Lieue

La lieue (du latin leuca ou leuga emprunté au gaulois) est une unité de longueur, de définition très variable, anciennement utilisée en Europe et en Amérique. La seule unité encore en cours, la lieue marine valant trois milles marins, reste peu utilisée.

La lieue métrique française vaut exactement 4 km ; la lieue terrestre ou lieue commune de France vaut 1/25 de degré de l'ellipse méridienne terrestre, soit exactement 4,445 3 km ; la lieue marine vaut 1/20 de degré de l'ellipse méridienne terrestre, soit 3 milles marins ou exactement 5,556 6 km.

Étymologie

Leuca est attesté sous la forme au pluriel leucas (chez Saint-Jérôme), puis également Leugas ou leuvas ; leuca (chez Jornandès), ainsi que chez Ammien Marcellin.

Lieue résulte de l'évolution régulière du latin leuca ou leuga, terme d'origine gauloise selon les auteurs latins. Même si son étymologie est pré-latine, son caractère proprement celtique se révèle incertain étant donné l'absence de cognats dans les langues celtiques insulaires,, bien qu'il reste possible.

Antiquité

Article détaillé : Unités de mesure romaines#La lieue gauloise.

La lieue (leuga ou leuca) est à l'origine une unité de mesure utilisée dans les trois Gaules et les provinces de Germanie, sous l'empire Romain. Selon des sources de la fin du IVe siècle et du VIe siècle, sa valeur est de un mille romain et demi, soit environ 2 222 m. Cependant l'analyse des relevés topographiques et des bornes milliaires laisse penser qu'une autre lieue plus grande, entre 2 400 m et 2 500 m, aurait été utilisée, qui aurait été l'héritière d'une lieue gauloise préromaine.

Sous la domination romaine, deux mesures sont utilisées : le mille dans la province romaine ; et la lieue au-delà de Lyon. Sur les bornes milliaires, la distinction est indiquée avec, précédant le chiffre du nombre de lieues, soit un « M » pour les milles, soit un « L » pour les lieues. Arcisse de Caumont précise par ailleurs que la lieue gauloise est « désignée tantôt sous le nom de lieue, tantôt sous celui de mille, et que souvent le mot millia n'indique point des milles romaines, mais des lieues gauloises, lorsqu'il s'applique à la partie des Gaules où cette mesure était usitée ».

Lieue par pays

France

Borne d'Ancien Régime affiche 36 demi-lieues (entre Moret-sur-Loing et Paris) soit environ 75 km

Il y a plusieurs définitions de la lieue comme unité de mesure sous l'Ancien Régime :

•  l'ancienne lieue de Paris (avant 1674)   10 000 pieds   =  3,248 km
•  la (nouvelle) lieue de Paris  (1674-1793) 2 000 toises =  3,898 km
•  la lieue des Postes (1737-1793) 2 200 toises =  4,288 km
•  la lieue tarifaire (1737-1793) 2 400 toises =  4,678 km

Selon le Grand Vocabulaire français de 1768, d'autres lieues ont eu cours en France avant la Révolution française.

On trouvait également une lieue de marche « extrêmement variable » , correspondant à une distance parcourue en une heure.

On trouve aussi, plus récemment, les valeurs suivantes :

Belgique

Suisse

Espagne

Autres valeurs de la lieue

Dans les pays anglo-saxons, la lieue (English land league) est définie comme valant 3 milles impériaux soit exactement 4,828 032 km. Avant la révolution, cette lieue était utilisée dans la province de Bretagne.

Il existe aussi une lieue carrée, unité de mesure de superficie. Elle est mentionnée dans les écrits de Voltaire.

Utilisation dans la littérature

Lieue marine

Une lieue marine vaut 3 milles marins, ou 1/20e de degré de latitude soit 5 555,55 m. En vigueur actuellement, cette unité reste peu utilisée.

