En astronomie, les Piliers de la création (traduction en français de Pillars of Creation) font référence à une image célèbre de colonnes de poussières interstellaires prise le 1er avril 1995 par Jeff Hester et Paul Scowen de l'Université de l'Arizona avec le télescope spatial Hubble.
La structure est située à environ 7 000 années-lumière de la Terre dans la nébuleuse de l'Aigle, au cœur de l'amas ouvert M16. Les Piliers forment le talon de la forme d'aigle de la nébuleuse.
L'image fait référence à la forme de la structure ainsi qu'à la formation de nouvelles étoiles à la suite d'un effondrement gravitationnel engendré par la masse du gaz interstellaire aux extrémités, plus denses,. La photographie a été classée parmi les dix meilleures photographies de Hubble par Space.com et est l'une des œuvres les plus connues du télescope,.
La Wide Field and Planetary Camera 2 (en) (WFPC2) est une caméra qui fonctionne à la manière d'une caméra numérique, c'est-à-dire qu'elle utilise un capteur photographique CCD. Cette caméra équivaut à 2,5 mégapixels d'une caméra numérique conventionnelle. Elle est composée de quatre caméras indépendantes qui comptent chacune quatre filtres. Chacune d'elles a photographié une partie de l'image des Piliers de la création. L'une des caméras ayant un champ d'observation plus précis, son image a dû être rétrécie pour être correctement associée aux autres, ce qui explique la forme en « escalier » caractéristique des images de WFPC2. L'image finale est composée à partir de 32 images différentes.
En 2015, de nouvelles observations permettent de constater une évolution des Piliers avec le temps. Ainsi, par exemple, l'un des Piliers s'est élargi d'environ 0,01 années-lumière. Une autre petite colonne de poussière d'une taille du même ordre de grandeur est également apparue.
Les nouvelles observations permettent également de réaliser un visionnement en trois dimensions des Piliers
En 2022, la caméra NIRCam du téléscope spatial James-Webb capture une nouvelle image prise dans l'infrarouge proche, qui montre de nombreuses étoiles jeunes et en cours de formation.
Les Piliers sont composés de nuages d'hydrogène moléculaire froids et de poussières qui sont érodés par photo-évaporation engendrée par l'intense lumière ultraviolette des étoiles à proximité. Le pilier le plus à gauche a une hauteur située entre 4 et 5 années-lumière et l'ensemble des Piliers s'étendent sur 55 à 70 années-lumière de largeur. Leur masse est estimée à 200 masses solaires (M☉) et ils perdraient l'équivalent de 70 M☉ par million d'années,.
Afin de comprendre l'apparition des Piliers de la création, le chercheur de l'Université de Cardiff Scott Balfour a réalisé une simulation de la naissance d'une étoile massive lors d'un effondrement gravitationnel. On y constate que les vents stellaires forment une bulle qui, lors de sa croissance, récolte des restes de gaz et de poussière. Selon l'expérience, lorsque le rayonnement de l'étoile est faible, cette bulle vient s'effondrer sur elle-même. Par contre, si son rayonnement est assez fort, la bulle grandit et crée des piliers de nuages gazeux, semblables à ceux des Piliers de la création.
Au milieu des années 2000, une onde de choc résultant d'une supernova est observée non loin de la nébuleuse de l'Aigle à l'aide du télescope spatial Spitzer. Selon ces observations, cette onde de choc aurait possiblement soufflé les Piliers il y a environ 6 000 ans. En raison de l'éloignement des Piliers, cet événement ne serait visible sur Terre que d'ici mille ans,.