Esther Shalev-Gerz

Esther Shalev-Gerzune illustration sous licence libre serait bienvenue
Naissance 1948
Vilnius
Nationalités lituanienne
israélienne
Activités Plasticienne, professeure d’université, artiste conceptuelle
Site web www.shalev-gerz.net

Esther Shalev-Gerz, née Gilinsky en 1948 à Vilnius en Lituanie, est une artiste plasticiennequi vit et travaille à Paris.

Biographie

En 1957, sa famille émigre en Israël et s'installe à Jérusalem.

De 1975 à 1979, elle étudie les beaux-arts à l'Académie Bezalel (en) d'art et de design de Jérusalem et obtient un BFA. Puis elle séjourne à New York pendant un an en 1980/1981.

À partir de 1981, elle participe à des expositions collectives entre autres au musée d'Israël et au musée d'art de Tel Aviv.

L'année 1983 voit la réalisation de ses premières œuvres dans l'espace public avec l'installation permanente Oil on Stone à Tel Haï en Israël, à l'occasion du Tel Haï Contemporary Art Meeting.

En 1984, l’artiste s’installe à Paris et commence à travailler à travers l’Europe et au Canada.

En 1990, elle bénéficie d’une résidence artistique du DAAD et part vivre pour un an à Berlin.

Puis, en 2002, elle séjourne à la résidence IASPIS à Stockholm.

De 2003 à fin 2014, elle a enseigné en Master of Fine Arts à la Valand Academy de l’Université de Göteborg en Suède.

Parmi ses expositions majeures les plus récentes on peut citer Ton image me regarde ?!, en 2010, au Musée du Jeu de Paume à Paris où figuraient une dizaine de ses installations; sa rétrospective Entre l'écoute et la parole en 2012 au Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne présentait cette fois une quinzaine de ses installations. Par ailleurs son œuvre a fait l'objet d'une exposition individuelle itinérante au Canada entre 2012 et 2014 tout d'abord à la Kamloops Art Gallery, puis à la Belkin Art Gallery, UBC, Vancouver et enfin à la Galerie de l'UQAM à Montréal.

En 2010 elle reçoit une bourse du Swedish Research Council pour son projet de recherche artistique intitulé Trust and the Unfolding Dialogue.

En 2013 parait Esther Shalev-Gerz, The Contemporary Art of Trusting Uncertainties and Unfolding Dialogues, édité sous la direction de Jason E. Bowman. Cette anthologie illustrée rassemble des nouveaux textes autour de l'œuvre de Shalev-Gerz et de la notion de confiance ainsi que des textes déjà publiés. Parmi les auteurs se trouvent Jacques Rancière, Georges Didi-Huberman, Jacqueline Rose, James E. Young, Lisa Le Feuvre.

En 2014 l'équipe qu'elle dirige fait partie des six finalistes du concours pour le Monument National de l'Holocauste à Ottawa, Canada, aux côtés des équipes de Yael Bartana, Daniel Libeskind, Krzysztof Wodiczko, David Adjaye, Ron Arad ou encore Gilles Saucier.

La même année Jacqueline Rose consacre à Shalev-Gerz et à son œuvre un chapitre de son dernier livre Women in Dark Times.

En 2015 le FMAC, Fonds d'art contemporain de la ville de Genève fait l'acquisition de l'œuvre Les Inséparables, 2000-2016.

En 2016, une rétrospective Space Between time est présentée au Wasserman Projects à Détroit.

De 2017 à 2018, The Factory is Outside, sa première rétrospective finlandaise est présentée au Selachius Museum Gustaf à Mänttä, en Finlande.

En 2018, quatre de ses projets participatifs : The Gold Room, 2016, The Place of Art, 2004, First Generation, 2004, quatre chapitres de Le Portrait des Histoires, 1998-2008, sont présentés lors d’une rétrospective à la Koffler Gallery à Toronto au Canada

En 2018, l’installation permanente d’Esther Shalev-Gerz The Shadow présente la silhouette spectrale d’un sapin de Douglas de l’époque des forêts primaires. L’œuvre issue d’une commande publique se déploie sur toute l’étendue de la University Commons Plaza, elle-même située sur le territoire non-cédé, traditionnel et ancestral du peuple Musqueam. L’œuvre mesure 100x25m et comprend 24 000 pavés de ciment en trois teintes.

