Théodulf d'Orléans

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Théodulf d'Orléans
Image illustrative de l’article Théodulf d'Orléans
Vie de Théodulphe en l'église éponyme de Trigny.
Biographie
Naissance v. 755
Catalogne
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Décès 18 décembre 820
Angers
Évêque de l'Église catholique
évêque d'Orléans
v. 798818

Théodulf d'Orléans (ou Théodulfe, Théodulphe ; en latin Theodulfus Aurelianensis,), né vers 755 en Espagne et mort le 18 décembre 820 (plutôt que 821) à Angers, est un homme d'Église et un lettré de l'époque carolingienne, évêque d'Orléans, protagoniste de la « renaissance carolingienne ».

Biographie

Origines et débuts

Théodulf avait des origines wisigothiques. Il naquit probablement dans le nord-est de l'Espagne (Catalogne). Sa famille s'établit aux alentours de 778 dans la région du Languedoc appelée Septimanie. Le jeune homme se consacra aux études.

Fort cultivé, il devint enseignant en Italie, où il fut repéré par Charlemagne, roi des Francs et des Lombards. Il fut accueilli à sa cour aux côtés d'autres lettrés comme l'Anglo-Saxon Alcuin ou le Lombard Paul Diacre. Il fit partie aussi du groupe de lettrés faisant partie de la truste de Charlemagne, groupe auquel les Romantiques ont donné abusivement le nom d'Académie palatine ; mais le prétendu surnom de « Pindare » qu'il y aurait reçu est une invention de Friedrich Lorentz (1829), déjà dénoncée par Ernst Dümmler en 1881, mais inlassablement reproduite, par routine, jusque dans les études les plus récentes.

Sa carrière dans le royaume franc de Charlemagne

La plus importante mission d'État que nous lui connaissions est celle de missus dominicus.

Charlemagne le nomma évêque d'Orléans, charge qu'il exerçait déjà en 798 (sans que l'on sache précisément l'année de sa nomination) et qu'il détint jusqu'en 818.

Il fut en même temps, pendant 19 ans et demi, abbé de Fleury, abbaye devenue Saint-Benoît-sur-Loire entre août 798 et mai 818.

Il assista au couronnement impérial de Charlemagne en 800, y reçut du pape le pallium et succéda à Alcuin comme conseiller théologique de l'empereur en 804.

Son rôle comme évêque et abbé

Théodulf organisa l'enseignement essentiellement dans l'Orléanais, créant des écoles paroissiales gratuites, des écoles épiscopales pour le niveau secondaire et des écoles monastiques. Il réforma le système d'hospitalisation et établit dans les couvents la règle bénédictine, qui astreignait les moines à la prière et au travail.

Comme Alcuin, il travailla pour Charlemagne à la révision de la version alors autorisée de l'Écriture sainte (texte traduit en latin et que nous appelons encore Vulgate). Il collationna ainsi des manuscrits de la Bible, et, anticipant les méthodes de Loup de Ferrières, utilisa des annotations précises pour distinguer l'origine des différentes leçons,. Nous avons conservé au moins six Bibles exécutées sous sa direction.

À Germigny-des-Prés, à une trentaine de kilomètres d'Orléans, Théodulf fit édifier en 806 un oratoire qu'il orna d'une mosaïque absidiale d'inspiration byzantine (unique exemple en France). Elle représente l'Arche d'alliance entre deux chérubins, symbole qui remplace une représentation de Dieu dans une optique qui est aussi celle des Libri Carolini ; cette chapelle est un des rares monuments d'époque carolingienne subsistant en France.

Son rôle comme théologien

Pendant le règne de Charlemagne, la crise iconoclaste ou Querelle des Images, née à Constantinople, connut une longue trêve (avant de se rallumer en 813 pour se prolonger jusqu'en 843). C'est Théodulf (comme cela a été définitivement établi à la fin du XXe siècle) qui rédigea, vers 793, le long manifeste intitulé Opus Caroli regis contra synodum (mais souvent appelé Libri Carolini), ainsi nommé parce qu'il fut écrit au nom de Charlemagne comme une réponse officielle de la monarchie franque au document venu de l'Empire byzantin à la suite du deuxième concile de Nicée (787). Dans ce texte, Théodulf, prenant appui sur Aristote et sur sa méthode logique, fustige la pratique de l'adoration des images, considérée comme idolâtre.

