Frédéric Dard

Apparence déplacer vers la barre latérale masquer Frédéric Dard Description de cette image, également commentée ci-après Frédéric Dard en 1992. Données clés
Nom de naissance Frédéric Charles Antoine Dard
Alias San-Antonio, Frédéric Charles, Frédéric Antony, Max Beeting, Maxel Beeting, William Blessings, Eliane Charles, Leopold Da Serra, Antonio Giulotti, Verne Goody, Kill Him, Kaput, Cornel Milk, L'Ange Noir, Wel Norton, F. D. Ricard, Sydeney
Naissance 29 juin 1921
Jallieu (Isère), France
Décès 6 juin 2000 (à 78 ans)
Bonnefontaine (Fribourg), Suisse
Activité principale Romancier
Distinctions Grand prix de littérature policière (1957)
Auteur
Genres roman policier, espionnage

Frédéric Dard, né le 29 juin 1921 à Bourgoin-Jallieu (Isère) et mort le 6 juin 2000 à Bonnefontaine (Fribourg) en Suisse, est un écrivain français principalement connu (dans une production extrêmement abondante) pour les aventures du commissaire San-Antonio, souvent aidé de son adjoint Bérurier, dont il a écrit 175 aventures entre 1949 et sa disparition en 2000.

Parallèlement aux San-Antonio (l'un des plus gros succès de l'édition française d'après-guerre), Frédéric Dard a produit sous son nom ou sous de nombreux pseudonymes des romans noirs, des ouvrages de suspense psychologique, des « grands romans », des nouvelles, ainsi qu'une multitude d'articles. Débordant d'activité, il fut également auteur dramatique, scénariste et dialoguiste de films.

Biographie

Le père de Frédéric Dard, Francisque, d'abord chaudronnier dans la société Diederichs, lance une entreprise de chauffage central à Bourgoin-Jallieu. Sa mère, Joséphine-Anna Cadet, est fille d'agriculteurs. Frédéric Dard naît avec le bras gauche atrophié, inerte.

Ses parents, très occupés par l'affaire familiale, le font élever par sa grand-mère Claudia Berlet qui l'incite à dévorer Les Pieds Nickelés autant que Les Misérables. Il en gardera un souvenir ému et le goût pour la lecture. Le jeune Frédéric surmonte son handicap en puisant dans ses lectures et son imagination. Ne pouvant jouer avec les autres enfants, il se rattrape en leur racontant pendant les récréations les derniers films à l'affiche et, quand il ne les a pas vus, fait preuve d'une grande imagination pour les inventer.

Le krach de 1929 précipite le déclin de l'entreprise familiale, qui est mise en faillite. Tous les biens des parents sont saisis, sous les yeux du jeune Frédéric. La famille émigre alors à Lyon, dans un petit appartement du 45, boulevard des Brotteaux. Son père devient contremaître en usine et sa mère travaille dans une boulangerie. Frédéric suit sans grand intérêt des études de comptable à l'école La Martinière. Il est présenté en 1938 à Marcel E. Grancher, le fondateur des Éditions Lugdunum et du journal Le Mois à Lyon, par son oncle, ouvrier-mécanicien dans un garage automobile que Grancher fréquente. Engagé comme stagiaire, il assume peu après un rôle de secrétaire de rédaction, officiellement à la fin de l'été 1940, puis de courtier en publicité. Ses premiers articles, certainement encouragés par ses aînés comme le docteur Edmond Locard ou le romancier Max-André Dazergues, sont publiés anonymement dans le journal dès 1939. Il écrit également une critique sur L'Expérience du docteur Mops, un auteur de romans de science-fiction. Il considère ce roman comme « très curieux » en ajoutant que Jacques Spitz a su créer un genre qui « hésite entre HG Wells et Pierre Véry », ce qui sous-entend une certaine admiration pour le style de Spitz.Enfin journaliste, le métier qui l'attire depuis longtemps, il passe à l'écriture à proprement parler et publie fin octobre 1940 son premier livre La Peuchère (une nouvelle paysanne, ainsi que la qualifiera son éditeur Marcel Grancher), son premier vrai roman, Monsieur Joos, récompensé par le premier Prix Lugdunum décerné sur manuscrit lui apportant enfin en mars 1941 la notoriété.

Frédéric Dard se marie en novembre 1942 avec Odette Damaisin (1923–2018), dont il aura deux enfants, Patrice (né en 1944) et Élizabeth (1948–2011). Il s'installe avec sa femme à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse, au 4 rue Calas, où il réside entre juillet 1944 et mars 1949.

