République corse

République corse
Ripublica Corsa
Repubblica Corsa

1755 – 1769
(13 ans, 9 mois et 25 jours)

Drapeau Blason
Hymne Dio vi salvi Regina
Description de cette image, également commentée ci-après Localisation de la Corse en EuropeInformations générales
Statut République
Capitale Corti
Langue(s) Corse, italien
Religion Catholicisme
Monnaie Soldo
Démographie
Population ~150 000 habitants
Superficie
Superficie 8 778 km2
Histoire et événements
14 juillet 1755 Le général Pascal Paoli proclame l'indépendance de la Corse à l'égard de la république de Gênes.
18 novembre 1755 La Constitution corse est votée.
16 août 1756 Premier traité de Compiègne : Gênes fait appel à la France pour occuper Ajaccio, Saint-Florent et Calvi.
24 mai 1761 La République Corse frappe sa propre monnaie, le soldo.
6 août 1764 Second traité de Compiègne : Gênes demande que les troupes françaises occupent également Bastia et Algajola.
3 janvier 1765 Paoli fonde l'Université corse pour la formation de cadres dirigeants.
15 mai 1768 Traité de Versailles : Gênes cède « provisoirement » à la France la souveraineté sur l'île.
7-10 octobre 1768 Bataille de Borgo : victoire contre les Français.
8-9 mai 1769 Bataille de Ponte-Novo : annexion par le royaume de France.
13 juin 1769 Pascal Paoli quitte la Corse pour l'Angleterre.
Général en chef de la Nation corse
1755 - 1769 Pascal Paoli

Diète générale du peuple corse

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La République corse (en corse : Ripublica Corsa, en italien : Repubblica Corsa) est un État autoproclamé institué en novembre 1755 par Pascal Paoli et ses partisans, plus globalement par l’ensemble du peuple corse, par indépendance vis-à-vis de la république de Gênes.

La République est installée via l'adoption par des représentants de la Constitution corse. Élaborée par Paoli, elle visait à donner une légitimité absolue au Gouvernement de la nation corse et à faire de ce territoire un État souverain, indépendant des Génois qui en revendiquaient la possession. Cette constitution est souvent considérée comme la première constitution démocratique de l'histoire moderne, basée sur la séparation des pouvoirs législatif et exécutif ainsi que sur le suffrage universel.

Succédant, dans le cadre du soulèvement contre les Génois, au royaume de Corse, la République corse a créé une éphémère administration, un système de justice, ainsi qu'une armée de quelques milliers d'hommes et une flottille. La défaite des Corses à la bataille de Ponte-Novo en 1769 signe la fin de ce projet politique et précède l'annexion de la Corse par le royaume de France.

Fondation

Grâce à une série d'actions réussies, Paoli parvint à limiter la domination génoise à quelques villes côtières. Il se mit alors à réorganiser le gouvernement, introduisant de nombreuses réformes. Il crée un parlement national, ou Diète, composé de délégués élus dans chaque district pour un mandat de trois ans. Le suffrage est étendu à tous les hommes âgés de plus de 25 ans. Traditionnellement, les femmes (veuves ou célibataires) ont toujours voté lors des élections villageoises pour élire des responsables locaux et il semblerait qu'elles aient aussi voté lors des élections nationales sous cette République.

La République a frappé sa propre monnaie à Murato en 1763, avec l'impression de la tête de Maure, symbole traditionnel de la Corse.

En 1764, Paoli fonde par édit une université à Corte qui ouvre les portes en 1765.

Longtemps, on a cru qu'un Ordre de Sainte-Dévote avait été créé en l'honneur de la sainte patronne de l'île, sainte Dévote. Ceci n'est toutefois corrélé par aucune source et semble largement improbable.

Les idées de Paoli sur l'indépendance, la démocratie et la liberté, ont obtenu le soutien de philosophes de l'époque comme Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, Raynal et Mably.

La publication par l’Écossais James Boswell en 1766 d'un « compte rendu sur la Corse » flatteur rend Paoli célèbre dans toute l'Europe.

Le Bey de Tunis lui-même accorde sa reconnaissance diplomatique à la Corse.

Constitution

Article principal : Constitution corse.

La Constitution corse, adoptée par des représentants corses le 18 novembre 1755 à la "Consulta generale di Corte", est considérée par certains auteurs comme étant la première constitution démocratique de l'histoire moderne,. Rédigée en italien, elle organise les institutions de la République corse, proclamée au même moment.

Préambule de la Constitution Corse.

