Pie II

Pie II
Image illustrative de l’article Pie II
Détail du portrait peint par van Wassenhove et Berruguete (vers 1476. Studiolo de Frédéric III de Montefeltro, Urbino).
Biographie
Nom de naissance Enea Silvio Piccolomini
Naissance 18 octobre 1405
Corsignano,  République de Sienne
Père Silvio Piccolomini (d)
Mère Vittoria Forteguerri (d)
Décès 15 août 1464 (à 58 ans)
Ancône, République d'Ancône République d'Ancône
Pape de l'Église catholique
Élection au pontificat 19 août 1458
Intronisation 3 septembre 1458
Fin du pontificat 14 août 1464
(5 ans, 11 mois et 26 jours)
Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Pie II, de son nom de naissance Enea Silvio Piccolomini, et généralement connu dans la littérature sous son nom latin Æneas Sylvius (né le 18 octobre 1405 à Corsignano, dans la République de Sienne et mort le 15 août 1464 à Ancône), est le 210e pape de l'Église catholique (du 19 août 1458 au 14 août 1464).

Sa vie est illustrée par les dix fresques du Pinturicchio (et de Raphaël) dans la libreria Piccolomini.

Principales étapes de sa vie jusqu'à son avènement

Il est né le 18 octobre 1405, et est le fils de Silvio Piccolomini de la Famille Piccolomini. Formé à Sienne et à Florence, alors foyers d'humanisme, Enea Silvio commence très jeune sa carrière dans le domaine diplomatique.

Il participe au concile de Bâle (1431-1449), où il assume une charge prééminente comme orateur et secrétaire.

Il avait au moins deux enfants illégitimes (nés hors mariage), un à Strasbourg et un autre en Écosse, tous deux nés avant son entrée dans les ordres. Pie a tardé à devenir prêtre en raison de la nécessité de faire vœu de chasteté.

Quand le pape Eugène IV transfère le concile à Ferrare, en 1438, Enea reste à Bâle avec les dissidents. Il fait partie de la délégation qui porte à Amédée VIII de Savoie l'annonce de sa nomination au pontificat. Devenu l'antipape Félix V (1439-1449), celui-ci le nomme son secrétaire.

Couronné poète lauréat en 1442 par l'empereur Frédéric III, pour son œuvre poétique et romanesque, il devient secrétaire de cet empereur qui l'utilise comme ambassadeur.

En 1445, au cours d'une mission, il choisit de se rallier au pape légitime de Rome, Eugène IV, et abjure devant lui ses erreurs. Il est nommé en 1446 secrétaire apostolique du pape. Il joue un rôle majeur dans le ralliement de l'Allemagne, qui jusque-là était restée neutre, à Eugène IV.

Il est ordonné prêtre le 4 mars 1447 et nommé évêque de Trieste le 19 avril 1447, puis de Sienne le 23 septembre 1450.

Il est envoyé comme nonce en Autriche et en Bohême par le pape Nicolas V. Pendant son séjour en Autriche, il écrit (1450) pour le jeune roi de Hongrie et de Bohême Ladislas un traité de l'éducation des enfants :Tractatus de liberorum educatione ad Ladislaum Ungariae et Bohemiae regem.

Créé cardinal le 17 décembre 1456 par le pape Calixte III, il est nommé évêque de Varmie le 12 août 1457. Il est élu pape le 19 août 1458, sous le nom de Pie II, et couronné le 3 septembre à la basilique Saint-Pierre de Rome.

Les grandes dates de son pontificat

Détail de la fresque Arrivée à Ancône peinte par le Pinturicchio. 1504. Scènes de la vie de Pie II de la Libreria Piccolomini. Cathédrale de Sienne.

Comme son prédécesseur, Pie II consacre toute son activité de pontife à la préparation de la croisade contre les Turcs, qui viennent de s'emparer de Constantinople (en 1453) et menacent la chrétienté.

