Cette fois, nous explorerons le monde fascinant de Arianespace. De ses origines à son impact sur la société actuelle, Arianespace a fait l'objet d'études, de débats et d'admiration. Que ce soit par ses contributions dans un domaine spécifique, son influence sur la culture populaire ou sa pertinence dans l'histoire, Arianespace a laissé une marque indélébile sur le monde. Tout au long de cet article, nous plongerons dans une analyse approfondie et détaillée de Arianespace, explorant ses nombreuses facettes et offrant une nouvelle perspective sur son importance aujourd'hui. Préparez-vous à découvrir tout ce qu'il y a à savoir sur Arianespace !
Arianespace | |
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Création | [1] |
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Dates clés | 1984 Premier vol d’Ariane sous responsabilité d’Arianespace 1999 Première mission opérationnelle d’Ariane 5 2011 Premier vol de Soyouz depuis la Guyane 2014 Arianespace devient une filiale d'Airbus Safran Launchers |
Fondateurs | Frédéric d'Allest |
Personnages clés | Charles Bigot, Jean-Marie Luton, Jean-Yves Le Gall |
Forme juridique | Société par actions simplifiée[2] |
Slogan | Service & solutions The Tempo of Success Trois lanceurs sur l’équateur |
Siège social | Évry![]() |
Direction | Stéphane Israël |
Actionnaires | ArianeGroup 73 % |
Activité | Astronautique, transport spatial |
Produits | Lancements de satellites sur Ariane, Soyouz et Vega |
Société mère | ArianeGroup |
Filiales | Arianespace, Inc. (Washington) Arianespace, Bureau de Tokyo Arianespace, Bureau de Singapour Starsem |
Effectif | 308 en 2017 |
SIREN | 318516457 |
TVA européenne | FR55318516457 |
Site web | www.arianespace.com |
Chiffre d'affaires | 1 361 317 300 € en 2018 |
Résultat net | 3 782 700 € en 2018[3] |
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Fondée en 1980, Arianespace SAS est une société française chargée de la commercialisation et de l’exploitation des systèmes de lancement spatiaux développés par ArianeGroup, à savoir les familles de lanceurs Ariane et Vega. La société se définit selon ses propres termes comme « opérateur de systèmes de lancement ». Depuis 2007, à la suite d'un accord conclu entre l'Agence spatiale européenne (ESA) et l'agence spatiale russe Roscosmos, Arianespace assure également le lancement de lanceurs Soyouz. En effet, la base de lancement d'Ariane, située à Kourou en Guyane française (Centre spatial guyanais), permet à Arianespace de disposer d'un avantage important face à ses concurrents grâce à sa proximité de l'équateur dans une zone dépourvue de tout risque de cyclones tropicaux.
Depuis le milieu des années 1980, la firme s'impose comme numéro un du transport spatial commercial dans le monde avec une part de marché des lancements de satellites à destination de l'orbite géostationnaire avoisinant ou excédant les 50 % depuis plus de 20 ans. De sa création jusqu’au 2 août 2012, Arianespace signe plus de 350 contrats de lancements et lance 305 satellites (sans compter les charges auxiliaires tels que les microsatellites et nanosatellites)[4]. Son siège est situé à Évry, en banlieue parisienne. Elle est dirigée par Stéphane Israël depuis le 22 avril 2013.
Le marque le 100e vol d'Ariane 5 et le 300e lancement réalisé par Arianespace, toutes familles de lanceurs confondues[5].
Après l’échec du programme Europa, dix pays européens décident en 1973 sous l’impulsion de la France de lancer le programme Ariane pour doter l’Europe d’une capacité propre de mise en orbite des satellites géostationnaires[6]. Le programme est géré dans un premier temps par le Conseil européen de recherches spatiales puis par l’Agence spatiale européenne (ESA) dès la création effective de celle-ci en 1975. La réalisation en est déléguée au Centre national d’études spatiales (CNES), l’agence spatiale française. Le marché européen est alors estimé à environ deux lancements par an dans les années 1980. Un tel rythme ne permettrait pas de maintenir une cadence suffisante pour assurer une production industrielle et une exploitation fiable du système, ce qui rend nécessaire l’ajout de lancements commerciaux. Toutefois, les règles de fonctionnement de l’ESA, avec la nécessité de prendre les décisions à l’unanimité, ne se prêtent pas à la production industrielle et à la commercialisation du lanceur[7].
Le , Frédéric d'Allest, alors directeur des lanceurs du CNES, suggère la création d’une société de commercialisation, initialement dénommée Transpace[8], dont le capital serait réparti entre le CNES et les industriels du programme. L’idée est approuvée par la direction du CNES le , puis par le gouvernement français durant l’été[7].
Entre-temps, Frédéric d'Allest a commencé à démarcher les opérateurs de satellites pour engranger des lancements commerciaux afin d’étoffer le manifeste de lancement d’Ariane. Un premier succès est enregistré le quand Intelsat, alors premier opérateur de satellite mondial, décide de choisir Ariane pour lancer quelques-uns de ses satellites de la génération Intelsat 5. Il s’ensuit une première commande signée le pour un lancement ferme assorti de deux options[7].
Le 12 juin 1979, lors du salon du Bourget, le CNES signe avec les industriels un protocole d’accord préalable à la création de Transpace. Ce nom est abandonné en septembre car il est déjà celui d’une société américaine et Arianespace est officiellement créée le 26 mars 1980 avec un capital de 120 millions de FRF. Frédéric d'Allest en est le premier PDG.
Le lanceur Ariane 1 vole pour la première fois le dans le cadre d’une série de quatre missions de qualification conduites par le CNES. Suivent ensuite quatre vols de promotion sous l’égide de l’ESA. Les deux derniers emportent des satellites Intelsat 5[9].
Le premier vol estampillé Arianespace a lieu le et permet de mettre sur orbite le satellite commercial privé américain Spacenet 1.
Afin de pouvoir offrir des services à des prix lancements compétitifs, sous l’impulsion de la France, de l’Allemagne et de l’Italie, l’ESA a décidé dès juillet 1980 de développer des versions plus puissantes d’Ariane, avec la capacité d’emporter deux satellites en un seul vol pour concurrencer la navette américaine. C’est l’objectif de la version Ariane 3, dotée d’un étage supérieur plus puissant et d’accélérateurs à propergol solide à la base. Une version intermédiaire Ariane 2, sans les accélérateurs, est également disponible pour mettre sur orbite les satellites les plus lourds en lancement simple.
Ariane 3 entre en service dès la 2e mission d’Arianespace, le , pour lancer les satellites de télécommunications européen ECS-2 et le français Télécom 1A. En 5 ans, cette version va permettre de placer sur orbite 19 satellites en 10 vols. Dans le même temps, la version Ariane 2 en lance 5 et les dernières Ariane 1 en lancent 3.
L’accident de Challenger, le 28 janvier 1986, entraine l’immobilisation des navettes américaines pendant 32 mois et l’abandon de leur utilisation commerciale, qui en faisait le principal concurrent d’Ariane. Le redémarrage des chaines de production de lanceurs américains classiques remplacés par la navette (Atlas, Delta, Titan) prend du temps et Arianespace se retrouve à la fin des années 1980 en situation de quasi-monopole pour les lancements commerciaux[10]. Cela lui permet d’étoffer considérablement son carnet de commandes. De 12 satellites à lancer en 1981 il monte à 30 en mars 1986 et à 44 en mai 1988. Cette période correspond en outre à l’introduction d’une version optimisée du lanceur avec un premier étage allongé, Ariane 4, dont le développement a été décidé en 1982 afin de conserver la capacité de lancement double en dépit de l’augmentation régulière de la masse des satellites de télécommunications. De plus, Ariane 4 est déclinable en six versions avec un panachage d’accélérateurs à propergol solide et à ergols liquides, afin d’adapter sa performance aux besoins spécifiques de chaque mission.
La première Ariane 4 est lancée le 15 juin 1988 et remplace toutes les autres versions à partir de la mi-1989. Pour faire face à la demande, la cadence de lancement qui était de 3 ou 4 vols par an double à partir de 1988 à 7 ou 8 vols avant d’atteindre 11 à 12 à partir de 1995. Le 15 février 1989, Arianespace passe commande d’un lot de 50 lanceurs Ariane 4 à l’industrie pour 18 milliards de FRF. Cette commande exceptionnelle pour l’époque sera ultérieurement portée par tranches à un total de 95 lanceurs[11].
En 1990, Frédéric d'Allest cède sa place à la tête d’Arianespace à Charles Bigot.
