Irène Théry

Irène ThéryIrène Théry en 2014.Biographie
Naissance 9 février 1952
Aix-en-Provence
Nom de naissance Irène Noizet
Nationalité française
Formation Université Paris-Descartes (doctorat) (jusqu'en 1983)
Lycée Thiers de Marseille
École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses
Activités Sociologue, professeure d’université
Enfant Mathias Théry
Autres informations
A travaillé pour École des hautes études en sciences sociales
Centre national de la recherche scientifique
Membre de Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (2013)
Directeur de thèse Louis Roussel
Distinctions Officier de la Légion d'honneur‎ (2012)
Commandeur de l'ordre national du Mérite (2019)

Irène Théry, née le 9 février 1952 à Aix-en-Provence, est une sociologue française.

Biographie

Elle est la fille d'un professeur des universités (militant du SNESup) et d'une mère au foyer, dont dit-elle le « destin horrible » (diplômée de HEC Jeunes Filles et de Langues O, celle-ci a interrompu un moment sa carrière de traductrice après son mariage pour s'occuper de son foyer) a façonné son propre engagement féministe.

Après des études au lycée Thiers de Marseille, elle entre à l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses (lettres). Agrégée de lettres en 1975, elle est docteure en sociologie en 1983 (université Paris-Descartes, sous la direction de Louis Roussel) avec une thèse intitulée La référence à l'intérêt de l'enfant dans la justice du divorce.

Enseignante, puis chercheuse au CNRS, Irène Théry est élue en 1997 directrice d’études à l’EHESS. Elle y est tout d'abord membre associée du Centre de recherches politiques Raymond Aron. En 2001, elle a rejoint le centre Sociologie, histoire et anthropologie des dynamiques culturelles (SHADYC Marseille), devenu au 1er janvier 2010 Centre Norbert Elias. Elle a également été jusqu'en 2009 responsable de la formation doctorale en sciences sociales du pôle régional de Marseille de l’EHESS.

Spécialisée dans la sociologie du droit, de la famille et de la vie privée, elle travaille sur les transformations contemporaines des liens entre les sexes et les générations. Elle a publié plusieurs ouvrages sur les mutations du droit et de la justice de la famille, sur les familles recomposées et sur le masculin et le féminin.

Ayant introduit le terme de « famille recomposée » en français, elle a dirigé de 1991 à 1997, un réseau international de recherche pluridisciplinaire sur les recompositions familiales (fondé en collaboration avec Marie-Thérèse Meulders-Klein, directrice du Centre de droit de la famille de l'université catholique de Louvain).

Irène Théry a occupé au cours de sa carrière de nombreuses fonctions :

Elle est membre du comité de rédaction de la revue Esprit.

Depuis 2019, elle appartient au conseil scientifique de la DILCRAH.

Elle est la mère du réalisateur Mathias Théry, ainsi que de Manuel Théry, chercheur au CEA.

Engagement

Irène Théry est une sociologue engagée dans le débat public. En 1998, elle a rédigé à la demande de Martine Aubry et Élisabeth Guigou, ministres du gouvernement Jospin, le rapport « Couple, filiation et parenté aujourd’hui » préconisant de nombreuses réformes du droit de la famille. Elle y présente une analyse des changements rompant avec les thèses classiques de la « désinstitutionnalisation » de la famille. Pour elle, c'est la dynamique d’égalité des sexes, et non le passage de la valeur « groupe » à la valeur « individu », qui est le principal moteur des transformations contemporaines. Elle y critique l’idéologie qui déprécie radicalement l’institution au nom de la subjectivité et de l’authenticité du « moi », à un moment historique où l’enjeu est de métamorphoser les institutions de la famille et de la parenté pour mettre fin à une conception hiérarchique des sexes dans le couple et la filiation.

Pourtant, parce qu'elle avait critiqué sévèrement et systématiquement les projets de contrat ou de partenariat homosexuel (CUC, CUS, PACS),, le gouvernement Jospin n'a pas suivi ses préconisations sur le Pacte civil de solidarité et elle fut désavouée.

Sur le mariage homosexuel, elle a exprimé en 1997-1999 ses réticences : bien que favorable à une union solennelle en mairie, elle était opposée au mariage des couples homosexuels car elle ne voyait pas d’issue à la question de la présomption de paternité, « cœur du mariage » selon Jean Carbonnier. Pour Irène Théry, une présomption de paternité entre personnes de même sexe n’a pas de sens car c’est une présomption de procréation. Mais lorsque le Parti socialiste a déposé en juin 2006 une proposition de loi sur le mariage des couples homosexuel qui répondait à cette question de façon satisfaisante, elle a soutenu cette proposition.

