison supplémentaire pour leur mise en œuvre.

Historique

Après les constatations de plusieurs experts internationaux au sujet des droits Humains et du droit à la santé, un système de soins de santé mentale basé sur la Convention relative aux droits des personnes handicapées a été débattu afin que les services de santé mentale gagnent la confiance des usagers et ainsi améliorent les résultats des traitements. La psychiatrie perd ainsi sa fonction coercitive et suit la volonté et les préférences de ceux qui ont besoin d'un soutien.

En juillet 2016, une résolution menée par le Portugal et le Brésil a été adoptée par le Conseil des droits de l'homme, appelant les États et autres agences des Nations unies à prendre des mesures pour mettre fin à la « discrimination généralisée, la stigmatisation, les préjugés, la violence, l'exclusion sociale et la ségrégation, illégales ou des pratiques arbitraires d'institutionnalisation, de surmédication et de traitement qui ne respectent pas ... l'autonomie, la volonté et les préférences ». Conformément à cette résolution, le Haut-Commissaire aux droits de l'homme a publié par la suite un rapport sur la santé mentale et les droits de l'homme en janvier 2017. Ce rapport recommandait de mettre fin aux violations contre les personnes souffrant de handicaps psychosociaux et les personnes utilisant les services de santé mentale, et incluait des recommandations relatives aux capacités bâtiment et support technique. Parallèlement à cela, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé a également publié un rapport en mai 2017 sur le droit à la santé mentale, qui dénonçait les abus et les pratiques néfastes en psychiatrie et réclamait un « changement de paradigme » sur le terrain. Dans son rapport, le Rapporteur spécial a également noté que nous nous trouvions à un « tournant de l'histoire » dans lequel « l'élan actuel et la possibilité de progresser sont uniques ». Une des principales recommandations du rapport était que les pays sollicitent l'assistance technique de l'initiative QualityRights de l'Organisation Mondiale de la Santé.

Programme QualityRights de l'Organisation mondiale de la santé

Dans ce programme, l'Organisation mondiale de la santé s'efforce d'améliorer la qualité des soins fournis par les services de santé mentale et de promouvoir les droits fondamentaux des personnes souffrant de handicaps psychiques, intellectuels et cognitifs. L'initiative propose une approche de la santé mentale fondée sur le rétablissement. L'absence d'interventions coercitives, le respect du droit à la capacité juridique et la promotion de l'autonomie, du choix, de l'intégration communautaire et du rétablissement sont au cœur de l'initiative

Le projet a été implémenté dans l'État du Gujarat, en Inde, consistant, dès 2014, en une évaluation de la qualité et des droits de l'homme dans les établissements de santé mentale, puis, par l'utilisation de la boîte à outils QualityRights de l'OMS, l'équipe d'évaluation a été formée aux soins axés sur le rétablissement, aux droits des personnes atteintes de maladie mentale, à des techniques de communication et à des alternatives à l'isolement et à la contention.

Au Liban, dans le cadre d'une réforme globale du système de santé mentale définie dans une stratégie quinquennale pour 2015-2020, il existe désormais une équipe d' évaluateurs des services de santé mentale composée notamment de professionnels de la santé mentale, de travailleurs sociaux, d'avocats et d'usagers des services, passés par le programme QualityRights.  À plus long terme, le ministère de la santé prévoit de faire évaluer tous les établissements de santé mentale au Liban d'ici à la fin de 2020.

D'autres pays mettent en place le programme QualityRights, à savoir l'Arménie, la Bosnie-Herzégovine, la Tchéquie, la Croatie, l'Estonie, le Ghana, le Kenya, la Lituanie, les Philippines, la Roumanie, la Slovaquie et la Turquie.

Recommandations quant à la prévention du suicide

Le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à la santé, Dainius Pūras, a recommandé aux États d'adopter des stratégies de prévention du suicide fondées sur les droits de l'homme, selon une déclaration publiée par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme le 10 octobre 2019.

Selon le rapporteur spécial, une approche du suicide fondée sur les droits de l'homme va au-delà des préoccupations de santé mentale et place les problèmes d'inégalité, de sans-abrisme, de pauvreté et de discrimination au cœur des stratégies de prévention. En outre, les gouvernements pourraient examiner et tenter d'atténuer les problèmes sociaux et familiaux, notamment l'isolement, l'exposition à la violence et aux abus, et le manque d'accès aux soins de santé et à l'aide sociale.

Celui-ci a également mis l'accent sur la continuité des soins dans la communauté, tels que les groupes de soutien par les pairs, les lieux de répit par les pairs (voir Psychiatrie communautaire), le soutien des vétérans, le soutien parental, le soutien éducatif, la formation à l'emploi et les programmes d'inclusion scolaire.

Expériences dans les systèmes de santé nationaux

Selon l'Organisation mondiale de la santé, la santé mentale est « un état de bien-être dans lequel chaque individu réalise son propre potentiel, peut gérer le stress normal de la vie, peut travailler d'une façon productive et fructueuse, et se trouve capable de contribuer à sa propre communauté ». Cette définition implique que la santé mentale soit basée sur un vaste dispositif de ressources et de soutiens qui facilitent l'engagement individuel vers le niveau le plus élevé possible d'emploi profitable et d'autres rôles dans la communauté. Ces facteurs incluent, entre autres, la disponibilité d'un logement adéquat, des conditions de travail juste et favorables, la liberté de ne pas subir de discrimination, lesquels sont présents dans la déclaration universelle des droits de l'homme. De ce fait, une approche en santé mentale fondée sur les droits de l'homme apparaît non seulement comme un objectif favorable sur le plan de l'éthique et de la morale, mais aussi sur le plan pratique afin d'améliorer la santé mentale de catégories de population susceptibles d'encourir davantage de rétentions de leurs droits fondamentaux que les autres. La Convention relative aux droits des personnes handicapées en particulier, met en avant la notion d'égalité des personnes en situation de handicap devant la loi et quant à d'autres droits. Plusieurs études ont été conduites par des commissions nationales sur les droits de l'homme ou par des départements nationaux de la santé :

Références

  1. Sebastian Porsdam Mann, Valerie J. Bradley et Barbara J. Sahakian, « Human Rights-Based Approaches to Mental Health », Health and Human Rights, vol. 18, no 1,‎ juin 2016, p. 263–276 (ISSN 1079-0969, PMID 27781015, PMCID 5070696, lire en ligne, consulté le 21 mai 2020)
  2. (en) Martin Zinkler et Sebastian von Peter, « End Coercion in Mental Health Services—Toward a System Based on Support Only », Laws, vol. 8, no 3,‎ septembre 2019, p. 19 (DOI 10.3390/laws8030019, lire en ligne, consulté le 21 mai 2020)
  3. (en) Michelle Funk et Natalie Drew, « WHO QualityRights: transforming mental health services », The Lancet Psychiatry, vol. 4, no 11,‎ 1er novembre 2017, p. 826–827 (ISSN 2215-0366 et 2215-0374, PMID 28711282, DOI 10.1016/S2215-0366(17)30271-7, lire en ligne, consulté le 11 janvier 2021)
  4. « Quality Rights Gujarat - Centre for Mental Health Law and Policy », sur cmhlp.org (consulté le 21 mai 2020)
  5. (en) « Mental health services in Lebanon: an approach focused on recovery », sur www.who.int (consulté le 22 mai 2020)
  6. (en-US) « UN Calls for Human Rights-Based Approach to Suicide Prevention », sur Psychiatry Advisor, 4 novembre 2019 (consulté le 21 mai 2020)

Liens internes