À partir du milieu des années 1990, la poursuite de l’accroissement de la masse des satellites géostationnaires ne permet plus de réaliser systématiquement des lancements doubles sur Ariane 4, en dépit d’une optimisation régulière de ses performances, et impose l’introduction d’un nouveau lanceur plus puissant, Ariane 5, dont le développement a été engagé par l’ESA depuis 1988. L’échec du vol inaugural, le , entraîne un report de sa qualification à octobre 1998 et son premier vol commercial n’a lieu que le . L’exploitation d’Ariane 4 est donc prolongée jusqu’en 2003.
En parallèle, Arianespace doit faire face à une concurrence de plus en plus agressive avec l’arrivée sur le marché d’alliances américano-russes telles qu’International Launch Services (ILS) en 1995 et Sea Launch en 1999, qui offrent des capacités de lancement jusqu’à 6 tonnes en orbite de transfert géostationnaire.
L’apparition d’un marché en orbite basse, avec les constellations telles qu’Iridium et Globalstar, pour le lancement desquelles Ariane 4 n’est pas adaptée[12], amène Arianespace à investir aux côtés d’Aérospatiale dans la fondation de Starsem en 1996[13], pour la commercialisation hors ex-URSS du lanceur russe Soyouz à partir de 1999[14].
Jean-Marie Luton succède à Charles Bigot en 1997.
Face à l’arrivée sur le marché de satellites de télécommunications de plus de 5 tonnes, une version améliorée d’Ariane 5, visant une capacité de 10 tonnes, est mise en chantier en 1999. Après l’échec du premier vol de cette Ariane 5ECA, le 11 décembre 2002, une refonte de la production d’Ariane est décidée par l’ESA. Arianespace cède alors la maîtrise d’œuvre de la production des lanceurs Ariane 5 à Astrium Space Transportation, qui fait partie du groupe EADS, et limite ses activités à la commercialisation et aux opérations de lancement[15].
Ariane 5ECA retourne en vol avec succès le et devient le lanceur de référence d’Arianespace. L’ancienne version Ariane 5G effectue son dernier vol le .
Jean-Yves Le Gall est nommé directeur général d’Arianespace en 2001, puis directeur général exécutif en 2002, Jean-Marie Luton devenant alors président du conseil d’administration. Jean-Yves Le Gall devient PDG en 2007[16].
Depuis le 24 décembre 2010, Arianespace est opérateur de services de lancements au titre de la Loi no 2008-518 du 3 juin 2008 relative aux opérations spatiales et doit respecter de nouvelles obligations légales[17].
Depuis la mi-2011, Arianespace exploite également le lanceur russe Soyouz depuis le Centre spatial guyanais, avec un premier vol le 21 octobre 2011. Le petit lanceur Vega de l’ESA va rejoindre la flotte d’Arianespace après le succès de son vol de qualification le .
En 2014, Arianespace signe un contrat avec l'ESA qui prévoit la mise en orbite, d'ici 2015, de 12 nouveaux satellites pour le projet Galileo[18].
En décembre 2013, la fusée américaine Falcon 9 met en orbite un satellite de communication. En réaction, les groupes Airbus et Safran proposent un projet de fusée Ariane 6 plus compétitive, et mettent en commun leur activité dans une co entreprise : Airbus Safran Launchers qui rachète les parts du CNES dans Arianespace. Le premier lancement d’Ariane 6 est prévu pour 2020[19].
En , Arianespace est choisi par l'opérateur satellitaire luxembourgeois SES pour le lancement du satellite tout-électrique SES-17 et pour le cinquième lancement de satellites destinés à la constellation en orbite moyenne O3b[20].
Le , l’opérateur japonais B-Sat signe un contrat pour la mise en orbite d’un satellite de télécommunications depuis Kourou (Guyane), qui conforte la position de la firme dans l’archipel nippon [21].
Début 2020, Arianespace annonce vouloir accélérer ses lancements de satellites en projetant d'en envoyer plus de 300 au cours de la seule année 2020[22],[23].
L'activité d'Arianespace est touchée de plein fouet en 2022 par les conséquences de l'invasion de l'Ukraine par la Russie qui débute en fin février 2022 :
La création d’Arianespace a permis de garantir une cadence de lancement suffisante pour assurer la pérennité d’un système de transport spatial européen indépendant et ne plus dépendre des lanceurs américains pour réaliser les missions européennes. Avant Ariane, l’emploi de lanceurs américains Delta pour mettre sur orbite les satellites franco-allemands Symphonie en 1975 et 1976 avait été assorti de conditions qui en pratique rendaient impossible l’utilisation opérationnelle des satellites afin de ne pas menacer le monopole de l’organisation Intelsat, alors majoritairement financée par la Comsat américaine. De 1984 à août 2012, Arianespace a ainsi lancé 96 satellites (dont 25 en charges auxiliaires) pour l’ESA et les gouvernements européens, aussi bien pour des missions scientifiques et d’observation de la Terre, que pour les télécommunications militaires, des démonstrations technologiques ou la desserte de la Station spatiale internationale.