Sur l'homoparentalité, elle a dès 1998 proposé dans son rapport les mêmes droits pour tous les beaux-parents, y compris l’adoption simple, quel que soit le couple, homosexuel ou hétérosexuel. Mais elle s’est toujours opposée aux approches prônant l’égalité par l’indifférenciation des sexes. Combattant la formule selon laquelle « les homosexuels n’atteignent pas à la différence des sexes », elle développe l’idée que les relations de même sexe relèvent, comme les relations de sexe opposé, de ce qu’elle nomme la « distinction de sexe ». En 1997-99, elle critique l'adoption plénière ou l’accès à la PMA pour les couples de même sexe s'ils interviennent sans modification du droit commun de l’adoption ou de la PMA pour tous, elle écrit alors « c’est du côté des pluriparentalités que se trouve l’espoir ». Ses positions ont suscité des controverses parfois très vives.

L'approche « relationnelle » du genre d'Irène Théry est développée et précisée, notamment dans Des humains comme les autres, bioéthique, anonymat et genre du don, où se rallie à la revendication d’accès des couples de même sexe à l’adoption plénière et à la PMA, dans la perspective où serait abandonné le modèle traditionnel de filiation mimétique de la procréation. Le droit de l'enfant à son origine et à son histoire permettrait, selon elle, d’instituer un nouveau droit de la filiation à la fois commun à tous et pluraliste.

En 2011, lors de l'affaire Dominique Strauss-Kahn, Irène Théry propose d'introduire dans le droit français le crédit de véracité au bénéfice des victimes, c'est-à-dire de présupposer la bonne foi d'une personne dénonçant des violences sexuelles à son encontre.

En octobre 2013, Dominique Bertinotti, alors ministre déléguée à la famille, lui confie la présidence d'un groupe de réflexion visant à examiner les questions posées par la diversité des modes actuels d'établissement de la filiation. Le rapport publié en avril 2014 comporte deux volumes. Le volume I Réflexion prospective sur la filiation reprend sa proposition d'instaurer une filiation commune et pluraliste (un mode d'établissement distinct et sui generis en cas de procréation médicalement assistée hétérologue) ; le volume II : Accès aux origines et parentalité, propositions pour une loi famille veut accorder davantage de garanties aux droits des tiers et de l'enfant, aujourd'hui restreintes selon elle par la confusion entretenue entre existence sociale et filiation dans le débat public.

Elle reconnaît que divers courants s'affrontent au sein du féminisme et se réclame du féminisme universaliste, qui refuse d'assigner les individus à une différence, qu'elle oppose au féminisme différentialiste, qui met l'accent sur les différences réelles ou supposées (« par exemple : les femmes sont censées incarner l'amour de la paix quand les hommes incarnent l'amour de la guerre »).

Elle soutient Emmanuel Macron dès le premier tour de l'élection présidentielle de 2017.

Publications

Ouvrages

« autour d'un livre la distinction de sexe. une nouvelle approche de l'égalité « famille et distinction de sexe : une approche relationnelle » conférence-débat dans le cadre des universités des familles, le 11 avril », Recherches familiales, vol. 1, no 6,‎ 2009, p. 143-161 (DOI 10.3917/rf.006.0143) Irène Théry, « Réponse d'Irène Théry », Travail, genre et sociétés, no 21,‎ 2009, p. 181-187 (DOI 10.3917/tgs.021.0181)

Chapitres d'ouvrage

Articles

Film documentaire

Décorations

Notes et références

  1. « Comment faire de la sociologie avec Proust ? », sur Radio France, 16 mai 2022 (consulté le 18 mai 2022)
  2. « Centre de la Vieille Charité ».
  3. Arrêté du 5 septembre 2022 portant nomination des membres de la Commission d'accès des personnes nées d'une assistance médicale à la procréation aux données des tiers donneurs
  4. https://www.gouvernement.fr/installation-du-nouveau-conseil-scientifique-de-la-dilcrah.
  5. Théry et Schulz 1997.
  6. Sur les positions d'Irène Théry, Martel 2000
  7. Frédéric Martel, Le Rose et le Noir : Les homosexuels en France depuis 1968, Le Seuil, 2000 (1re éd. 1996) .
  8. Théry 2007.
  9. Blandine Grosjean, « Couples homos : la “solution” d'Irène Théry », Libération,‎ 27 mai 1998 (lire en ligne)
  10. Théry 2010.
  11. Marine Turchi, Faute de preuves: enquête sur la justice face aux révélations #MeToo, Seuil, 21 octobre 2021 (ISBN 978-2-02-148357-4, lire en ligne), p. 126
  12. Théry et Leroyer 2014.
  13. Agnès Leclair, « Famille, éthique : le lobbying des associations avant la présidentielle », Le Figaro,‎ 2 avril 2017, p. 10 (lire en ligne).
  14. Décret du 31 décembre 1999 portant promotion et nomination
  15. Décret du 31 décembre 2012 portant promotion et nomination
  16. Décret du 29 mai 2019 portant promotion et nomination

Liens externes