Depuis 2019, Shalev-Gerz fait partie du groupe travaillant à la création du futur musée-mémorial des sociétés face au terrorisme où elle est la seule artiste au sein du groupe d’historiens et d’autres collègues. A ce jour, ils ont produit un rapport présenté le 10 mars 2020 au Président de la République française, Emmanuel Macron. Lisez le texte ici

Démarche

L’artiste s’interroge sur la construction incessante des rapports entre le vécu et son récit et analyse la notion du portrait, qu’elle appréhende comme le reflet possible d’une personne, d’un lieu ou d’un événement. Son travail propose au spectateur une ouverture sur les ambiguïtés et les multiplicités actives dans la mémoire collective. Ses installations, photographies, vidéos et interventions dans l’espace public s’élaborent au travers du dialogue continu et de la négociation avec les différents acteurs des projets, dont la participation met l’accent sur leurs mémoires personnelles, leurs récits, leurs paroles, leurs silences et leurs expériences. Son œuvre est une investigation permanente de temporalités différentes, d’espaces transitionnels et de la transformation des identités, des lieux et des histoires, qui prend acte, critique et participe à notre compréhension des fonctions sociales et de l’importance de la pratique artistique.

Dans un texte intitulé Le Mouvement perpétuel de la mémoire Shalev-Gerz décrit ainsi sa démarche : « Dans mes travaux dans un espace public, un lieu est réalisé pour une mémoire activée par la participation, c’est-à-dire le moment où le spectateur supposé devient un participant en écrivant son nom, en utilisant sa voix ou en envoyant sa photo. Grâce aux traces laissées par ces actes, ces participants conservent le souvenir de leur propre participation dans le processus de réalisation de l’œuvre, laquelle porte également témoignage de leur responsabilité pour l’époque ».

Dans un entretien avec Marta Gili, directrice du Jeu de Paume, Shalev-Gerz ajoute : « Je cherche à entrer dans l’espace qui s’ouvre entre l’écoute et la parole pour sortir de la logique du discours, c’est-à-dire pour accéder à un espace autre et le produire avec des techniques artistiques. C’est une sorte de « montrage » d’une intelligibilité du sensible ou d’une mémoire autre que celle construite par des mots ou des concepts traversant les corps, captée par le regard. »

Ou encore : « En tant qu’artiste, il m’est très important d’avoir confiance dans les participants, que je perçois d’emblée comme des égaux, et dont la participation est un élément du projet. Je pense que c’est ce qui permet la production de l’œuvre : la confiance dans l’intelligence de l’autre. »

Dans son texte intitulé L’image de l’autre, dans le catalogue de l’exposition Est-ce que ton image me regarde ?, à propos de l’impulsion et de la préparation de cette œuvre, Ulrich Krempel a écrit ces lignes qui offrent un éclairage du travail de l’artiste : « Une chose est certaine : parler et écouter, transmettre le témoignage des survivants, les images, les regards émouvants et les visions furtives de ces regards, voilà ce qui peut seulement nous amener à ce que la mémoire devienne une force créatrice ».

Jacques Rancière dans son texte Le travail de l'image écrit pour le catalogue de MenschenDinge puis repris dans le catalogue de l'exposition au Jeu de Paume a décrit ainsi le travail de l'artiste: Esther Shalev-Gerz fait parler non des témoins du passé ou de l'ailleurs, mais des chercheurs au travail ici et maintenant. Ceux donc qui viennent d'ailleurs, elle les fait parler du présent comme du passé, d'ici comme de là-bas. Elle les fait parler de la manière dont ils ont pensé et aménagé le rapport entre un lieu et un autre, un temps et un autre. Mais aussi les dispositifs qu'elle construit sont eux-mêmes des dispositifs qui distendent leur parole, qui la soumettent à la représentation des conditions de leur énonciation et de leur écoute.

Dans le catalogue de l’exposition « Esther Shalev-Gerz : Entre l’écoute et la parole », Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, 2012, Georges Didi-Huberman, « Blancs soucis de notre histoire », écrit à son tour : « Esther Shalev-Gerz n’a jamais cessé, dans ses dispositifs artistiques, de susciter des dialogues, de mettre en forme des situations interlocutoires : elle pose des questions aux uns et aux autres, elle confronte les visages et les points de vue, elle s’inquiète des histoires – voire des simples occasions de sourire – de chacun, elle interroge des objets (comme ceux retrouvés dans la terre du camp de Buchenwald), des pratiques (comme la photographie), au prisme de chaque histoire singulière comme de l’histoire collective... Ce faisant, elle questionne sans relâche la transmission jusque dans ses effets de déroute ou de perdition. »

Principales œuvres et expositions

Monument contre le Fascisme, 1986, Esther Shalev-Gerz & Jochen Gerz

La colonne fut enfouie en sept fois de 1986 à 1993. Il ne reste visible d’elle qu’une plaque de plomb au sol ainsi que le panneau avec le texte et des photos des étapes de son enfouissement.

Livres, catalogues et monographies

Installations permanentes dans l'espace public

Nous invitons les citoyens de Harbourg et les visiteurs de cette ville à joindre ici leur nom au nôtre. Cela pour nous engager à être vigilants et à le demeurer. Plus les signatures seront nombreuses sur cette barre de plomb, plus elle s’enfoncera dans le sol. Et un jour, elle disparaitra complètement et la place de ce monument contre le fascisme sera vide. Car à la longue, nul ne s’élèvera à notre place contre l’injustice.