En offrant une capacité d’accès indépendante à l’espace, ainsi que des options de financement innovantes pour l’époque, Arianespace a permis à de nombreux nouveaux opérateurs, étatiques ou privés, de commencer à créer leur réseau de satellites de télécommunications. De 1984 à 2012, on compte 17 pays ou groupes de pays qui ont pu lancer leur premier satellite de télécommunications grâce à Arianespace :
Pour pouvoir entrer en compétition avec Arianespace sur ces marchés, les systèmes de lancement concurrents ont dû s’aligner et adopter une structure similaire, entrainant une véritable libéralisation de l’accès à l’espace.
La politique commerciale d’Arianespace a permis l’arrivée sur le marché des télécommunications spatiales d’opérateurs privés dont l’objectif était de percer sur des marchés de monopoles, comme PanAmSat face à l’organisation internationale Intelsat ou la Société Européenne des Satellites (SES) face aux programmes étatiques franco-allemands TDF et TV-SAT. Cette libéralisation a été soutenue par la directive européenne « Télévision sans frontières » du 3 octobre 1989 et le succès de ces nouveaux opérateurs a favorisé l’introduction de nouvelles technologies comme la compression numérique face à la TVHD analogique imposée par les gouvernements européens et a imposé un assouplissement des réglementations qui limitaient leurs activités. Cette tendance a abouti au début des années 2000 au désengagement des entités étatiques au profit des investisseurs privés (privatisations des organisations internationales Intelsat et Eutelsat en 2001, retraits de France Télécom et de Deutsche Telekom en 2002).
Les commandes passées par Arianespace pour assurer ses missions ont permis un important développement de l’outil industriel en Europe, avec des installations destinées à la production d’Ariane. La seule production de la première génération d’Ariane (Ariane 1 à Ariane 4) a rapporté plus de quatre fois l’investissement initial des États[30]. De plus, en ouvrant de nouveaux marchés à l’industrie européenne des satellites, Arianespace a contribué à hisser celle-ci au plus haut niveau, les européens Astrium et Thales Alenia Space faisant aujourd’hui partie des six principaux constructeurs de satellites au monde, aux côtés des américains Boeing, Lockheed Martin, Orbital Sciences et Space Systems/Loral. De même, les opérateurs SES et Eutelsat, qui ont pu faire leurs débuts grâce à Arianespace, figurent aujourd’hui parmi les trois plus grands opérateurs de satellites de télécommunications au monde au côté d'Intelsat. Enfin, l’accès indépendant à l’espace a permis à l’industrie spatiale européenne d’ouvrir de nouvelles filières et de s’y positionner en leader mondiaux comme l'observation de la Terre avec les systèmes Spot, ERS et Pléiades.
À sa création, en 1980, Arianespace disposait d’un capital social de 120 millions de FRF réparti entre le CNES (34 %), 36 industriels européens impliqués dans la production des lanceurs Ariane et 11 banques européennes. Au cours des années suivantes, cet actionnariat va évoluer à travers plusieurs augmentations de capital afin de refléter l’importance du rôle des différents acteurs industriels dans les nouvelles versions d’Ariane[31]. Les consolidations successives de l’industrie européenne (notamment la création d’EADS en 2000) et le retrait du capital des organismes bancaires vont réduire le nombre des actionnaires à 21, la part du CNES demeurant relativement constante jusqu’en 2015. Puis, lors de sa création, Airbus Safran Launchers rachète les parts du CNES pour un montant estimé entre 100 et 200 millions d'euros[19].
Société | Nationalité | Part de capital |
---|---|---|
ArianeGroup | ![]() ![]() |
73,69 % |
MT Aerospace AG | ![]() |
8,26 % |
Thales Alenia Space ETCA | ![]() |
0,33 % |
Société anonyme belge de constructions aéronautiques | ![]() |
2,71 % |
Safran Aero Boosters | ![]() |
0,32 % |
Airbus Defence and Space | ![]() ![]() |
4,08 % |
Eiffage Energie Systèmes - Clemessy SA | ![]() |
0,11 % |
Air liquide SA | ![]() |
1,89 % |
Avio SpA | ![]() |
3,38 % |
Ruag Space AB | ![]() |
0,82 % |
GKN Aerospace Sweden | ![]() |
1,63 % |
Ruag Schweiz AG | ![]() |
2,67 % |
Arianespace est détentrice à hauteur de 15 % des parts de la société Starsem, opératrice des lanceurs Soyouz[32].
