Vincent Geisser

Vincent GeisserBiographie
Naissance 15 janvier 1968
Saint-Mandé
Nationalité française
Formation Institut d'études politiques de Grenoble
Activités Sociologue, politologue
Autres informations
A travaillé pour Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence
Centre national de la recherche scientifique

Vincent Geisser, né le 15 janvier 1968 à Saint-Mandé (Val-de-Marne), est un sociologue et un politologue français.

Biographie

Il est le fils de Robert Geisser (1936-2015), officier de gendarmerie et de Geneviève Ourta (1936-), assistante sociale. Il est le petit-fils du général de division Yves Ourta, ancien commandant de la garde républicaine et directeur adjoint de la gendarmerie nationale.

Formation

Vincent Geisser est docteur en science politique (1995) de l'université Aix-Marseille III ; sa thèse, Ethnicité et politique dans la France des années 1990 : étude sur les élites politiques issues des migrations maghrébines, est dirigée par Michel Camau. Il est diplômé de l'Institut d'études politiques de Grenoble (1989), de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence (1991 et 1995) et de l'Académie internationale de droit constitutionnel (1991).

Ses principaux thèmes de recherche et de réflexions sont les questions politiques dans le monde arabe, l'islam en France et en Europe et les problèmes relatifs aux discriminations dans les partis politiques français.

Carrière

Entre 1995 et 1999, il a été en poste pour le ministère français des Affaires étrangères à l'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) de Tunis. Depuis 1999, il est chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), successivement affecté à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) d’Aix-en-Provence (1999-2011) et à l'Institut français du Proche-Orient (Ifpo) de Beyrouth (depuis juin 2011).

Depuis septembre 2015, il a réintégré professionnellement l'IREMAM (CNRS), son laboratoire d'origine. Depuis 2016, il dirige le master « expertise politique comparée » à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, destiné à former des spécialistes autour des questions de l'Amérique latine et du monde arabe.

Il est président du Centre d'information et d'études sur les migrations internationales (CIEMI) de Paris et directeur de publication de la revue Migrations Société. Il est membre du comité de rédaction de la revue éditée par CNRS-Éditions, L'Année du Maghreb.

Positions et publications

Il est un spécialistes du régime autoritaire tunisien de Ben Ali, étant d'ailleurs l'un des rares politologues, avec Éric Gobe et Larbi Chouikha,, à avoir envisagé sa chute imminente avant la révolution de 2011. ll écrivait ainsi dans un article consacré à la révolte du bassin minier de Gafsa (2008) : « confronté à une "révolte par le bas", animée non par des "professionnels de la contestation" mais par des citoyens ordinaires, les réflexes sécuritaires du régime ont été mis à l’épreuve, contribuant à se dévoiler au grand jour et, par effet de feed back, à accorder au mouvement social une victoire symbolique. N’est-ce pas là le signe d’un ébranlement du Pacte de sécurité, ce contrat social implicite entre l’État et le peuple, que certains auteurs ont longtemps considéré comme le principal moteur du régime de Ben Ali ? ».

En 2003, il publie La Nouvelle islamophobie, un ouvrage qui se présente comme une enquête sur les manifestations dans les discours médiatiques, le monde social et politique des formes que prennent les attaques contre l'islam. Cette islamophobie moderne emprunterait de manière privilégiée au registre républicain ses arguments d’un islam incompatible avec l’universalisme issu des Lumières. Pour Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau auteurs d'un essai intitulé Islamophobie, la contre-enquête, le livre de Vincent Geisser serait caractéristique d'une « certaine paranoïa », « consistant à vouloir démontrer, au mépris des méthodologies en usage, que la psyché occidentale et, pour ce qui nous concerne, l’histoire coloniale de la France, ont fabriqué une véritable « passion islamophobe » ». Avec sa thèse d’un camp “national-républicain” islamophobe, d’”intellectuels médiatiques” islamophobes, et même de “musulmans islamophobes”, Vincent Geisser serait, selon Rudy Reichstadt, un « représentant de cette gauche universitaire islamophile qui croit protéger les musulmans en prenant la défense des islamistes ». En 2006, dans un bulletin bibliographique, Mouloud Haddad estime que le livre s'apparente plus à un pamphlet sans concessions et parfois peu nuancé qu'à une véritable étude sociologique d'ampleur, allant au-delà de la simple compréhension du phénomène en le dénonçant, mais posant par ce biais la question de l'engagement public des universitaires.

En 2009, un contentieux l'opposant à Joseph Illand, ingénieur général de la Défense et fonctionnaire sécurité défense (FSD) du CNRS connaît un certain écho médiatique, et provoque une mobilisation d'intellectuels. À cette occasion, Caroline Fourest le présente comme étant « connu pour ses prises de position polémiques en faveur de l'islam radical ». Le CNRS le convoque pour une mesure disciplinaire. Finalement, le plaignant se désiste après avoir reçu un courrier de Vincent Geisser reconnaissant notamment que ses accusations à son endroit étaient « fausses et outrancières ». Vincent Geisser a postérieurement nuancé ses "excuses" et réaffirme avoir été victime avec d'autres collègues du CNRS de pressions sécuritaires de ce même fonctionnaire, en raison de leurs recherches sur l'islam et les musulmans qui font encore figure de "sujets chauds", donnant lieu, selon lui, à une étroite surveillance.