Plaque commémorative au 4 rue Calas, à Lyon dans le quartier de la Croix-Rousse.

Frédéric Dard écrit des livres pour enfants et des romans populaires pour nourrir sa famille, rencontre des écrivains repliés à Lyon. Sa notoriété commence à dépasser les limites de la capitale rhodanienne. Très influencé par le roman américain (Faulkner, Steinbeck) et surtout par le Britannique Peter Cheyney, il se lie avec Georges Simenon, qui lui rédige une préface pour son livre Au Massacre mondain. Sous la houlette de Clément Jacquier, il écrit des romans avec ses premiers pseudonymes pittoresques : Maxell Beeting, Verne Goody, Wel Norton, Cornel Milk, etc.

Sur un coup de tête (il a pris ombrage d'un livre de Marcel E. Grancher, qui le cite dans ses souvenirs), il part en 1949 s'installer aux Mureaux avec sa famille, dans un pavillon de banlieue. Après quelques années de vaches maigres, il connaît ses premiers succès d'écriture, au théâtre (notamment La Neige était sale, adaptation du roman de Simenon, montée par Raymond Rouleau au Théâtre de l'Œuvre en décembre 1950). C'est en 1949 que paraît Réglez-lui son compte !, roman policier signé San-Antonio, et qui est un échec commercial. Il rejoint alors les éditions du Fleuve noir, où il va côtoyer Jean Bruce et Michel Audiard, et y publie deux romans : Dernière Mission, et le deuxième San-Antonio, Laissez tomber la fille.

En 1954 Frédéric Dard et Robert Hossein montent au Grand-Guignol Les Salauds vont en enfer, première pièce d'une longue collaboration théâtrale.

La notoriété naissante du commissaire San-Antonio engendre un succès qui, dès lors, ne le quittera plus. Dard écrit vite et beaucoup, au rythme de quatre à cinq ouvrages par an : romans policiers, romans d'espionnage ou d'épouvante, scénarios, adaptation de roman pour le cinéma. En 1964 il obtient le record du nombre de ventes de l'année en France avec L'Histoire de France vue par San-Antonio (350 000 exemplaires vendus).

Cependant, sa vie de couple avec Odette Damaisin n'est pas heureuse. De 1966 à 1968, trois de ses romans illustrent cette période rendue encore plus douloureuse par son trouble bipolaire. Le mercredi 29 septembre 1965 il tente de se pendre dans sa propriété « Les Gros Murs » à Meulan (Yvelines) ; transféré dans une clinique parisienne, il sera sauvé in extremis et pourra reprendre ses activités les semaines suivantes. Il se remarie le 14 juin 1968 avec Françoise de Caro, la fille d'Armand de Caro, le fondateur des éditions Fleuve noir. En 1968 il prend la route de la Suisse avec sa nouvelle femme. Le couple se fait construire le « chalet San-Antonio » à Gstaad. Ils ont une fille, Joséphine, née en 1970, qui épousera Guy Carlier en 2006. Quelques semaines après sa naissance, le couple Dard adopte un jeune Tunisien, prénommé Abdel.

Avec le temps il commence à prendre du recul, accorde de longues interviews à la presse. En 1975 il fait paraître Je le jure, signé San-Antonio, un livre d'entretiens où il évoque son enfance, ses débuts, sa famille, ses idées. En 1978 il acquiert à Bonnefontaine (Suisse) une ferme du XVIIIe siècle qu'il restaure : c'est dans ce domaine de L'Eau vive qu'il poursuit son œuvre en composant une centaine de romans et de nombreuses peintures, sa vocation contrariée. La même année il écrit Y a-t-il un Français dans la salle ? Son éditeur et beau-père lui fait réaliser que s'il signe Frédéric Dard il en vendra 50 000 exemplaires, et que s'il signe San-Antonio il en vendra dix fois plus. Il choisit la seconde option : l'auteur Frédéric Dard disparaît pour toujours derrière l'écrivain San-Antonio.

Le 23 mars 1983 Joséphine, âgée de treize ans à l'époque, est enlevée la nuit pendant son sommeil par un homme qui monte au premier étage de leur villa de Vandœuvres (Suisse), se faufile dans sa chambre, la drogue et s'enfuit avec elle dans un appartement à Annemasse. Le ravisseur, Édouard Bois-de-Chesne, est le cadreur d'une équipe de télévision suisse venue auparavant faire un reportage sur le romancier. Elle sera libérée cinquante heures plus tard contre le versement d'une rançon de 2 millions de francs suisses grâce au chalet de Gstaad qui venait d'être vendu. Le ravisseur sera arrêté après avoir été repéré en parlementant avec Dard au téléphone sous un masque de Mitterrand, pour fausser sa voix. Il fut condamné à 18 ans de prison en septembre 1984 et la rançon fut récupérée, mais l'épisode aura longtemps traumatisé Frédéric Dard et sa fille.