L’activité première d’Arianespace comporte deux volets : d’une part la vente de services de lancements spatiaux, d’autre part les opérations de lancement. Contrairement à la plupart des autres fournisseurs services de lancements spatiaux, Arianespace ne sous-traite pas ses activités opérationnelles à un industriel. Ce suivi de bout en bout des activités au contact de la clientèle fait partie de l'argumentaire commercial mis en avant par la société pour expliquer son succès auprès du marché.
Arianespace dispose de représentations commerciales au plus près de ces principaux marchés, avec sa filiale Arianespace Inc., basée à Washington, ainsi que ses bureaux à Tokyo, ouvert en 1987, et à Singapour, en 1996.
Nombre de contrats de lancements signés par Arianespace et Starsem
Année | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012[33] |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Ariane | 8 | 8 | 7 | 12 | 13 | 13 | 11 | 12 | 10 | 6 |
Soyouz | 1 | 6 | 2 | 4 | 5 | 7 | 1 | |||
Vega | 2 | 1 |
Pour ses activités d’opérations de lancement, Arianespace est implantée au Centre spatial guyanais, près de Kourou (Guyane française), où ses équipes travaillent en coordination avec celles du CNES – responsable du site – et de l’industrie.
Nombre de charges lancées par Arianespace et Starsem[34]
Année | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Ariane | 8 | 3 | 8 | 10 | 12 | 11 | 12 | 12 | 9 | 7 |
Soyouz | 2 | 3 | 2 | 3 | 1 | 1 | 4 | |||
Vega |
Jusqu’en 2003, Arianespace était également chargé de la production des lanceurs Ariane et passait directement ses contrats aux industriels chargés de la production de chaque étage, des moteurs, de la case à équipements, de la coiffe et des adaptateurs de charge utile. Ces activités ont été transférées à Astrium Space Transportation à partir de mai 2003 et Arianespace ne conserve aujourd’hui que les seules activités industrielles liées aux interfaces avec les satellites (coiffes et adaptateurs).
Initialement créée pour commercialiser la filière Ariane, Arianespace exploite aujourd’hui depuis le Centre spatial guyanais (CSG), « Port spatial de l’Europe » sous le contrôle du CNES et dont les infrastructures ont été financées par l'ESA, trois familles de lanceurs distinctes afin de couvrir tous les types de missions vers tous les types d’orbites (de moins de 1 t à plus de 20 t sur orbite basse et jusqu’à 10 t sur orbite de transfert géostationnaire).
Le lanceur de référence est Ariane 5ECA, une variante de l’Ariane 5E (Evolution) réalisée par Airbus Safran Launchers et dotée d’un étage supérieur cryotechnique (ESC-A) non rallumable. Elle est capable de placer jusqu’à 10 t de charge utile sur orbite de transfert géostationnaire, ce qui permet d’effectuer des lancements doubles en associant des satellites de 4 à 6 tonnes, voire des satellites de plus de 6 tonnes avec des satellites d’environ 3 tonnes.
Depuis 2008, une variante Ariane 5ES, dotée d’un étage supérieur à ergols stockables (EPS) et disposant d’une capacité de rallumage, est utilisée pour le lancement des cargos ATV (Automated Transfer Vehicle) d'environ 20 tonnes pour ravitailler la Station spatiale internationale. C’est aussi cette version qui doit servir à lancer des grappes de satellites de navigation Galileo à partir de 2014.
Dernier vol le 25 juillet 2018, la version 5ES n'est plus commercialisée[35].
Par l’intermédiaire de sa filiale Starsem à Baïkonour, puis directement sur le nouveau site de lancement dédié construit en Guyane, Arianespace exploite également des lanceurs Soyouz 2.1a et Soyouz 2.1b, derniers-nés de la famille de lanceurs Semiorka utilisée depuis 1957. Les variantes correspondantes exploitées en Guyane et dotées d’équipements de sauvegarde spéciaux pour répondre aux contraintes règlementaires européennes sont désignées Soyouz STA et Soyouz STB. Grâce à leur étage supérieur manœuvrant Fregat, les lanceurs Soyouz sont utilisés pour une grande variété de missions : déploiement de constellations, missions héliosynchrones, élancements interplanétaires. Ils peuvent également venir en complément d’Ariane 5 pour le lancement vers l’orbite de transfert géostationnaire de satellites de moins de 3,5 tonnes qui ne pourraient pas trouver de créneau de lancement double sur Ariane 5.
