Forme sonate

Une des formes possibles de la forme sonate bi-thématique.

En musique classique, la forme sonate est une forme musicale qui est composée de trois parties : l'exposition, le développement et la réexposition (ou récapitulation).

La forme sonate est le plus souvent fondée sur deux thèmes musicaux, utilisés lors de l'exposition et la réexposition, et souvent combinés ou se répondant lors du développement.

Attention à ne pas confondre la forme sonate et la sonate. Généralement, le premier mouvement d'une sonate — mais aussi d'une symphonie ou d'un concerto — suit le plan de la forme sonate.

Historique

La forme sonate se développe à la fois à partir de la forme binaire récurrente et de la forme ternaire. Celles-ci sont les principales formes employées dans la composition des mouvements de la suite instrumentale et de la sonate baroque. On comprendra mieux les similitudes et les disparités entre ces diverses formes par l'analyse. Son nom lui vient simplement de son association originelle à la structure sonate.

Exposé théorique de la forme sonate

Vue d'ensemble

La forme sonate classique, développée entre 1750 et 1830 environ, se compose de trois parties principales : l’exposition, le développement et la réexposition. Ces trois parties ne forment qu'un seul mouvement. À ce stade, on aperçoit déjà sa parenté avec la forme ternaire, en ce qu'on pourrait assez facilement la ramener au plan ABA'. Toutefois, la partie qui serait identifiée A dans la forme sonate ne forme pas une section fermée et potentiellement autonome comme celle de la forme ternaire. En cela, la forme sonate se rapproche plutôt de la forme binaire récurrente, où la partie A se termine dans une tonalité subordonnée à la tonalité principale du mouvement. Cependant, la forme sonate se distingue aussi de cette forme par sa reprise intégrale, même si modifiée, de sa première partie après la partie centrale, alors que la forme binaire récurrente n'en suppose qu'une brève évocation. Les particularités de chaque grande section seront analysées plus loin, dans leurs chapitres respectifs.

Dans un premier temps, la sonate était presque invariablement une forme à deux reprises. Contrairement à l'usage développé à l'ère des premiers disques, où, par les limites imposées par la durée de ceux-ci, on omettait régulièrement les reprises, les reprises de la sonate ne sont en aucun cas optionnelles. La première reprise concernait l'exposition et la seconde regroupait en une seule grande section le développement et la réexposition. Cette deuxième reprise a été progressivement abandonnée par les compositeurs vers la fin du XVIIIe siècle.

Comme dans l'analyse de toute forme classique, c'est le plan tonal qui permet le mieux d'identifier la sonate. C'est, en outre, ce même plan tonal qui lui confère un aspect téléologique inégalé parmi les autres formes de son époque et, conséquemment, en fait la forme narrative classique par excellence. Le plan qui suit révèle l'organisation conventionnelle des grandes sections de la forme sonate.

Plan d'une forme sonate
  Exposition Développement Réexposition
Parcours tonal Ton principal vers ton voisin Tons éloignés (modulations) vers ton principal Ton principal
Cadence finale Parfaite dans le ton voisin Demi-cadence dans le ton principal Parfaite dans le ton principal

La sonate débute donc par un état de repos, celui de la tonalité principale. Cet état de repos est toutefois rapidement dérangé par une modulation à un ton voisin, ce qui entraîne un conflit tonal. C'est là le réel conflit de la forme sonate, plutôt que la guerre des thèmes dont on entend parfois parler. Ce conflit atteint son paroxysme dans le développement, où le parcours tonal emmène l'auditeur dans des tonalités éloignées, avant d'être résolu avec l'avènement de la réexposition. Le parallèle avec le parcours narratif classique en littérature (situation initiale — élément déclencheur — péripéties) est facile à faire, et les compositeurs n'ont pas hésité à exploiter cet aspect unique de la forme sonate à partir de la fin du XVIIIe siècle. Un excellent exemple de l'utilisation de la sonate pour ses propriétés spécifiquement narratives peut être trouvé dans les quatre mouvements de la Symphonie numéro 3, op. 56, dite « Écossaise », de Felix Mendelssohn.

Plan de la forme sonate

Exemples de plan de forme sonate bithématique : exemple pour une forme sonate en do majeur et exemple pour une forme sonate en la mineur

Le plan de la forme sonate « classique », c'est-à-dire bithématique, s'articule ainsi :

L’exposition

Le développement

C'est également Beethoven qui écrit le développement le plus long, dans le premier mouvement de la Troisième Symphonie, qui compte 245 mesures soit près de 5 minutes environ, contre 153 mesures soit environ 3,30 minutes environ pour l'exposition, et qui constitue ainsi la section la plus longue du morceau, mais aussi la plus riche puisqu'en plus des nombreuses modulations, il comprend un thème C que l'on ne trouve ni dans l'exposition ni dans la réexposition. Par contre, on retrouve ce thème C au début de la longue coda.

La réexposition

Exemples

L'ouverture de la Flûte enchantée de Mozart est de forme sonate.

Le premier mouvement de la Sonate pour piano nº 8 de Beethoven est de forme sonate.

Références

  1. Sabine Bérard, Musique, langage vivant, p. 139

Bibliographie

Voir aussi

Liens externes