Il noue des liens très forts avec le R. P. Bruckberger (à qui il dédiera La Sexualité…) et avec l’écrivain Albert Cohen. Il se passionne pour la peinture, notamment les œuvres de Domenico Gnoli, peintre hyperréaliste, ou celles de René Magritte, peintre surréaliste. Il rend hommage à l'œuvre du poète belge Louis Scutenaire.

Mort et hommages

Tombe de Frédéric Dard au nouveau cimetière de Saint-Chef en Dauphiné.

Frédéric Dard meurt le 6 juin 2000 à son domicile de Bonnefontaine, en Suisse. Il est inhumé suivant ses volontés au nouveau cimetière de Saint-Chef en Dauphiné (Isère), village où il a vécu, enfant, en 1930, dans une maison appartenant à la famille de sa mère et où il aimait se ressourcer. Un musée y est en partie consacré à son œuvre. L'ancienne école de Saint-Chef, qu'il a fréquentée, porte une plaque commémorative rappelant ce fait.

À la mort de son père, son fils Patrice a poursuivi jusqu'en 2016 l'écriture des San-Antonio.

Pseudonymes

Frédéric Dard raconte qu'il a choisi le pseudonyme « San-Antonio » sur une carte du monde, en faisant jouer le hasard. Son doigt a pointé sur la ville de San Antonio au Texas. Il a inséré dans ce nom un trait d'union qui n'existait pas dans le toponyme américain, mais qui était conforme aux règles de l'orthographe française traditionnelle (on a longtemps écrit : New-York, etc.). Il faut néanmoins souligner que le trait d'union n'arrive que très progressivement dans son pseudonyme, à mesure que se multiplient les publications : absent dans le premier ouvrage de la série, Réglez-lui son compte !, paru en 1949, il apparaît et disparaît dans le nom d'auteur au fil des titres que publie le Fleuve noir, avant d'être définitivement retenu à partir de 1958 dans le roman Du poulet au menu. Dès ce moment l'auteur a alors tenu à la présence du trait d'union entre les deux composantes de son nom d'écrivain et n'hésitait pas à interpeller directement dans ses romans les lecteurs ne respectant pas cette orthographe, tout comme il rabrouait également les lecteurs écorchant ce pseudonyme en le prononçant (« Santonio », « Santantonio », etc.) ; mais il finira par user lui-même de ces transformations pour le plaisir de la variation ludique . Il utilisait également l'abréviation de « San-Antonio » en « Sana », "San-An" ou « San-A. ».

Pseudonymes approuvés par Frédéric Dard lui-même

Nègre :

Les pseudonymes ci-dessous sont très probables : Antoine, F. Antonio, Charles Antoine, Antoine Charles, Paul Antoine, Charles d’Ars, Charles, Charles Richard, Fred Charles, Fr. Daroux, Fredard, Jules, Patrice, Guiseppe Papo, Jérôme Patrice, Severino Standeley, Areissam (Frédéric Dard n'a reconnu qu'un seul texte de ce pseudo et en a réfuté cinq), Jules Antoine et Charly (l'attribution de ces deux pseudos à Frédéric Dard est tout à fait vraisemblable, mais malheureusement, les textes correspondants n'avaient pas pu lui être soumis), Freroux (pas prouvé non plus. Nous ne savons pas ce qu'il faut en penser car il y avait dans la bande des auteurs Jacquier quelqu'un qui s'appelait Roger Roux, et que Frédéric Dard appelait parfois le frère Roux), Dudley Fox (personnage du livre La mort silencieuse, signé Sydeney).

Pseudonymes réfutés par la famille de Frédéric Dard :

De nombreux autres pseudonymes lui sont attribués sans avoir été reconnus par l'auteur : Fred Astor, Frederick Antony, Antonio, Norton Verne, Alex de la Clunière, Alex de la Glunière, Antonio Giulotti, Charly, Charles Daroux, Dudley Fred-Charles, F. Dacié, Quatremenon, Patrice, Frédéric Jules, Freddy Jules-Albert, Georges Antoine, Jérôme le Coupe-Papier, Joos, Jules Patrice, Léopold M. Norton, F.-R. d’Or, Patrick Svenn, Marcel G. Prêtre...

Œuvres

Article détaillé : Liste des œuvres de Frédéric Dard.