Il crée un ordre de chevaliers appelé l’Ordre de Jésus, institué à Rome en 1459 pour organiser avec leur concours une croisade populaire.

Le 11 janvier 1459, il réorganise l'université d'Avignon, y refondant une faculté de médecine qui n'a encore pratiquement jamais fonctionné et dont la chaire ne sera occupée pour la première fois qu'en 1467. Puis le 12 novembre, il publie la bulle de fondation de l'université de Bâle, dotée d'une faculté de médecine dès sa création.

Il réunit un congrès à Mantoue (Lombardie) du 1er juin 1459 au 14 janvier 1460, immédiatement après son élection, où il convoque tous les princes chrétiens d'Europe pour tenter de laver l'affront subi par son prédécesseur, lorsque le roi Alphonse de Naples, profitant habilement de la mobilisation d'une flotte sous la bannière du Christ, l'envoya combattre les Génois, et détourna à son profit une grande partie des fonds récoltés au titre de la dîme de croisade pour mener la guerre sainte en Orient. Mais le succès est mitigé. Il en profite pour entreprendre une inspection générale de ses Etats.

Le 18 janvier 1460, à Mantoue, il publie la bulle Execrabilis qui interdit les appels au concile et condamne le conciliarisme, comme doctrine de la supériorité du concile sur le pape.

À son retour à Rome, il réprime une conjuration qui s'est dressée contre le pouvoir temporel des papes, et se termine par l'exécution de Tiburzio et des principaux meneurs, le 31 octobre 1460.

En 1461, il écrit une Lettre à Mehmet II le Conquérant ottoman qui a pris Constantinople en 1453 (Epistola a Maometto) lui promettant de le reconnaître comme nouvel Empereur d'Orient s'il se convertit au catholicisme et protège l’Église. Cette lettre, très controversée, n'a jamais été envoyée.

Il canonise Catherine de Sienne le 29 juin 1461 au milieu de grandes festivités.

Cette même année 1461, Giovanni di Castro découvre les gisements d'alun de La Tolfa, sur le territoire pontifical, qui procurent au Saint-Siège d'importants revenus.

Le 12 avril 1462, réception solennelle à Rome du chef (de la tête) de saint André, enlevé à Patras par le despote de Morée, Thomas Paléologue. Le pape promet à cette occasion que la précieuse relique sera rendue à son siège « quand Dieu le voudra ». Cette promesse est réalisée par le pape Paul VI.

Le 12 avril 1462, dans la lettre Rubicensem, adressée à l'évêque de Guinée portugaise, il qualifie l'esclavage des Noirs de grand crime (magnum scelus).

En 1462, il élève son village natal de Corsignano au rang de ville et de résidence épiscopale, sous le nouveau nom de « Pienza », dérivé de Pius. Il entreprend un vaste programme confié à l'architecte Bernardo Rossellino, destiné à faire de Pienza une cité idéale de la Renaissance.

Profitant d'une période favorable de paix entre les États d'Europe, le 22 octobre 1463, il déclare la guerre aux Ottomans.

Le 18 juin 1464, il se dirige vers Ancône, sur l'Adriatique, où il attend les Vénitiens et le duc Philippe de Bourgogne, pour conduire la guerre contre les Turcs.

Pie II meurt d'épuisement le 15 août (souffrant depuis longtemps de la goutte), et l'entreprise est abandonnée. Son corps est inhumé à Rome dans l'église Sant'Andrea della Valle.

Bulles

(liste non exhaustive)

Activité littéraire

Aeneas Sylvius fait partie des écrivains de l'humanisme du Quattrocento. Son œuvre variée, en latin, aborde divers genres. Il reste à ce jour le seul pape ayant laissé de son temps et de son règne une chronique détaillée : les Commentarii. Cet homme curieux (l’une de ses fréquentes remarques était « L’avare n’est jamais satisfait de son argent, ni le sage de son savoir ») se faisait ainsi appeler « varia videndi cupidus », « désireux de voir une quantité de choses ».

