Maurice Maindron

Apparence déplacer vers la barre latérale masquer Maurice Maindron Description de cette image, également commentée ci-après Maurice Maindron
photographié par Maurice-Louis Branger. Données clés
Naissance 7 février 1857
Ancien 12e arrondissement de Paris
Décès 19 juillet 1911 (à 54 ans)
4e arrondissement de Paris
Activité principale Romancier, nouvelliste, archéologue (armes) et entomologiste.
Distinctions Prix Maillé-Latour-Landry (1896)
Chevalier de la Légion d'honneur Chevalier de la Légion d'honneur (juillet 1900)
Prix Sobrier-Arnould (1900)
Prix Kastner-Boursault (1908)
Président de la Société entomologique de France en 1910
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres Roman et nouvelles

Œuvres principales

Compléments

Signature de Maurice Maindron

Maurice Maindron (né à Paris en 1857, mort en 1911, inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris) est un écrivain et entomologiste français.

Fils de l'ingénieur et sculpteur Hippolyte Maindron, Maurice Maindron naît à Paris et montre tout jeune, avec son ami Henry Desbordes, un goût très vif pour l’histoire naturelle, et spécialement pour l’entomologie. Il fréquente dès 1875 le Laboratoire du Muséum national d'histoire naturelle, où Jules Künckel d'Herculais le présente à Émile Blanchard, et où il est embauché pour ranger les hyménoptères. Avant l'âge de 20 ans, il s'embarque avec Achille Raffray pour la Nouvelle-Guinée (1876-1877). Il rejoint en 1878 la Société entomologique de France, avant de s'embarquer pour une série de missions qui le mènent au Sénégal (1879), en Inde (1880-1881), en Indonésie (1884-1885), à Obock et en Somalie (1893), au Pakistan et en Arabie (1896), de nouveau en Inde (1900-1901) et encore au Sénégal (1904). Plusieurs de ces missions étaient, au moins en partie, financées par le Muséum, et Maindron devait récolter insectes et autres animaux pour les collections nationales.

Vulgarisateur

Maurice Maindron. Similigravure de J. Mauge d'après Nadar.

À Paris, Maindron vit de sa plume. Après un premier ouvrage sur Les Armes (1890), c’est la vulgarisation scientifique qui l’occupe surtout, pour laquelle il produit de très nombreux travaux : outre des dizaines d’articles parus dans diverses revues (La Nature, Le Musée des Familles, La Revue horticole, etc.), et quelques ouvrages tels Les Papillons (1888), Les Hôtes d’une maison parisienne (1891), ou Le Naturaliste amateur (1897), il collabore, de 1886 à 1890, au deuxième Supplément du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, où il donne plus d'un millier d'articles de zoologie.

Pendant la même période, il rédige tous les articles d’histoire naturelle, soit environ vingt mille, pour la nouvelle édition du Dictionnaire des Dictionnaires de Napoléon Landais. À partir de 1894, il est attaché à La Grande Encyclopédie de Marcellin Berthelot, où il donne les articles d’entomologie à partir de la lettre H, et tous ceux sur les armes anciennes depuis la lettre E. Enfin, il est l’auteur d’un nombre immense d’articles de zoologie et d’archéologie contenus dans les sept volumes et le supplément du Nouveau Larousse illustré (1897-1906).

Entomologiste

Après les Hyménoptères, il choisit de travailler sur les Coléoptères, spécialement les Cicindelinae et Carabidae du globe, groupes qu'il étudiera pendant le reste de sa vie. Il en réunit une collection très complète et leur consacre régulièrement des publications scientifiques. Son statut est celui d’un amateur, mais il semble qu’il ait envisagé une carrière professionnelle. En tout cas, il rédige en 1895 une notice de travaux scientifiques. Peut-être espérait-il que Künckel d'Herculais succédât à Blanchard, ce qui aurait libéré un poste d’assistant auquel lui-même aurait pu être candidat. Mais l’affaire tourna court : le poste de Professeur échut à Eugène Bouvier, et Maindron ne fut jamais nommé au Muséum. Cet épisode joua un certain rôle dans la méfiance que, tout le reste de sa vie, il montrera vis-à-vis de l’établissement et de certains membres de son personnel. Il restera, par contre, très attaché à la Société entomologique de France qu'il présida en 1910.

Ses collections de coléoptères, léguées à un autre voyageur entomologiste, Guy Babault (1888-1930), sont entrées au laboratoire d'entomologie du Muséum avec la collection de celui-ci. Ses araignées, récoltées à l'intention de son ami Eugène Simon, ont été étudiées par ce dernier.

Notes et travaux d'entomologie

On doit à Maurice Maindron 41 notes d'entomologie principalement dédiées aux Coléoptères. Ces travaux ont permis la description de genres et de sous-genres de Coléoptères Carabidae comme:

Au moins 51 espèces nouvelles ont aussi été décrites de diverses régions du monde.