Il prend également position dans la controverse du Filioque : il participe en novembre 809 à l'assemblée générale (ou plaid ; parfois appelé concile ou synode) d'Aix-la-Chapelle, qui affirme la doctrine de la double procession, et il écrit à la demande de Charlemagne, à la même époque, un traité sur le Saint Esprit (De spiritu sancto).

Le règne de Louis le Pieux et la chute de Théodulf

Lorsque le roi Bernard d'Italie se révolta contre Louis le Pieux à l'automne de l'an 817, Théodulf fut accusé — à tort selon Egon Boshof— d'intelligence avec le rebelle. La même accusation fut portée contre Adalhard, Wala et Leidrade, mais Théodulf fut traité plus durement que ceux-ci : il fut déposé de son siège épiscopal et emprisonné en 818 à Angers, probablement à l'abbaye Saint-Aubin. Refusant de recouvrer sa liberté au prix d'un compromis, il demeura dans sa prison monastique, où il mourut le 18 décembre d'une année non précisée mais qui a toutes les chances d'être 820, trop tôt donc pour profiter de l'amnistie générale décrétée en octobre 821, au plaid de Thionville, qui permit le retour en grâce, entre autres, d'Adalhard et de Wala.

Colloque pour le 1200e anniversaire

Auparavant méconnu, de nos jours les chercheurs identifient son rôle très important dans le cadre de la renaissance carolingienne. C'est pourquoi s'est tenu, du 1er au 3 octobre 2021 à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, le colloque Un tombeau de papier pour Théodulf d'Orléans, au moment du 1200e anniversaire de sa mort.

Œuvres

Notes et références

  1. « Théodulfe d'Orléans », sur sources-chretiennes.mom.fr
  2. « Theodulfus Aurelianensis », sur documentacatholicaomnia.eu
  3. F. Lorentz, Alcuin's Leben. Halle, Kummel, 1829, p. 175.
  4. MGH, Poetae aevi Karolini, I (1881), p. 438, n. 6. Le seul surnom repérable de Théodulf est celui de "Goth" (Geta) qu'il se donne dans son Poème XXV (à Charlemagne), au vers 165.
  5. Louis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule : l'Aquitaine et les Lyonnaises, t. 2, Paris, A. Fontemoing et Cie, 1910, 2e éd., 488 p. (lire en ligne), p. 463
  6. J.Laporte « L'Abbaye de Fleury » dans Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques. Paris, Letouzey & Ané, tome XVII (1969), colonne 466.
  7. Théodulfe. « Théodulf d'Orléans sur le site Encyclopédie universelle de la langue française »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  8. L. D. Reynolds et N. G. Wilson (trad. C. Bertrand, P. Petitmengin), D'Homère à Érasme : la transmission des classiques grecs et latins , Paris, CNRS Éditions, 1986 (réimpr. 1986, 1991), XVI pl. + 262, 16x24 cm (ISBN 2-222-03290-3), « III- L’Occident latin », p. 72
  9. Concile de Mayence (813)
  10. Elles se trouvent aujourd'hui à : Paris (BnF, Latin 9380 "ms. de la cathédrale d'Orléans" ; Latin 11937, "ms. de Saint-Germain-des-Prés") ; Le Puy-en-Velay (Trésor de la Cathédrale, 1) ; Copenhague, Bibliothèque Royale, N.K.S.1 ; Londres, British Museum, Add. 24, 142, "ms. de Saint-Hubert" ; Stuttgart, Landesbibliothek, HB II, 16. Voir Léopold Delisle, « Les Bibles de Théodulf », dans Bibliothèque de l'École des Chartes, 40 (1879), p. 5-47.
  11. Voir Peter Bloch, « Das Apsismosaik von Germigny-des-Prés, Karl der Grosse und der Alte Bund », dans W. Braunfels & H. Schnitzler (éd.), Karl der Grosse. Tome III : Karolingische Kunst. Düsseldorf, L. Schwann, 1965, p. 234-261.
  12. A. Freeman, Theodulf of Orléans : Charlemagne's spokesman against the second council of Nicaea (2003).
  13. Fils de Pépin d'Italie, Bernard est le petit-fils de Charlemagne et le neveu de Louis le Pieux.
  14. E. Boshof, Ludwig der Fromme (1996), p. 145 et n. 310-311.
  15. Sur cette date de 820, voir Ph. Depreux, Prosopographie (1997), p. 385.
  16. Programme

Voir aussi

Bibliographie

Articles liés

Liens externes