Maladie auto-immune

Maladie auto-immune Description de l'image Warm autoimmune hemolytic anemia.jpg. Données clés
Causes Hypersensibilité type 2 (en)

Traitement
Médicament Ciclosporine, azathioprine, dexaméthasone, prednisone et méthylprednisolone
Spécialité Immunologie et rhumatologie
Classification et ressources externes
CIM-10 D84.9 et M35.9
CIM-9 279.4
OMIM 109100
DiseasesDB 28805
MedlinePlus 000816
MeSH D001327

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Une maladie auto-immune est consécutive à une anomalie du système immunitaire conduisant ce dernier à s'attaquer aux composants normaux de l'organisme (le « soi », d'où la racine auto- pour parler de ce trouble de l'immunité).

Parmi ces maladies peuvent être citées la spondylarthrite ankylosante, la sclérose en plaques, le diabète de type 1 — jadis appelé « diabète juvénile » ou « diabète insulino-dépendant » —, le lupus, les thyroïdites auto-immunes, la polyarthrite rhumatoïde, le syndrome de Goujerot-Sjögren, la maladie de Crohn, etc. On distingue classiquement les maladies auto-immunes spécifiques d'organes, qui touchent un organe en particulier (comme les maladies auto-immunes de la thyroïde), et les maladies auto-immunes systémiques, telles que le lupus, qui peuvent toucher plusieurs organes. Au début du XXIe siècle en Occident, les maladies auto-immunes sont devenues la 3e cause de mortalité/morbidité après le cancer puis les maladies cardiovasculaires et à peu près dans les mêmes proportions.

Mécanismes

Le système immunitaire est un ensemble de cellules et voies métaboliques conduisant à l'élimination d'une grande variété de pathogènes. Ce système repose sur la notion très centrale du soi opposé au non-soi ainsi qu'au soi modifié. Cette distinction s'effectue grâce à des marqueurs chimiques du soi (c'est-à-dire la reconnaissance de motifs antigéniques plus ou moins spécifiques) mais elle n'est pas véritablement innée : les cellules immunitaires naïves sont d'abord sensibilisées et sélectionnées en fonction de leur réactivité vis-à-vis de ces marqueurs du soi,. Cela explique notamment le fait que les individus chimériques n'expriment pas forcément « plus » d'auto-immunité que des individus monozygotes.

Il existe donc chez tous les vertébrés une auto-immunité latente, laquelle est en temps normal inhibée par les mécanismes de régulation de la maturation des cellules immunitaires.

Causes des troubles pathologiques

On connaît ou suspecte diverses causes possibles :

Prévalence et vulnérabilité selon le sexe

Dans les pays industrialisés, les maladies auto-immunes touchent environ 8 % de la population, dont 78 % de femmes. Une forte prévalence de maladies auto-immunes (lupus érythémateux disséminé (SLE pour les anglophones) est constatée, sclérose en plaques (SEP),, cirrhose biliaire primitive, polyarthrite rhumatoïde (PR), et thyroïdite de Hashimoto notamment) chez les femmes. L'évolution de nombreuses maladies auto-immunes, leur gravité et leur pronostic varient aussi selon le sexe. Ceci n'est pas encore clairement expliqué, bien qu'il ait été prouvé que les taux d'hormones sont liés à la gravité de certaines maladies auto-immunes dont la sclérose en plaques.

Chez les humains, et dans le modèle animal, le système hormonal semble avoir une importance majeure dans plusieurs phénomènes liés à ces maladies ; par exemple, les maladies auto-immunes sont plus fréquentes chez les personnes ayant une dysthyroïdie que dans la population générale, ce qui peut laisser supposer des mécanismes physiopathologiques communs et « justifie une surveillance des patients ayant une dysthyroïdie auto-immune et la réalisation d'un bilan initial et d'un suivi thyroïdien régulier chez les patients ayant une maladie auto-immune »,.