Hommages

Laccophilus maindroni HabitusDors ZooKeys - Lachnoderma maindroni

Les genres et espèces dédiés à Maurice Maindron sont innombrables et n'ont pas encore fait l'objet d'un travail particulier sur le sujet. Les dédicaces touchent de nombreux domaines de l'histoire naturelle.

Littérateur

Ce bon Monsieur de Véragues, 1895. Couverture illustrée par Job.

Ayant abandonné l’idée d’obtenir un poste au Muséum, il se tourne vers la littérature, et publie — dès cette même année 1895 — un premier roman historique, qui sera couronné du prix Maillé-Latour-Landry par l’Académie française en 1896 : Le Tournoi de Vauplassans.

Les titres se succèdent ensuite régulièrement, qu’il s’agisse de romans ou de recueils de nouvelles : Saint-Cendre (1898), Récits du Temps passé (1899 - Prix Sobrier-Arnould de l’Académie française), Blancador l’Avantageux (1901), Saint Cendre, curieux roman érotique illustré par Albert Édouard Puyplat (Fasquelle, 1902), Monsieur de Clérambon (1904), L’Arbre de Science (1906), Le Carquois (1907), La Gardienne de l’Idole noire (1910), Ce bon M. de Véragues (1911), L'incomparable Florimond (1912) et Dariolette (1911), roman posthume. S’y ajoutent un volume sur l’art indien (1898), une pièce de théâtre (1905), un Dictionnaire du costume du Moyen Âge au XIXe siècle (1907), des souvenirs de voyage dans l’Inde du Sud (1907 et 1909), ainsi que de nombreuses nouvelles pour un public adulte et des récits d’aventures pour la jeunesse, comme Le Scarabée d 'ambre, notice dans les collections du musée national de l'éducation (1897).

L'Académie française lui décerne également le prix Kastner-Boursault en 1908.

Il écrit aussi des articles et donne des conférences sur les sujets les plus variés : histoire (la mort de Jeanne d'Arc, les alchimistes, Marie Stuart, etc.), sur les arts appliqués, et notamment les armes, sur les contrées que ses voyages lui avaient permis de connaître (la Nouvelle-Guinée, le Sud de l’Inde, le Sénégal et Djibouti), voire sur des questions politiques (« Le sacerdoce de l’instituteur et l’ordination laïque »), ou sur des sujets d’actualité qui le touchaient particulièrement (« Un poète de l’entomologie : Jean-Henri Fabre »).

Vie privée

Grâce à son activité littéraire, Maindron se fit apprécier de José-Maria de Heredia, l’illustre auteur des Trophées (1893), dont le rapprochait aussi un goût commun pour l’érudition, pour la Renaissance, ainsi que pour les armes et armures. Il sut aussi plaire à l’aînée des trois filles du poète, Hélène-Élisabeth de Heredia (1871-1952), qu’il épousa en 1899. Ses deux beaux-frères étaient Henri de Régnier et Pierre Louÿs. À partir de ce moment, on devine un changement dans la fortune de Maindron. Il est possible que José-Maria de Heredia ait tenu à doter convenablement sa fille aînée, et cela malgré une impécuniosité chronique, encore accentuée par les dettes de jeu. En tout cas, le jeune ménage s’installe dans un vieil hôtel du quai Bourbon, où Maindron peut déployer sa bibliothèque, ses collections d’insectes, d’armes et d’objets d’art. Sa vie devient plus brillante. En 1900, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Après sa mort, sa veuve se remarie avec l'homme de lettres René Doumic.

L'Arbre de Science

Portrait de Maurice Maindron en 1898.

Dans l’œuvre littéraire de Maurice Maindron, partagée entre des récits historiques placés pour la plupart à l’époque des guerres de religion, et quelques autres textes souvent d’inspiration exotique et situés dans les contrées d’Asie qu’il affectionnait, un seul ouvrage est qualifié de « roman moderne » et semble bien, au moins en partie, autobiographique : L’Arbre de Science,, publié en 1906 mais dont l’action paraît se situer en 1898-1899. Pour les naturalistes, ce texte est un classique, car il est le premier roman consacré au Muséum. L’intrigue en est simple : elle décrit l’ascension irrésistible d’un jeune arriviste, Lionel Gauguet, aide-naturaliste, qui parvient, grâce à ses appuis politiques et mondains, et en usurpant les travaux d’autrui, à obtenir à l’âge de vingt-sept ans la chaire de mammalogie de l’ « Institut zoologique » (où l’on peut reconnaître le Muséum, plus précisément la Galerie de Zoologie, ouverte en 1889). Chemin faisant, le roman brosse de toute la société de l’époque un tableau pittoresque, centré sur le Muséum d’Histoire naturelle, ses laboratoires, ses cours et démonstrations, ses professeurs, assistants, préparateurs et « voyageurs-naturalistes ». Maindron faisait partie de ces derniers, dont il décrit précisément le statut professionnel et social. Au passage aussi, le roman offre un certain nombre de croquis du plus haut intérêt, comme les séances de la « Société carcinologique » (c’est-à-dire la Société entomologique de France), avec ses figures d’amateurs à la fois ridicules et familières ; comme aussi, dans un genre plus grave, plusieurs scènes où l’auteur dépeint le manque de scrupule et la bassesse de certains personnages, prêts à tout pour nuire à leurs adversaires, réels ou supposés, et pour « arriver » . En somme, L’Arbre de science offre un témoignage unique, même s’il est déformé et brouillé par les obsessions et les rancunes de son auteur, de ce que pouvaient être, il y a cent ans, le Muséum, ses enjeux, ses pratiques et ses hommes — célèbres ou complètement oubliés.

Fin de vie

Au cours d'un des deux scrutins du 26 mai 1910, il s’en fallut de peu que Maindron ne fût élu à l’Académie française, mais ce fut finalement une élection blanche ; Heredia, mort en 1905, n’était plus là pour appuyer sa candidature. Il est probable aussi qu’Edmond Perrier (1844-1921), directeur du Muséum, membre de l’Académie des Sciences, très puissant à l’Institut, et qui ne pardonnait pas à Maindron de l’avoir férocement caricaturé dans L’Arbre de science sous le nom de Mirifisc, ait joué un rôle dans cet échec. Maindron trouva une certaine consolation, la même année, dans son élection à la présidence de la Société entomologique de France, qui lui causa — dit son biographe — « une joie réelle ».

Il mourut l’année suivante, peut-être des suites d’une maladie contractée sous les tropiques. Sa collection d’insectes est conservée au Muséum national d'histoire naturelle (service d’Entomologie)... (Henri de Régnier lui rend hommage dans son ouvrage "De mon temps... 1933"): "Au moment où, par ce chaud matin d'été, le convoi se mettait en route vers le cimetière, un beau papillon aux ailes palpitantes voleta et se posa sur les fleurs d'une des couronnes funéraires, adieu ailé au bon entomologiste qu'avait été Maurice Maindron, haut écrivain français".

Références

Notes

  1. Voir Raffray (Achille), « Voyage à la côte nord de la Nouvelle-Guinée », Bulletin de la Société de Géographie, mai 1878, p. 385-417, carte dépl.
  2. « Origines », sur GeneaNet (consulté le 21 décembre 2018)
  3. Publié chez Hachette, coll. La Bibliothèque des merveilles
  4. Eugène Simon (1897) Arachnides recueillis par M. M. Maindron à Mascate, en octobre 1896, in: Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle, Paris, III: p. 95-97 ; Eugène Simon (1905) Voyage de M. Maurice Maindron dans l'Inde méridionale (mai à novembre 1901), 7e Mémoire. Arachnides (1re partie), in: Annales de la Société entomologique de France, 74: p. 160-180
  5. Henry Desbordes, 1911.- Notice nécrologique sur Maurice Maindron. Annales de la Société entomologique de France, LXXX: 503-510.
  6. Maindron (Maurice), L’Arbre de science, roman moderne, Paris : Alphonse Lemerre, 1906, in-18 jésus, (VIII) + 448 p.
  7. Le Mercure de France du 15-VII-1906 publia (p. 254-255) une élégante critique de ce livre, signée « Rachilde » : Un gros volume qui n’a rien sacrifié à la coquetterie romanesque, mais qui semble formé de sérieux documents humains. Tous ces grands naturalistes (de l’espèce empailleurs) sont aux prises, se tenaillant les uns les autres du bout de leurs pinces à disséquer. C’est la coutumière lutte pour les emplois et les honneurs où les jeunes gonflés au soleil de la publicité parisienne s’efforcent de passer sur les ventres maigres des anciens séchés par tous les vents du désert. (...) Le type sympathique de l’abbé Verteville se laissant dépouiller, par pure bonhomie, de son histoire de la descendance porcine, doit être connu et même facile à reconnaître, car il y a une clé sur la serrure, cela se sent. (...) Il faut citer la délicieuse anecdote du lamantin . Pour la gouverne de ceux qui ne sauraient pas ce que c’est qu’un lamantin, disons tout de suite que cet animal, de la famille des baleines, représente, de nos jours, le dernier échantillon de la sirène antique. J’entends d’ici Lionel Gauguet , enseignant les jolies sirènes modernes dans une conférence scientifico-fantaisiste, affirmant que lamantin vient de lamentation et rappelant, avec des effets de cravate, que le chant des sirènes peut être aussi rempli de sanglots. (le trait final est une allusion à Heredia, le premier sonnet des Trophées se terminant par le vers célèbre : « La Mer qui se lamente en pleurant les Sirènes »).

Bibliographie

Liens externes