Frédéric Dard a écrit officiellement deux cent quatre-vingt-huit romans, vingt pièces de théâtre et seize adaptations pour le cinéma.

Théâtre

Cinéma

Réalisateur

Scénariste et/ ou dialoguiste

Films d'après des romans de Frédéric Dard

Prix

Événements

À l'occasion du dixième anniversaire de la mort de Frédéric Dard :

Hommages

Notes et références

  1. San-Antonio 1977, p. 23.
  2. Accouchement difficile par le siège qui entraîne un déchirement du nerf rachidien du bras gauche.
  3. France Lestelle, Frédéric Dard. Sois tranquille mon pays, je t'aime, Aléas, 2002, p. 20.
  4. Éric Bouhier, Dictionnaire amoureux de San-Antonio, Plon, 2017, p. 17.
  5. Éric Bouhier, Dictionnaire amoureux de San-Antonio, Plon, 2017, p. 34.
  6. Site toutdard.fr, page "Le Mois à Lyon 8ème année, n°3".
  7. nouvelobs.com La fille de Frédéric Dard se serait suicidée en se défenestrant « Copie archivée » (version du 8 novembre 2018 sur Internet Archive)
  8. Les rues de Lyon, rue Calas
  9. « La littérature populaire et la série des San-Antonio », sur Institut national de l'audiovisuel, 29 janvier 1965 (consulté le 25 août 2014).
  10. Éric Bouhier, op. cit., p. 104
  11. San-Antonio 1977.
  12. Tristan Savin, « Frédéric Dard, l'obsédé textuel », sur lexpress.fr, 4 juin 2010
  13. Éric Bouhier, op. cit., p. 142
  14. Elle raconte cet enlèvement pour la première fois 27 ans plus tard dans sa biographie « Frédéric Dard, mon père San-Antonio ».
  15. Dorothée Moisan, Rançons. Le business des otages, Fayard, 2013, p. 10.
  16. Pierre Creet et Thierry Gauthier, Frédéric Dard dit San-Antonio, Éditions Cheminements, 2001, p. 120.
  17. Fils de famille noble ruiné par les frasques de son père, il a rêvé de se faire cinéaste avant de se résigner à un job de cameraman à temps partiel. Depuis lors, il cambriole de riches demeures Cf. Sylvie Arsever, « Les affaires criminelles qui ont secoué la Suisse. L'angoisse de San-Antonio », sur letemps.ch, 16 juillet 2007.
  18. Tristan Savin, « Joséphine Dard : comment j'ai été kidnappée », sur lexpress.fr, 4 juin 2010
  19. Chérie, passe-moi tes microbes, p.114, parmi de nombreux exemples : "Alors ton Santantonio ne peut plus se contenir" ou p.155 : "Cette cabriole, qu'il opère le Santonio !"
  20. mediawiki : Site F. Dard 1
  21. Catalogue général de la Bibliothèque nationale de France
  22. mediawiki : Site F. Dard 2
  23. Identifié à Frédéric Dard par Julien Dupré et Jean-Paul Labouré dans Le Guignol tragique de Marc Agapit, p. 14.
  24. Le nom de Virginia Lord n'apparaît en tant qu'auteur que dans un seul roman publié au Fleuve noir dans la collection « Angoisse » : Ne frappez pas à cette porte, Angoisse no 11, 1955. Son identification à Frédéric Dard est prudemment envisagée dans Alain Douilly, Anticipation, 50 ans de collections fantastiques et de science-fiction au Fleuve Noir, Black Coat Press, « Rivière Blanche » Hors-Série, 2009, p. 339.
  25. Auteur d'un unique roman fantastique au Fleuve noir, collection « Angoisse » (La cinquième dimension, no 165, 1969), dont les critiques par Jean-Pierre Fontana en 1969, puis Jean-Pierre Andrevon en 1984 laissent planer peu de doute quant à la véritable identité (« on peut les consulter » sur le site NooSFere) ; identification reprise par Alain Douilly, op. cit., p. 280, malgré les dénégations de la famille de l'auteur. Cependant, la notice d'autorité de la BnF en fait une personne distincte (ce qui peut s'avérer exact, ou au contraire perpétuer une supercherie).
  26. Palmarès du grand prix de littérature policière (romans français)
  27. « Frédéric Dard parle de Renaud », sharedsite.com
  28. « Goldman chante Frédéric Dard », fr.lyrics-copy.com
  29. « L'association - Association des Amis de San-Antonio, Frédéric et Patrice Dard », sur www.amisdesana.org (consulté le 19 octobre 2021)

Voir aussi

Bibliographie

Article connexe

Liens externes