La colonne fut enfouie en sept fois de 1986 à 1993. Il ne reste visible d’elle qu’une plaque de plomb au sol ainsi que le panneau avec le texte et des photos des étapes de son enfouissement.

Œuvres dans des collections publiques

Notes et références

  1. Notice d'autorité personne sur le site du catalogue général de la BnF
  2. L’art d’Esther Shalev-Gerz explore l’intervalle entre la parole et l’écoute sur Le Temps, 25 septembre 2012
  3. Esther Shalev-Gerz, catalogue de l'exposition Ton image me regarde?!, Jeu de Paume et Fage Éditions, (ISBN 978-2-84975-187-9)
  4. « Expositions à venir : Esther Shalev-Gerz. Entre l’écoute et la parole » (version du 18 juin 2012 sur Internet Archive)
  5. « kag.bc.ca/2012.htm »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  6. (en) « Morris and Helen Belkin Art Gallery, Esther Shalev-Gerz », sur belkin.ubc.ca.
  7. « Galerie de l'UQAM, expositions antérieures, 2014 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur galerie.uqam.ca.
  8. (en) « Esther Shalev-Gerz: The Contemporary Art of Trusting Uncertainties and Unfolding Dialogues », sur ideabooks.nl.
  9. (en) « Six finalists teams for National Holocaust Monument announced », sur canadianarchitect.com.
  10. (en) « Bloomsbury - Women in Dark Times »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur bloomsbury.com.
  11. (en) « Space Between Time », sur Wasserman Projects (consulté le 16 avril 2021).
  12. (en) « Esther Shalev-Gerz: Factory is Outside », sur e-flux.com (consulté le 16 avril 2021).
  13. (en-CA) « Collections », sur Morris and Helen Belkin Art Gallery (consulté le 16 avril 2021).
  14. Les Portraits des Histoires – Aubervilliers, Éditions ENSBA, France, 2000
  15. Catalogue de l’exposition Ton Image Me Regarde ?!, Jeu de Paume et Fages éditions, p. 40
  16. Catalogue de l’exposition Ton Image Me Regarde ?!, Jeu de Paume et Fages éditions, p. 41
  17. Geht dein Bild mich an?/Est-ce que ton image me regarde?, Sprengel-Museum, Hanovre, Allemagne, 2002,p. 63
  18. Catalogue de l’exposition Ton Image Me Regarde ?!, Jeu de Paume et Fages éditions, p. 12
  19. Georges Didi-Huberman, « Blancs-soucis de notre Histoire », Entre l'écoute et la parole,‎ 2013 (lire en ligne)
  20. (en-CA) « Esther Shalev-Gerz: The Open Page », sur Morris and Helen Belkin Art Gallery (consulté le 16 avril 2021).
  21. « Esther Shalev-GerzEntre l'écoute et la parole », sur Musée cantonal des Beaux-Arts (consulté le 16 avril 2021).
  22. (en-US) Jillian Steinhauer, « Using Art to Describe Labor », sur Hyperallergic, 7 décembre 2012 (consulté le 16 avril 2021).
  23. (en-CA) « Esther Shalev-Gerz », sur Morris and Helen Belkin Art Gallery (consulté le 16 avril 2021).
  24. (en-US) « Esther Shalev-Gerz. La mémoire en mouvement », sur Galerie de l'UQAM (consulté le 16 avril 2021).
  25. (en-GB) « Esther Shalev-Gerz | The Swedish History Museum », sur historiska.se (consulté le 16 avril 2021).
  26. « Koffler Centre of the Arts - Esther Shalev-Gerz », sur kofflerarts.org (consulté le 16 avril 2021).
  27. « Bois mort - la Halle », sur lahalle-pontenroyans.org (consulté le 16 avril 2021).
  28. (en-US) Sarah Rose Sharp, « Registering the Moment of Remembrance », sur Hyperallergic, 1er juillet 2016 (consulté le 16 avril 2021).
  29. (en-US) « Matthew Biro on Esther Shalev-Gerz », sur artforum.com (consulté le 16 avril 2021).
  30. (en-GB) « Esther Shalev-Gerz "The Last Click" - Artlyst », Artlyst (consulté le 16 avril 2021).
  31. (en-GB) Colin Gleadell, « Art Sales: London celebrates photography », The Telegraph,‎ 10 mai 2016 (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le 16 avril 2021)
  32. (fi) « Esther Shalev-Gerz - Serlachius-museot | Julkaisut », sur Serlachius, 2 août 2019 (consulté le 16 avril 2021).
  33. « « Persona grata ? » - MAC VAL », sur macval.fr (consulté le 16 avril 2021).
  34. « L'art contemporain et la Fondation Hippocrène - les artistes », sur fondation-hippocrene.fr.

Liens externes