En laboratoire chez le modèle murin, les femelles sont également plus touchées que les mâles par des maladies telles que le lupus érythémateux disséminé spontané (souris de souches (NZB×NZW)F1 et NZM.2328), l'encéphalomyélite allergique expérimentale (EAE, pour Experimental autoimmune encephalomyelitis) chez la souris SJL, la thyroïdite, le syndrome de Sjögren chez les souris de souche MRL/Mp-lpr/lpr, et pour le diabète chez les souris NOD. Les hormones sexuelles et/ou le patrimoine génétique hérité lié au sexe semblent donc être responsables de la sensibilité accrue des femmes à ces maladies auto-immunes.

Chez l’animal, certains œstrogènes, la progestérone et les androgènes préviennent ou atténuent les signes cliniques des maladies auto-immunes alors que la castration chez le mâle les aggrave.

Du fait de leurs propriétés immunologiques, promyélinisantes, neurotrophiques et neuroprotectrices des œstrogènes, progestatifs et androgènes, une régulation hormonale pourrait peut-être moduler l'évolution de maladies telles que la sclérose en plaques (qui est plus rare et plus tardive chez l'homme que chez la femme, mais plus grave). Chez les femmes, le rythme des poussées de cette maladie diminue en fin de grossesse, puis progresse après l'accouchement, alors que les sécrétions hormonales chutent. D'autres maladies auto-immunes semblent pouvoir répondre à une médication de type hormonal. L'influence de perturbateurs endocriniens pourrait possiblement être l'un des facteurs explicatifs de la récurrence croissante de certaines maladies auto-immunes.

D'autre part — de manière générale — les femmes ont une réponse immunitaire différente de celle des hommes,, ; elles répondent notamment à l'infection, à une vaccination ou à des traumatismes avec une production plus importante d'anticorps et une production accrue de lymphocytes T auxiliaires Th2 (réponse immunitaire humorale prédominante), alors qu'une réponse par les lymphocytes T auxiliaires Th1 et l'inflammation sont généralement plus sévères chez les hommes. Cette différence d'intensité et de qualité de réponse immunitaire semble au moins en partie responsable de la plus grande vulnérabilité des femmes à un nombre important de maladies auto-immunes. À l'importance du sexe sur la réponse immunitaire s'ajoutent parfois les additionnels de l'importance du sexe sur les organes cibles de ces maladies auto-immunes, tels que le système nerveux central dans la sclérose en plaques.

Chez les deux sexes, les maladies auto-immunes commencent par une phase aiguë associée à une réponse immunitaire inflammatoire pour évoluer vers une phase chronique associée à la fibrose, mais des différences marquées existent selon le sexe :

Le sexe du sujet est donc un facteur à considérer comme particulièrement important dans les études sur l'auto-immunité, concernant les processus physiopathologiques du système immunitaire et des organes-cibles concernés.

Épidémiologie

Les auto-anticorps sont des anticorps (Ac) dirigés contre des éléments de l'organisme qui les a fabriqués ; leur nombre est élevé.

Certains de ces auto-anticorps sont plus fréquemment retrouvés dans certaines maladies appelées maladie auto-immune.

Ces maladies sont :

Affections suspectées

Les maladies suspectées d'être des maladies auto-immunes sont :

Maladies étant pour tout ou partie de nature auto-immune

Thérapeutiques

À ce jour, il n'existe pas de traitement curatif. Il existe plusieurs traitements « suspensifs », qui limitent l'expression des symptômes mais qui ont leurs limites en raison de leur toxicité pour le système immunitaire et certaines cellules.

De nouveaux traitements sont envisagés pour bloquer l'effecteur même. Ce sont souvent les mêmes médicaments que ceux utilisés pour éviter les rejets de greffe d'organes.

Les principales molécules utilisées visent à supprimer l'activation de cellules à problème et/ou à les tuer ; ce sont ;

La recherche vise à utiliser des anticorps ciblant mieux leurs cibles (lymphocytes T et/ou B), ce qui permettrait de traiter certaines maladies auto-immunes avec moins de toxicité pour le patient.