En 2010, Mohamed Sifaoui le qualifie « d'idiot utile » et écrit à son propos « Il vilipende toute critique à l'égard de l'intégrisme – même lorsqu'elle émane de musulmans – en essayant de lui donner une connotation systématiquement raciste ».

Dans des écrits ultérieurs, Vincent Geisser se défend de fétichiser la notion d’islamophobie et d’interdire toute critique de l’islam. Au contraire, il précise que « la fétichisation du terme islamophobie dans un sens victimaire et exclusif me parait tout aussi contre-productive, révélatrice de notre incapacité à penser les phénomènes racistes dans leur universalité, leur profondeur historique et dans une perspective comparative avec tous les formes et modes de discriminations qu’a connu et que connait la société française actuelle ». Vincent Geisser réfute d'ailleurs la notion « d'islamophobie d'État », qu'il trouve exagérée et disproportionnée qui ne saurait être confondue avec l'antisémitisme d'État des années 1940.

Médias

Il est invité régulièrement sur les médias français, notamment dans le Talk Show « Toutes les France » animé par Ahmed El Keiy sur France Ô (groupe France Télévisions) mais aussi sur les chaînes de Radio France (France Culture, France Info, etc.), France 24 et TV5 Monde. Il écrit pour le site web oumma.com. Outre ses activités scientifiques, Vincent Geisser est impliqué dans la vie publique marseillaise (sa ville d’adoption), où il participe à de nombreux débats sur le « vivre ensemble ».

Ouvrages personnels et directions d'ouvrages

Notes et références

  1. Thèses.fr - Ethnicité et politique dans la France des années 1990 : étude sur les élites politiques issues des migrations maghrébines par Vincent Geisser.
  2. « Le syndrome autoritaire : politique en Tunisie de Bourguiba à Ben Ali, Paris, Presses de Sciences Po, 2003. »
  3. Chouikha Larbi et Gobe Éric, 2009, « La Tunisie entre la “révolte du bassin minier de Gafsa” et l’échéance électorale de 2009 », L’Année du Maghreb 2009, V, Paris, CNRS-Éditions, p. 387-420
  4. Chouikha Larbi et Geisser Vincent, 2010, « Tunisie : la fin d’un tabou. Enjeux autour de la succession du président et dégradation du climat social », L’Année du Maghreb, VI, 2010, Paris, CNRS-Éditions, p. 375-426
  5. Geisser Vincent et Gobe Éric, 2007, « Des fissures dans la “Maison Tunisie” ? Le régime de Ben Ali face aux mobilisations protestataires », L'Année du Maghreb 2005-2006, II, Paris, CNRS-Éditions, p. 353-414.
  6. « Retour sur la révolte du bassin minier. Les cinq leçons politiques d’un conflit social inédit »
  7. L'islamophobie partout ?, Entretien avec Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau, conspiracywatch.info, 6 décembre 2014
  8. Nouvelle islamophobie ou nouvelle imposture ?, Rudy Reichstadt, prochoix.org, 16 septembre 2004
  9. Haddad, Mouloud, « Vincent Geisser, La nouvelle islamophobie », sur revues.org, Archives de sciences sociales des religions, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, 1er mai 2006 (ISBN 2-7132-2092-0, ISSN 0335-5985, consulté le 23 septembre 2020), p. 147–299.
  10. Affaire Geisser : "Cela n'a rien à voir avec une sanction", interview de Joseph Illand, LibéMarseille, 06/0709
  11. Elisabeth Roudinesco, vive polémique avec Esther Benbassa, lesinfluences.fr, 29 juin 2009
  12. Pierre Assouline, « De l’emballement des intellectuels », 28 mai 2013 (consulté le 11 septembre 2015)
  13. Caroline Fourest, « L'"Islam light" selon Vincent Geisser, par Caroline Fourest », sur lemonde.fr, 19 juin 2009
  14. Le procès n'aura pas lieu, Pierre Assouline, L´Histoire, mensuel n°388, juin 2013, page 98 - et- Lettre d'excuses de Vincent Geisser du 23 mars 2013
  15. Pourquoi l'islamisme séduit-il ? Mohamed Sifaoui, éditions Armand Colin, 27 janv. 2010
  16. « Vincent Geisser : « La fétichisation du terme islamophobie est contre-productive » », sur www.mizane.info, 22 novembre 2017 (consulté le 7 janvier 2018)
  17. Vincent Geisser, oumma.com
  18. « Le défi du vivre ensemble passe par la connaissance », sur Echos d'Orient, 4 juillet 2015 (consulté le 6 février 2023)

Liens externes