Notes et références

Notes
  1. La « nouvelle lieue de Paris » – avec sa définition de 1674 – fut appelée aussi « des Ponts et des Chaussées » après 1737. La « lieue des Postes » fut créée en 1737, tout comme la « lieue tarifaire (du transport de grains) ».
  2. Les équivalences en kilomètres sont évaluées sur la base d'un périmètre terrestre de 40 003,2 km. Ce périmètre est toutefois actuellement évalué à 40 075,017 km.
  3. Soit, pour une toise de 1,949 m, 4,448 km ; l'équivalence en degrés est exacte pour un périmètre terrestre de 40 039 km.
  4. Soit, pour une toise de 1,949 m, 3,898 km ; l'équivalence en degrés est exacte pour un périmètre terrestre de 39 643 km.
  5. Soit, pour une toise de 1,949 m, 3,313 km ; l'équivalence en degrés est exacte pour un périmètre terrestre de 40 550 km.
  6. Soit, pour une toise de 1,949 m, 4,483 km ; l'équivalence en degrés est exacte pour un périmètre terrestre de 39 940 km.
  7. Soit 4,445 km. Voir note ci-dessus sur le périmètre terrestre.
  8. Soit, pour une toise de 1,949 m, 4,385 km ; l'équivalence en degrés est exacte pour un périmètre terrestre à l'équateur de 40 036 km.
  9. Soit 3,969 km. Voir note ci-dessus sur le périmètre terrestre.
  10. Soit 4,630 km. Voir note ci-dessus sur le périmètre terrestre.
  11. Soit 3,885 km. Voir note ci-dessus sur le périmètre terrestre.
  12. Soit 4,831 km. Voir note ci-dessus sur le périmètre terrestre.
  13. Soit, pour une toise de 1,949 m, 4,775 km ; l'équivalence en degrés est exacte pour un périmètre terrestre à l'équateur de 40 036 km.
  14. Soit5,168 km. Voir note ci-dessus sur le périmètre terrestre.
  15. Soit, pour une toise de 1,949 m, 5,847 km ; l'équivalence en degrés est exacte pour un périmètre terrestre à l'équateur de 39 993 km.
Références
  1. Merrien 2001, p. 529.
  2. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise. Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Paris, Errance, 2003, 2e éd., 440 p. (ISBN 2-87772-237-6, ISSN 0982-2720), p. 200 : « la celticité du mot, en l'absence de corrélats insulaires, est très incertaine ».
  3. Jornandès, Histoire des Goths , sur wikisource (lire en ligne), chap. 36
  4. Ammien Marcellin, Les empereurs romains (livre XVI, ch. 12, 8), 1778.
  5. Informations lexicographiques et étymologiques de « lieue » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  6. Goudineau 2003, p. 893-894.
  7. Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Paris, Éditions Errance, 1994, 239 p. (EAN 9782877720892), p. 196 Une recension de cet ouvrage est faite dans une revue scientifique : Pierre Flobert, « Bibliographie », Études celtiques,‎ 1995/31, p. 266-269 (lire en ligne, consulté le 25 août 2023)
  8. Goudineau 2003, p. 891-893.
  9. Clément-Edmond Révérend du Mesnil, « La lieue gauloise de la table de Peutinger » (Procès-verbal de la réunion du 12 septembre 1881), Bulletin de la Diana, t. 2 (mai 1881 - août 1884),‎ 1881, p. 51-57 (voir p. 52) (lire en ligne , consulté en mai 2022).
  10. Du Mesnil 1881, p. 53.
  11. Grand vocabulaire français : contenant l'explication de chaque mot dans ses diverses acceptions grammaticales (…), Par Guyot (Joseph Nicolas, M.), Sébastien-Roch-Nicolas Chamfort, Ferdinand Camille Duchemin de la Chesnaye ; Ed. C. Panckoucke, 1768 ; Voir l'article Louveterie.
  12. G. Monge, J.-D. Cassini, P. Bertholon, J.-H. Hassenfratz et al., Encyclopédie méthodique. Physique, t. 3, Paris, veuve Agasse, 1819, 820 p., sur books.google.fr (lire en ligne), p. 670.
  13. Dictionnaire encyclopédique Quillet-Grolier, 1975.
  14. (de) « akuni »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur akuni.ch (consulté en juin 2022) (page disponible sur Archive.org).
  15. (en) Treasures of the Confederate Coast: the "real Rhett Butler" & Other Revelations, Charleston / Miami, Narwhal Press, 1994 '1997), 517 p. (ISBN 1-886391-01-7 et 1-886391-00-9, OCLC 32431590, présentation en ligne), p. 32.
  16. Merrien 2001, p. 587.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes