Dey de Tunis

Le dey de Tunis (arabe : داي تونس) est le commandant militaire de la régence de Tunis, élu par le diwan ou conseil de la milice ottomane de Tunis, de 1591 à la disparition de cette fonction avec la prise de pouvoir progressive des beys mouradites.

En 1591, les quarante oda-bachi de Tunis (chefs de chambrées ou sous-officiers de la milice turque), surnommés deyi (signifiant « oncles maternels » en turc ottoman) par leurs soldats yoldach et soutenus par ces derniers, se révoltent contre le diwan et leurs officiers supérieurs. Ils choisissent un dey pour les représenter, instaurant par là-même une aristocratie militaire dirigeante.

Toutefois, la prééminence du pacha demeure, bien que symbolique, en gage de reconnaissance de la souveraineté du sultan ottoman. Le dey loge et occupe ses bureaux dans la kasbah, château disparu situé à la kasbah de Tunis. La fonction devient de plus en plus chaotique lors des « Révolutions de Tunis » et les deys sont de plus en plus marginalisés par les beys ; ils sont souvent en première ligne lors de l'éclatement d'une révolte dans les rangs de la milice et bon nombre d'entre eux finissent leurs mandats exécutés ou exilés. À l'instar des deys d'Alger, ils ont néanmoins un pouvoir quasi-absolu sur la régence de 1593 à 1647, date du décès d'Ahmed Khodja Dey.

Chronologie des deys

Anté-mouradite

Période mouradite

Vue de la mosquée élevée en 1612 par Youssef Dey dans la médina de Tunis.

Période husseinite

Disposant d'un rôle amoindri, les deys de la période husseinite deviennent des hauts fonctionnaires nommés par le bey ; ils jouent un rôle judiciaire et de chef de la police de Tunis. Ils président par ailleurs périodiquement le tribunal de la Driba qui tient ses séances dans le hall d'entrée du palais du dey, le Dar Daoulatli, dans la rue Sidi Ben Arous. Ils sont tous recrutés chez les officiers supérieurs de la milice turque de Tunis. On les appelle aussi dorénavant dawlatli.

Sous le règne de Sadok Bey, l'institution est supprimée en septembre 1860, à la mort du vieux Kshuk Mohamed, et remplacée par le conseil des Zaptié ou Dhabtiyé, dirigé par un président (raïs), pour assurer les fonctions de police à Tunis ; celui-ci subsiste jusqu'au protectorat français.

Références

  1. Andreas Tunger-Zanetti, La communication entre Tunis et Istanbul, 1860-1913 : province et métropole, éd. L'Harmattan, Paris, 1996, p. 45.
  2. Sadok Zmerli et Hamadi Sahli (ar), Figures tunisiennes, éd. Dar al-Gharb al-Islami, Beyrouth, 1993, p. 50.
  3. Paul Sebag, Tunis au XVIIe siècle : une cité barbaresque au temps de la course, éd. L'Harmattan, Paris, 1989, p. 10.
  4. Paul Sebag, op. cit., p. 98-99.
  5. Ammar Mahjoubi, Khaled Belkhodja et Abdelmajid Ennabli, Histoire générale de la Tunisie, tome III « Les temps modernes », éd. Sud Éditions, Tunis, 2007, p. 48 et 69 (ISBN 978-9973-844-76-7) (BNF 41330129).
  6. Mohamed El Aziz Ben Achour, Catégories de la société tunisoise dans la deuxième moitié du XIXe siècle, éd. Institut national d'archéologie et d'art, Tunis, 1989.
  7. Ibn Abi Dhiaf, Présent des hommes de notre temps. Chroniques des rois de Tunis et du pacte fondamental, vol. V, éd. Maison tunisienne de l'édition, Tunis, 1990, p. 47.

Voir aussi