Initiée par Pascal Paoli, elle avait été précédée par un règlement, voté au couvent Saint-Antoine de Casabianca le 30 janvier 1735, quand avait été pour la première fois proclamée l'indépendance corse.

Fondée sur la séparation d'une part du pouvoir exécutif, d'autre part du pouvoir à la fois judiciaire et législatif, ainsi que sur un suffrage indirect par tous les chefs de famille, cette constitution fut en vigueur de 1755 à 1769 (bataille de Ponte-Novo et défaite militaire face aux troupes françaises). Elle visait à donner le pouvoir absolu au Gouvernement de la Nation corse.

Elle est considérée comme la première constitution au monde accordant le droit de vote aux femmes lorsqu'elles deviennent chefs de famille, mais il n'y a pas eu d'élection jusque l'abrogation de 1769. Cette thèse est cependant à nuancer : "Tous les hommes de plus de vingt-cinq ans sont électeurs. Le texte de 1755 ne le dit pas, car toute la tradition va déjà dans ce sens. Contrairement à ce que l'on dit souvent, "les femmes" en général ne votent pas. Certaines le font dans le cadre d'assemblée de village, quand le vote se fait par famille et que, veuves, elles représentent la leur. Leur rôle est donc déjà plus grand que dans bien des États d'alors, mais c'était déjà le cas avant Pascal Paoli".

Annexion française

En 1767, la Corse prend l'île de Capraia aux Génois. Un an plus tard, désespérant de ne jamais pouvoir reprendre la Corse, ces derniers vendent leur revendication territoriale à la France lors du traité de Versailles.

L'armée française pénètre en Corse la même année, à la suite de quoi les forces de Paoli se battent désespérément pour leur nouvelle république contre les continentaux, remportant notamment la bataille de Borgo. Toutefois, en mai 1769, à la bataille de Ponte-Novo, ils sont vaincus par des forces largement supérieures commandées par le comte de Vaux. Paoli se réfugie en Grande-Bretagne, son alliée. Le contrôle des Français a été consolidé sur l'île, et en 1770, la Corse est devenue officiellement une province française.

Notes et références

  1. La Constitution de Pascal Paoli, La Marge.
  2. (en) Gregory Desmond, A history of the Anglo-Corsican Kingdom and its role in Britain's Mediterranean strategy during the Revolutionary War, 1793-1797, Rutherford, N. J./London ; Toronto, Fairleigh Dickinson University Press, 1985, 211 p. (ISBN 0-8386-3225-4), p. 19.
  3. « 1755, la Constitution corse accordait déjà le droit de vote aux femmes », France 3 Corse ViaStella,‎ 21 avril 2014 (lire en ligne, consulté le 19 novembre 2018).
  4. Lucien Felli, M. Pasquale Paoli, père de la patrie corse, Paris, Albatros (lire en ligne), « La renaissance du paolisme », p. 29

    « Il est un point où le caractère précurseur des institutions paolines est particulièrement accusé, c'est celui du suffrage en ce qu'il était entendu de manière très large. Il prévoyait en effet le vote des femmes qui, à l'époque, ne votaient pas en France. »

  5. Sainte Dévote, sur corsicanews
  6. (en) Oliver Zimmer, Power and the Nation in European History, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, 389 p. (ISBN 0-521-84580-7), p. 289.
  7. (en) Peter Adam, Pasquale Paoli : an enlightened hero 1725-1807, Archon Books, 1970 (ISBN 0-208-01031-9), p. 117.
  8. Dorothy Carrington (1973), "The Corsican Constitution of Pasquale Paoli (1755–1769)", The English Historical Review, 88:348 (July), p. 482.
  9. Ottaviani, T., La Corse pour les Nuls, First-Grün, Paris, 2010
  10. (en) Cedric J. Oliva, « Peripheral (Dis)Unity: The Italian Influences on Corsican Linguistic and Cultural Developments », Carte Italiane, vol. 2, no 8,‎ 2012 (lire en ligne)
  11. Philippe-Jean Catinchi et Josyane Savigneau, « Les femmes : du droit de vote à la parité », Le Monde.fr,‎ 31 janvier 2013 (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le 14 août 2017)
  12. Grégoire Bézie, « 1755, la Constitution corse accordait déjà le droit de vote aux femmes », France 3 Corse Via Stella,‎ 21 avril 2014 (lire en ligne, consulté le 16 décembre 2017)
  13. Cf. Histoire de la Corse et des Corses, J-M Arrighi et O. Jehasse, Perrin édition, 2013, page 421