Les effets iatrogènes (secondaires) liés à la toxicité des médicaments sont un problème majeur du traitement des maladies auto-immunes, car ils sont par exemple source d'hypertension, de risque de cancer (si traitement au long-cours) ; l'immunosuppression facilite les infections virales, moindre production de cellules sanguines, neurotoxicité.

Voies de recherche, prospective

4 approches se dessinent au début du XXIe siècle :

  1. La première vise à neutraliser des cellules effectrices telles que la TH17 (qui produit l'IL17) qui semblent impliquées et retrouvées dans les lésions de l'arthrite rhumatoide, du syndrome de Sjögren (ou syndrome de Gougerot-Sjögren), de la sclérose en plaques ou de la maladie de Crohn. Encore mieux serait de convertir des cellules effectrices en cellules normales, ce qui semble possible d'après quelques données expérimentales sur le modèle animal ;
  2. Une seconde approche consiste à tenter de moduler la présentation des antigènes ;
  3. La troisième approche vise à inhiber les effets des interférons ;
  4. La quatrième voie cherche à induire et amplifier (le nombre et/ou la fonction) des lymphocytes T régulateurs ; sur le modèle murin en laboratoire on a montré en 2015 que dans un même organisme malade (y compris au pic de la maladie), on peut trouver certaines TH17 sont des effectrices pathogènes et responsables de la maladie, alors que d'autres sont non-pathogènes et même régulatrices.

