Main de Dieu (art) est un sujet pertinent et d'un grand intérêt aujourd'hui. Son importance réside dans son impact sur différents aspects de la société, de la culture et de la vie quotidienne. Dans cet article, nous explorerons les aspects fondamentaux liés à Main de Dieu (art), en analysant son évolution au fil du temps, ses implications dans différents domaines, ainsi que les opinions et perspectives d'experts dans le domaine. Afin d'offrir une vue complète de Main de Dieu (art), nous aborderons différents points de vue et fournirons des informations mises à jour et pertinentes sur ce sujet.
La Main de Dieu (en latin : Manus Dei) est un motif de l'art juif et chrétien, en particulier de l'Antiquité tardive et du Haut Moyen Âge, lorsque la représentation de Yahweh ou de Dieu le Père comme une figure humaine était inacceptable. Dans les œuvres chrétiennes ultérieures, la main isolée est souvent remplacée par le corps complet dont la représentation était devenue acceptable dans l'Occident chrétien, mais pas dans l'art orthodoxe ou juif.
La main est utilisée pour indiquer une intervention de Dieu ou son approbation d'un événement, souvent dans un geste de bénédiction dans l'art chrétien.
Il s'agit d'un symbole artistique qui n'a généralement pas pour but d'indiquer qu'une main était physiquement présente ou visible.
Il existe de nombreuses références à la main ou au bras de Dieu dans la Bible hébraïque, dont la plupart sont clairement symboliques, mais certaines peuvent faire l'objet d'une interprétation littérale.
La synagogue de Doura Europos, l'un des monuments les plus importants pour l'étude de l'art juif dans l'Antiquité, témoin du judaïsme synagogal, contient la représentation de la main de Dieu dans cinq scènes différentes.
On retrouve la symbolique de la main divine dans des traditions d'autres religions du Proche-Orient ancien[1], par exemple la Khamsa, ou encore dans l'art amarnien en Égypte sous Akhénaton, où les rayons du disque solaire d'Aton se terminent par de petites mains pour suggérer la générosité de la divinité.
La main de Dieu, avec ou sans bras attaché, est l'un des anthropomorphismes les plus fréquemment utilisés dans la Bible hébraïque. Les références à la main de Dieu apparaissent à de nombreuses reprises dans le Pentateuque, en particulier dans le récit de l'Exode des Israélites d'Égypte.
Littérature rabbinique
Au sein de l'aggada, la main de Dieu apparaît fréquemment et la littérature rabbinique développe ces passages bibliques.
Nouveau Testament
Il n'y a aucune référence à la main de Dieu en tant qu'acteur ou témoin dans le Nouveau Testament. Cependant, la voix de Dieu se fait entendre à trois reprises dans les Évangiles (Mt 3,17 ; Jn 12,28 ; Mt 17,5), et la main de Dieu est souvent utilisée pour la représenter dans les arts visuels.
Dans la synagogue de Beth Alpha, la main de Dieu est représentée sur le Sacrifice d'Isaac, mosaïque sur le sol de la nef[4].
Mosaïque du sacrifice d'Isaac, Beth Alpha, VIe siècle.
Synagogue de Susya
Dans la synagogue de Susya, la main de Dieu apparaît sur un panneau en marbre de la Bimah, qui illustrait peut-être une scène biblique telle que Moïse recevant les Tables de la loi ou le sacrifice d'Isaac[5]. La main a été volontairement détruite par des iconoclastes, mais on peut néanmoins voir le pouce et quelques doigts[6]. Gideon Foerster affirme que la main tenait un rouleau de la Torah[7].
Haggadah à tête d'oiseau
La main de Dieu apparaît dans la Haggadah à têtes d'oiseaux, réalisée en Allemagne au début du XIVe siècle. Deux mains de Dieu apparaissent sous le texte du chant Dayenu(en), distribuant la manne. La Haggadah à têtes d'oiseaux est le plus ancien manuscrit enluminé de ce texte.
Dans l'art chrétien, la main de Dieu est traditionnellement interprétée comme symbolique plutôt que comme l'indication de la présence physique ou visible de Dieu. À la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge, toute représentation de la figure de Dieu été considérée comme une violation du Deuxième Commandement. La représentation de la main de Dieu s’est ainsi développée comme un compromis avec le Deuxième Commandement, bien que des interprétations anthropomorphes sont également plausibles[8],[9],[10].
Dans les œuvres chrétiennes ultérieures, la main isolée est souvent remplacée par le corps complet, dont la représentation était devenue acceptable dans l'Occident chrétien, mais pas dans l'art orthodoxe chrétien ou juif.
Pour représenter la main sans corps attaché, les artistes choisissent généralement de la faire émerger d'un nuage (un nuage est mentionné comme source de la voix de Dieu dans les récits évangéliques de la Transfiguration de Jésus), d'une bordure de l'image ou encore d'une couronne de laurier.
