Épiclèse (Antiquité)

Une épiclèse (du grec ancien ἐπίκλησις / epíklêsis, « surnom ») est, dans l'Antiquité, une épithète accolée au nom d'un dieu. Cette épithète avait pour but de formuler l'aspect précis de la divinité que l'on vénérait dans un temple, autel, sacellum, ou tout lieu de culte inauguré et consacré. Il existait ainsi des centaines de ces divinités à épiclèses en sus des grandes divinités olympiennes classiques du panthéon, permettant aux individus de contracter des vœux spécifiques à leurs actions, leur métier, leurs désirs, ou simplement de les évoquer dans la poésie épique, dans la littérature, pour insister sur le rôle précis qu'elles détiennent dans l'action. Ces épiclèses sont attestées tantôt par la littérature ancienne, tantôt par l'épigraphie religieuse documentant les actes, rituels et dons à telle ou telle épiclèse.

Étymologie

Le substantif féminin « épiclèse » est un emprunt au grec ancien ἐπίκλησις / epíklêsis (« nom ajouté ou substitué à un autre, invocation »), dérivé du verbe epikaleîn (« appeler à soi, invoquer »), composé de epi‑ (« sur, vers ») et kaleîn (« appeler »).

La notion d’épiclèse est empruntée à Pausanias le Périégète, géographe du IIe siècle qui, dans sa Périégèse, ou Description de la Grèce, emploie ἐπίκλησις pour préciser sous quelle appellation tel dieu est spécifiquement honoré dans tels lieu et circonstance.

Définition

Une épiclèse, ou épithète cultuelle, est une épithète qui se rapporte à une divinité qui, sous ce nom, reçoit un culte qui comporte au moins l'une des composantes suivantes :

Typologie

Les épiclèses se répartissent entre deux grandes catégorie : les toponymiques et les fonctionnelles. La troisième grande catégorie d'épiclèses sont les topographiques, à la fois toponymiques et fonctionnelles. Il existe d'autres catégories d'épiclèses.

Une épiclèse toponymique est un adjectif dérivé d'un toponyme. Il s'agit, le plus souvent, de celui du lieu de culte lui-même. Mais il peut parfois dénoter la diffusion d'un culte ou le transfert d'un culte local d'un lieu à un autre : ainsi Ephesia (« d'Éphèse »), épiclèse d'Artémis, dénote que le culte de la déesse s'est diffusé à partir d'Éphèse ; et Eleuthereus (« d'Éleuthères »), épiclèse de Dionysos à Athènes, dénote le transfert du lieu de culte d'Éleuthères à Athènes.

Une épiclèse fonctionnelle identifie le champ dans lequel l'aide de la divinité est attendue. L'épiclèse peut être soit le nom du champ lui-même, soit un dérivé, soit nom d'agent : ainsi respectivement Keraunos, Keraunios et Keraunobolos, épiclèses de Zeus.

Une épiclèse topographique est à la fois toponymique et fonctionnelle. Elle se réfère à la fois à un paysage prisé de la divinité et à un lieu précis derrière une dénomination générique : ainsi Akraios, épiclèse de Zeus, qui, pour les Magnètes, désigne le Zeus dont le sanctuaire est situé au sommet du mont Pélion.

Une épiclèse pouvait être de différents types :

Une épiclèse mythologique évoque l'un des mythes associés à la divinité : ainsi Huakinthios, épiclèse d’Apollon qui a tué son élève et éromène Hyacinthe.

Une épiclèse liturgique est relative au déroulement du culte : ainsi Hekatombaios (« de l'hécatombe »), épiclèse d'Apollon.

Une épiclèse théonymique consiste en une épithète dérivée d'un théonyme qui est celui d'une autre divinité : ainsi Ἡραῖος (« d'Héra »), épiclèse de Zeus dont Héra est l'épouse ; Ἡφαιστία (« d'Héphaïstos »), épiclèse d'Athéna ; ou encore Ἀρεία Areia (« d'Arès »), épiclèse d'Athéna et d'Aphrodite,.

Une épiclèse héroïque consiste soit en une épithète dérivée d'un héronyme soit — plus souvent — en la juxtaposition du nom du héros à celui de la divinité à laquelle il est associé.

Une épiclèse anthroponymique consiste en une épithète dérivée d'un anthroponyme qui est celui du fondateur du culte et de ses descendants : ainsi Diomedonteios (« de Diomédon »), épiclèse d'Héraclès à Kos,.

Répartition

La répartition des épiclèses entre les divinités n'est pas homogène. Certaines en ont de nombreuses, tels Zeus puis Apollon, Artémis et Athéna. D'autres, tel Arès, n'en ont que très peu,. Certaines, tel Héphaïstos, n'en ont aucune,.

Une épiclèse exclusive est une épiclèse qui n'est partagée par aucune autre divinité : ainsi Pytheiè / Pythiè, épiclèse d'Artémis à Milet.

Exemples d'épiclèses connues

Une divinité avait fréquemment plusieurs épiclèses.

Par exemple, pour la déesse Athéna:

Notes et références

  1. Acad. fr. 2000, s.v.Épiclèse.
  2. Brulé et Lebreton 2007, § 12.
  3. Lebreton 2013, p. 9-10.
  4. Lebreton 2018, p. 10.
  5. Lebreton 2018, p. 10-11.
  6. Le Quellec et Sergent 2017, s.v.Épiclèse.
  7. Georgoudi 2013, p. 29.
  8. Cayla 2001, p. 73.
  9. Wallensten 2008, § 8.
  10. Lebreton 2018, p. 11.
  11. Lebreton 2013, n. 16, p. 313.
  12. Trippé 2009, § 10.
  13. Trippé 2009, § 9-10.
  14. Aubin-Louis Millin, Exposé du cours de mythologie, Paris, 1809, 141 p. (lire en ligne), p. 50-51

Voir aussi

Bases de données

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes