Henri de La Tour d'Auvergne (1611-1675)

Henri de La Tour d’AuvergnePortrait par l'entourage de Philippe de Champaigne.Titre de noblesse
Vicomte de Turenne
Biographie
Naissance 11 septembre 1611
Château de Sedan
Décès 27 juillet 1675 (à 63 ans)
Sasbach
Sépulture Basilique Saint-Denis
Surnom Turenne
Allégeance Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies (1625-1633)
Drapeau du royaume de France Royaume de France (1630-1675)
Activités Officier, commandant
Période d'activité à partir de 1625
Famille Maison de La Tour d'Auvergne
Père Henri de La Tour d'Auvergne
Mère Élisabeth-Flandrika d'Orange-Nassau
Fratrie Marie de La Tour d'Auvergne
Frédéric Maurice de La Tour d'Auvergne-Bouillon
Conjoint Charlotte de Caumont (d) (à partir de 1651)
Autres informations
Arme Infanterie (1629-1639) puis cavalerie (1639-1675)
Conflit Guerre de Trente Ans
Fronde des princes
Guerre franco-espagnole
Guerre de Dévolution
Guerre de Hollande
Grade Maréchal de France (1643) puis maréchal général des camps et armées du roi (1660)
Vue de la sépulture.

Henri de La Tour d'Auvergne, dit Turenne, né le 11 septembre 1611 au château de Sedan (Ardennes) et mort le 27 juillet 1675 près de Sasbach (Principauté épiscopale de Strasbourg, Saint-Empire romain germanique), est un gentilhomme et célèbre militaire français passé à la postérité sous le nom que lui donne son titre de courtoisie de vicomte de Turenne.

Maréchal de France en 1643 et maréchal général des camps et armées du roi en 1660, il est l'un des meilleurs généraux de Louis XIII puis de Louis XIV. Figure populaire, stratège de grand talent, gloire militaire du Grand Siècle par excellence, il reste un maître incontestable de l'art de la guerre. De son vivant, il fut considérablement admiré et de ses soldats et des grands maréchaux de l'Europe ; lorsqu'il apprend la mort de Turenne à la bataille de Salzbach, Montecuccoli s'exclame : « Aujourd'hui est mort un homme qui faisait honneur à l'Homme. » Napoléon, lui-même, admirait son génie militaire, et affirma qu'il était « le plus grand commandant de l'ère moderne ».

Famille

Armoiries du vicomte de Turenne

Issu de l'illustre Maison de La Tour d'Auvergne dont descend la reine de France Catherine de Médicis, il est le fils cadet d’Henri de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon et prince souverain de Sedan, vicomte de Turenne, premier gentilhomme de la chambre d'Henri IV, maréchal de France en 1592. Par sa mère, Élisabeth de Nassau, il est le petit-fils de Guillaume Ier, prince d'Orange et Stathouder de Hollande, Zélande et Frise. Son frère aîné qui relèvera les titres de leur père est Frédéric-Maurice de La Tour d'Auvergne (1605-1652), longtemps l'âme de la Fronde, qui devra céder sa principauté à la France.

Élevé dans la religion réformée, il se convertit au catholicisme en 1668 sous l'influence de Bossuet. Il accède aux plus hautes dignités : prince étranger en 1651, maréchal de France en 1643 puis maréchal général en 1660.

Turenne épouse le 2 août 1651,, Charlotte de Caumont La Force, fille d'Armand Nompar de Caumont, au château de La Boulaie, à Auteuil (Normandie). Elle mourut en 1666. Ils n'eurent pas d'enfants.


Guerre de Trente Ans

Article détaillé : Guerre de Trente Ans.

Cadet d'une famille souveraine, il est destiné à la carrière des armes. Pendant la guerre de Trente Ans, par commission du 17 janvier 1625, le jeune vicomte lève à l'âge de 14 ans, un régiment d'infanterie qui porte son nom.

La même année, il fait ses premières armes dans l'armée hollandaise en tant que simple soldat, sous les ordres de son oncle, le stathouder Frédéric-Henri d'Orange-Nassau, qui lui offre un commandement en 1626. Le régiment qu'il avait créé en France est licencié en mai 1626. En 1627 et 1628, il participe aux sièges de Klundert, de Willemstad et dans la plupart des expéditions contre Spinola. Il s'illustre notamment dans l'armée hollandaise, aux côtés de Frédéric-Henri d'Orange-Nassau, au siège de Bois-le-Duc en 1629, contre les Espagnols.

Cependant, il choisit l'année suivante de passer au service, plus prestigieux, de la France et son régiment d'infanterie est rétabli, le 27 mars 1630, sous le nom de régiment d'Eu.

Richelieu le nomme colonel et il participe au siège de La Mothe en 1634, où ses états de service lui valent une promotion au grade de maréchal de camp le 21 juin 1635. Après avoir participé à diverses campagnes en Lorraine, sur le Rhin et dans les Flandres, il s'empare notamment de Saverne en 1636, où il manque de perdre un bras, et de Landrecies en 1637. Il dirige l'assaut sur la puissante forteresse de Vieux-Brisach en 1638 et obtient sa capitulation le 17 décembre,.