Si la main de Dieu n'accomplit pas une action, elle prend généralement la forme d'un geste de bénédiction ou est simplement représentée la paume ouverte. Dans ce cas, elle est souvent accompagnée d'un halo servant à cacher l'extrémité. Si le halo est cruciforme, il fait référence aux concepts de Logos et de Préexistence du Christ. Le geste de bénédiction consiste à pointer avec l’index et le majeur, les autres doigts repliés vers l’arrière et le pouce détendu. Il existe un autre geste de bénédiction, byzantin, plus compliqué, qui représente les lettres grecqueschi et sigma, abréviation de Christos. Ce geste est formé en croisant le pouce et l'annulaire à l'intérieur de la paume, avec l'index droit et les autres doigts légèrement fléchis[11].
Dans certaines œuvres, notamment les mosaïques romaines, la main descend du haut de l'image en serrant le bas d'une couronne et le bras disparaît sous le haut de la couronne.
Un ou plusieurs anges, agissant comme messagers de Dieu, peuvent apparaître à la place de la main.
Dans l'art chrétien, la main peut représenter Dieu le Fils ou le Logos, et sera ultérieurement substituée par un petit portrait du Christ dans un cadre circulaire similaire, surtout chez les orthodoxes. En Occident, la main représente plutôt Dieu le Père, et ce sera son portrait qui la remplacera. Cependant, il n'est pas toujours évident de savoir à qui appartient la main, sauf dans les scènes où Jésus incarné est explicitement représenté.
Le sacrifice d'Isaac : sur le sarcophage de Junius Bassus, Abraham est retenu par la main, qui saisit son couteau. L'utilisation de la main dans cette scène plutôt que l'ange mentionné dans la Bible, souligne l'acceptation du sacrifice par Dieu, ainsi que sa volonté de l'arrêter. Le sacrifice d'Isaac apparaît pour la première fois dans l'art chrétien au IVe siècle[13].
Psaumes : le psautier carolingien d'Utrecht illustre de manière atypique presque tous les psaumes et montre la main de Dieu dans au moins 27 de ces images, et encore plus fréquemment la figure du Christ dans les cieux[16].
Dans la Genèse de Vienne[17], la main est représentée dans de nombreuses scènes : expulsion d'Adam et Ève du paradis, alliance avec Noé, promesse à Abraham, ...
Le baptême du Christ : la main représente la voix de Dieu et la colombe représente le Saint-Esprit, montrant ainsi l'implication de toute la Trinité[18]. La main ne semble jamais apparaître sans la colombe, car le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe est mentionné dans l'Évangile de Marc (Mc 1,10-11). La colombe et la main sont généralement situées au centre, pointant vers Jésus.
La transfiguration de Jésus : l'évangile de Gladzor contient une illustration sur laquelle on peut voir la main formant une bénédiction et la colombe[19].
L'Agonie dans le jardin : le premier exemple connu se trouve dans l'Évangéliaire de saint Augustin (VIe siècle)[20], bien qu'un ange soit le plus souvent représenté. C'est la troisième et dernière fois que la voix de Dieu est mentionnée dans les évangiles (Jn 12,28).
La main peut également accompagner des saints, soit dans une scène emblématique, soit en accomplissant un miracle associé au saint – dans la théologie catholique, un miracle est la manifestation de la puissance et de l'intervention de Dieu[21].
Dans les icônes orthodoxes, la main est un motif encore actuellement utilisé, émergeant généralement de cercles concentriques.
Elle est représentée sur des scènes de la Bible ou en présence des saints, et parfois identifiée comme appartenant à Jésus. Des variantes de la même icône remplacent la main par une image de Jésus, procédé également utilisé dans des œuvres occidentales à partir de l'an 1000.
Reconstitution de la Main de Justice utilisée lors du couronnement de Napoléon en 1804, Musée du Louvre.
La main apparaît souvent en train de bénir les dirigeants. Elle peut également tenir ou déposer une couronne sur leur tête.
Les pièces de monnaies font fréquemment figurer la main de Dieu. On la retrouve à plusieurs reprises sur les pièces de l'empire byzantin à partir du IVe siècle, principalement couronnant les impératrices (Galla Placidia, Pulchérie, ...)[24]. Une pièce de monnaie posthume de Constantin Ier montre l'empereur sur un char avec la main de Dieu descendant du ciel[25], combinant l'iconographie chrétienne avec le symbole païen de l'aigle emportant les empereurs déifiés au ciel.
Dans les œuvres byzantines ultérieures, la main est souvent remplacée par une figure complète du Christ plaçant une couronne sur la tête[26].
La Main de Justice, qui fait partie des insignes traditionnels du couronnement français, était un sceptre terminé par une main en ivoire dans le geste de bénédiction. Ce sceptre évoque la main de Dieu (puissance divine) pour légitimer la puissance royale[28].
Pièce de monnaie de l'impératrice byzantine Eudoxie couronnée par la main de Dieu, IVe siècle.
À partir du XIVe siècle, les représentations du corps entier deviennent plus courantes dans l'art occidental, mais restent rares et controversées dans le monde orthodoxe. L'œuvre de Michel-Ange, La Création d'Adam, représente la main de Dieu sur un fond uni qui rappelle le motif antérieur.
La main isolée ne disparaît pas pour autant, et connaît un regain de popularité chez les protestants. Daniel Hopfer[29] et d'autres illustrateurs continuent d'utiliser le motif, et Jean Calvin l'utilise comme emblème personnel. Elle est librement utilisée pour illustrer les retombées politiques et religieuses de la Réforme protestante, comme lors de la révolte des Pays-Bas.
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