Notes et références

  1. « Liste des maladies auto-immunes - CRMR des maladies auto-immunes de Strasbourg (RESO) » (consulté le 20 juillet 2019)
  2. Alain Fischer (2016) Comment traiter les maladies autoimmunes ?, Cours/conférence du 31 mai 2016 15:00 16:30 Cours Amphithéâtre Guillaume Budé - Marcelin Berthelot.
  3. (en) « "Immune Tolerance" »
  4. (en) « "The Origins of Autoimmunity-Causing T Cells" »
  5. (en) « Autoimmune Diseases », sur nlm.nih.gov
  6. Melançon, F, « Des parasites guérisseurs pour la maladie de Crohn ? », Le clinicien,‎ 2007, p. 21-23 (lire en ligne )
  7. (en) C Flohr, L Tuyen, S Lewis et R Quinnell, « Poor sanitation and helminth infection protect against skin sensitization in Vietnamese children: A cross-sectional study », Journal of Allergy and Clinical Immunology, vol. 118, no 6,‎ décembre 2006, p. 1305–1311 (DOI 10.1016/j.jaci.2006.08.035, lire en ligne, consulté le 29 mars 2020)
  8. Dangers, expositions et risques relatifs à la silice cristalline Rapport d’expertise collective - Saisine « n° 2015-SA-0236 - Silice cristalline » | mars
  9. (en) R. Voskuhla « Sex Differences in Autoimmune Diseases » Hormones, Brain and Behavior (seconde édition) volume 4, pages 2259-2290 DOI 10.1016/B978-008088783-8.00070-X mis en ligne le 6 juin 2009 (Résumé)
  10. (en) Birgit Reipert « Multiple sclerosis: a short review of the disease and its differences between men and women » The Journal of Men's Health & Gender 2004;1(4):334-340.
  11. (en) Judith M. Greer, Pamela A. McCombe « Role of gender in multiple sclerosis: Clinical effects and potential molecular mechanisms » Journal of Neuroimmunology 2011;234(1-2):7-18.
  12. « La disthyroïdie, un mauvais fonctionnement de la glande thyroïde », sur Passeport santé
  13. F Gaches, L Delaire, S Nadalon, V Loustaud-Ratti et E Vidal « Fréquence des maladies auto-immunes chez 218 patients atteints de pathologies thyroïdiennes auto-immunes  » La Revue de médecine interne 1998;19(3):173-179. DOI 10.1016/S0248-8663(97)80716-3 (résumé franco-anglais)
  14. J.P. Courrèges, É. Aboud, C. Coste, Ph. Decourt et R. Lamarca « Fréquence des maladies auto-immunes dans une population de diabétiques insulino-dépendants adultes » La Revue de médecine interne 1992;(13)7:S403. XXVIIe Congrès de la SNFMI, Société nationale française de médecine interne DOI 10.1016/S0248-8663(05)80982-8 (Résumé)
  15. (en) Karen M. Palaszynski, Kyi Kyi Loo, Judith F. Ashouri, Hong-biao Liu, Rhonda R. Voskuhl « Androgens are protective in experimental autoimmune encephalomyelitis: implications for multiple sclerosis », Journal of Neuroimmunology 2004;146(1-2):144-152. (Résumé)
  16. M. El-Etr, S. Vukusic, C. Confavreux, E.-E. Baulieu et M. Schumacher « Revue générale Hormones sexuelles et sclérose en plaques  », Médecine & Longévité, Volume 1, Issue 1, September 2009, Pages 3-11 DOI 10.1016/j.mlong.2009.06.005 (Résumé, en français)
  17. (en) S.D. Miller, E.M. Shevach « Immunoregulation of experimental autoimmune encephalomyelitis: editorial overview » Original Research Article Research in Immunology Volume 149, Issue 9, November-December 1998, Pages 753-759
  18. (en) « Sex Differences in Autoimmune Disease from a Pathological Perspective », The American Journal of Pathology, vol. 173, no 3,‎ 1er septembre 2008, p. 600–609 (ISSN 0002-9440, DOI 10.2353/ajpath.2008.071008, lire en ligne, consulté le 30 septembre 2018)
  19. (en) Rhonda Voskuhl, « Sex differences in autoimmune diseases », Biology of Sex Differences, vol. 2,‎ 4 janvier 2011, p. 1 (ISSN 2042-6410, PMID 21208397, PMCID PMC3022636, DOI 10.1186/2042-6410-2-1, lire en ligne, consulté le 30 septembre 2018)
  20. (en) Caroline Whitacre, « Sex differences in autoimmune disease », Nature immunology, vol. 2,‎ 1er octobre 2001, p. 777-780 (DOI 10.1038/ni0901-777, lire en ligne, consulté le 30 septembre 2018)
  21. N. H. Loukili, E. Noel, G. Blaison, B. Goichot, G. Kaltenbace, M. Rondeau and E. Andrès « Données actuelles sur la maladie de Biermer. À propos d'une étude rétrospective de 49 observations » La Revue de Médecine Interne Volume 25, Issue 8, août 2004, Pages 556-561 DOI 10.1016/j.revmed.2004.03.008 (Résumé)
  22. Patrick Cherin, Les polymyosites, http://www.orpha.net/data/patho/FR/fr-polymyos.pdf
  23. Maladie de l'homme raide sur Orphanet.
  24. (en) L.H. Sigal, « Lyme borreliosis (Lyme disease): interactions of 'Borrelia burgdorferi sensu lato with human (and other mammalian) hosts », Bulletin de l'Institut Pasteur, vol. 96, no 3,‎ juillet 1998, p. 189-206 (ISSN 0020-2452, DOI 10.1016/S0020-2452(98)80013-4, lire en ligne, consulté le 22 septembre 2012)
  25. LBranger, N. Schleinitz, S. Gayet, V. Veit, G. Kaplanski, M. Badier, A. Magnan and J. -R. Harlé « Le syndrome des poumons rétractés et les maladies auto-immunes  », La Revue de médecine interne, Volume 25, Issue 1, janvier 2004, pages 83-90 DOI 10.1016/j.revmed.2003.09.010 (, franco-anglais)

Voir aussi

Bibliographie

Vidéographie

Articles connexes

Liens externes