Le petit lanceur Vega, développé par Avio pour une commande de l'ESA, a été qualifié en vol le 13 février 2012 et commence à voler sous les couleurs d’Arianespace début 2013. Conçu pour placer 1 500 kg sur orbite polaire à 700 km, il permet de lancer de petites charges scientifiques ou d’observation, simples ou multiples, sur des orbites basses et héliosynchrones[36]
Au milieu des années 1990, Arianespace a été confrontée au double défi de son encerclement par la concurrence américano-russe[37] et de l’inadéquation de son offre pour le nouveau marché des constellations en orbite basse[12]. En l’absence de budget pour développer un lanceur complémentaire à Ariane 5 susceptible de répondre à cette nouvelle demande[38], Aérospatiale, le principal actionnaire industriel d’Arianespace, s’est associé au Centre spatial de Samara (TsSKB-Progress) en Russie, pour proposer la commercialisation des lanceurs Soyouz depuis le site de Baïkonour au Kazakhstan. La société Starsem, détenue à 35 % par Aérospatiale (société), à 15 % par Arianespace, à 25 % par Roscosmos et à 25 % par le Centre spatial de Samara, a été fondée le 8 août 1996[13]. De février 1999 à février 2013, Starsem a effectué 26 lancements, dont 14 pour des constellations (60 satellites lancés), avec un taux de réussite de 100 %.
La raison d’être initiale du système Ariane est l’accès autonome à l’espace pour les charges utiles européennes et principalement les satellites gouvernementaux. Aujourd’hui, avec ses lanceurs Ariane, Soyouz et Vega, Arianespace est le fournisseur de référence pour le lancement des satellites scientifiques et applicatifs européens – à l’exception de certaines missions réalisées en coopération avec d’autres puissances spatiales. Ces missions englobent : les télécommunications gouvernementales, les systèmes de navigation par satellite, la météorologie, la veille environnementale, l’observation de la Terre, les missions scientifiques (astronomie, astrophysique et sondes interplanétaires), les démonstrations technologiques et la desserte de la Station spatiale internationale.
Le principal marché d’Arianespace reste toutefois les télécommunications depuis l’orbite géostationnaire, les premières générations d’Ariane (Ariane 1 à Ariane 4) ayant été spécifiquement optimisées pour ce type de missions. De 1984 à août 2012, Arianespace a lancé 266 satellites de télécommunications et de télédiffusion directe vers des orbites de transfert géostationnaire dont 255 avec succès. Au cours des dernières années (2008-2011), ce marché représentait en moyenne dix satellites par an, soit cinq lancements d’Ariane 5. En 2012, plus de 50 % des satellites de télécommunications commerciaux géostationnaires en service ont été lancés par Arianespace.
Grâce à la commercialisation du lanceur Soyouz, que ce soit directement ou via sa filiale Starsem, Arianespace est également le principal fournisseur actuel de lancement pour les constellations de télécommunications, avec notamment les satellites Globalstar (50 lancés, 6 à lancer) et O3b (12 à lancer), ou la navigation (quatre satellites Galileo lancés et dix-huit à lancer sur Soyouz et Ariane 5).
Dans le domaine de l’observation de la Terre, après le retrait d’Ariane 4 en 2003, qui avait servi à lancer les derniers satellites Spot, l’introduction du Soyouz puis du Vega a permis de reconstituer une capacité de lancement pour les nouvelles générations de satellites d’observation, plus légers, comme Radarsat 2 pour le Canada en 2007 ou Pléiades 1A pour la France en 2011, mais il s’agit d’un marché de niche qui ne représente au maximum qu’un lancement par an.
Selon le Center for Responsive Politics, les dépenses de lobbying d'Arianespace aux États-Unis s'élèvent en 2017 à 250 000 dollars[39].
Arianespace est inscrit depuis 2015 au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne. Elle déclare en 2016 pour cette activité des dépenses annuelles d'un montant de 150 000 euros[40].
Pour l'année 2017, Arianespace déclare à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique exercer des activités de lobbying en France pour un montant qui n'excède pas 200 000 euros[41].
Ancien numéro 1 du transport spatial commercial mondial, Arianespace est confronté à de nombreux concurrents sur ses différents marchés :