Les Commentaires

Les commentaires (Commentarii rerum memorabilium quae temporibus suis contigerunt) sont écrits en latin dans un style plein d'humour et de fraîcheur, composés de XIII livres, rédigés de 1462 à 1464. Ces mémoires constituent le chef-d'œuvre littéraire de ce brillant représentant de la Renaissance qu'était Enea Silvio Piccolomini. Véritable testament politique, religieux et humain, ils ont une grande valeur documentaire. Les observations sont assorties de larges descriptions de la nature, qui préfigurent Goethe ou Rousseau, et de remarques et réflexions personnelles très originales.

Les pages de bravoure ne manquent pas. Citons entre autres :

Autres œuvres

Notes et références

  1. (en) Nicholas Weber, « Pope Pius II », sur Catholic Encyclopedia, 1911 (consulté le 24 novembre 2014)
  2. Gustave Bayle, « Les Médecins d'Avignon au Moyen Âge », Annuaire de Vaucluse,‎ 1882, p. 17-18 (lire en ligne)
  3. Paul Roth, « Petrus Ramus et l'Université de Bâle », dans Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, vol. XL, Genève, 1961, 682 p. (lire en ligne), p. 271
  4. Sophie Cassagnes-Brouquet, Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe – XVIe siècle, Paris, Ellipses, 2011, 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6), Les tyrans à l'oeuvre (page 283)
  5. Luca D'Ascia, Il Corano e la Tiara - l'epistola a Maometto di Enea Silvio Piccolomini, Edizioni Pendragon, 2001, p. 13.
  6. Alphonse Quenum, Les Églises chrétiennes et la traite atlantique du XVe au XIXe siècle, Paris, Kartala, 1993
  7. Cartulaire de l'Abbaye de Saint-Martin d'Autun, Charte 155 et 156.
  8. Eugenio Garin, Ritratto di Enea Silvio Piccolomini, in Ritratti di umanisti, Firenze, Sansoni, 1997, pp. 9-39.
  9. Serge Stolf, « Images de l’homme d’Église chez E. S. Piccolomini-Pie II », Cahiers d'études italiennes, no 13,‎ 2011, p. 187-212 (lire en ligne)
  10. Wagendorfer, 2 vol., Hanovre, 2009
  11. Serge Stolf, « L’Europe et ses « Européens » vus par Enea Silvio Piccolomini (1458) », Cahiers d'études italiennes, no 27,‎ 2018 (lire en ligne)
  12. Piccolomini Enea Silvio, De Europa, A. van Heck (éd.), Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, 2001.
  13. Serge Stolf, « De Europa et Asia d’Enea Silvio Piccolomini : migrations, invasions, ancrages, un état des lieux de l’Europe au xve siècle », ILCEA, no 28,‎ 2017 (lire en ligne)
  14. (en) Ludwig Freiherr von Pastor et Frederick Ignatius Antrobus, The history of the popes : from the close of the middle ages, Londres, 1913
  15. Portail Biblissima
  16. Vincent Capdepuy, « Les « grands territoires » au Moyen Âge, réalités et représentations », CRMH, no 21,‎ 2011 (lire en ligne)
  17. (en) Edward Wilson-Lee (ill. Joe McLaren), The Catalogue of shipwrecked books : Young Columbus and the Quest for a Universal Library, Londres, William Collins, 2019, 416 p. (ISBN 9780008146245), chapitre V
  18. Saint-René Taillandier, « Le Roi Georges de Podiebrad, épisode de l’Histoire de Bohême », Revue des Deux Mondes, t. 40,‎ 1862, p. 915-956
  19. Romane Carmon, Saviez-vous que le pape Pie II avait écrit un roman érotique ? , RTBF Culture, 15-01-2021.

Voir aussi

Bibliographie

Éditions modernes des œuvres de Pie II Ouvrages sur Pie II

Articles connexes

Liens externes