Sa réputation allant croissant, il sert en Italie de 1639 à 1641 sous le commandement d'Henri de Lorraine-Harcourt et s'y illustre à plusieurs reprises, puis participe, comme commandant en second, à la conquête du Roussillon en 1642. Il est nommé lieutenant général des armées du roi le 11 mars 1642, mais Louis XIII disparaît le 14 mai 1643, et c'est Anne d'Autriche, régente de France, qui le fait maréchal de France, le 19 décembre. Turenne n'a alors que 32 ans. Il est envoyé en Alsace où les armées françaises sont en position délicate. Empruntant sur ses deniers, il réorganise l'armée et traverse le Rhin au mois de juin 1644 avant d'opérer sa jonction avec les forces de Condé, qui prend le commandement. Il participe aux sièges de Mayence et de Philippsburg et aux batailles de Fribourg (1644) et Nördlingen (1645) aux côtés de Condé. Celui-ci reparti, il mène ensuite avec ses alliés suédois une campagne décisive qui se termine par la victoire de Zusmarshausen le 17 mai 1648 et son armée dévaste la Bavière. Les traités de Westphalie sont signés peu après et mettent fin à la guerre de Trente Ans.

Guerres de Louis XIV

Un temps passé du côté des Frondeurs, il échappe à l'arrestation dont sont victimes d'autres princes (dont Condé) et cherche l'aide des Espagnols. Il connaît à cette occasion un revers en étant vaincu lors de la bataille de Rethel le 15 décembre 1650. Après la libération des princes, il se réconcilie avec Mazarin et obtient le commandement des armées royales lorsque Condé se révolte à nouveau. Après l'indécise bataille de Bléneau le 7 avril 1652, il bat l'armée espagnole commandée par Condé à la bataille du faubourg Saint-Antoine le 2 juillet 1652 et réoccupe Paris le 21 octobre 1652, obtenant définitivement le pardon de Louis XIV. Poursuivant la lutte contre Condé et les Espagnols, il les bat à Arras le 25 août 1654 mais il est, à son tour, sévèrement battu à la bataille de Valenciennes le 16 juillet 1656. Il remporte néanmoins la décisive victoire des Dunes, près de Dunkerque, le 14 juin 1658, et le traité des Pyrénées signé l'année suivante met fin à la guerre franco-espagnole.

Nommé maréchal général des camps et armées du roi le 5 avril 1660, il dirige, durant la guerre de Dévolution, l'armée française qui envahit la Flandre et s'empare de plusieurs villes.

En 1672, il est nommé capitaine général par Louis XIV. Durant la guerre de Hollande, battu par les Impériaux de Raimondo Montecuccoli, il est obligé de repasser le Rhin en 1673. Il prend sa revanche le 16 juin 1674, à la bataille de Sinsheim, où il empêche la jonction des deux armées ennemies. Un mois plus tard, il ordonne le ravage du Palatinat. Il vainc à nouveau les Impériaux en Alsace à la bataille d'Entzheim en octobre 1674, mais devant la disproportion des forces, il se replie sur Saverne et Haguenau, laissant les Allemands prendre leurs quartiers d'hiver en Alsace.

Document relatant la création de la médaille, datée 1675, relatant la défaite de l'armée allemande par les troupes de Turenne, extrait de Médailles sur les principaux évènements du règne entier de Louis le Grand, avec des explications historiques par l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 1723.

En plein hiver il fond sur Belfort le 27 décembre 1674, entre dans Mulhouse le 29. Les Impériaux sont basés à Turckheim, dans une vallée des Vosges (côté alsacien). Sa stratégie consiste à surprendre l'ennemi en attaquant par la montagne. Il monte au-dessus de la ville de Thann, passe à côté du château de l'Engelburg (qui n'a pas encore été détruit par Louis XIV), et établit son camp à l'endroit encore dénommé aujourd'hui « camp Turenne ». Puis son armée longe la crête et, arrivée au-dessus du camp adverse le 5 janvier 1675, déboule dans la vallée et prend l'adversaire par surprise qui est mis en fuite.

Les Impériaux sont contraints de battre en retraite et de repasser le Rhin. Louis XIV donne de nouveau à Turenne le commandement de la campagne de 1675, où il se trouve de nouveau face à Montecuccoli. Pendant deux mois, tous deux déploient leurs dons de manœuvriers. Lors de la bataille de Salzbach, enfin Turenne est sur le point d’amener son adversaire sur les positions qu’il juge souhaitables pour une bataille décisive, lorsqu'il est tué par un boulet de canon le 27 juillet 1675. Raimondo Montecuccoli se serait alors écrié : « Il est mort aujourd'hui un homme qui faisait honneur à l'Homme ! ». Selon les mémorialistes du temps, la France entière le pleure, et le peuple rassemblé sur les routes honore « le bon Monsieur de Turenne » lors du passage du convoi funèbre vers Paris. Son oraison funèbre fut prononcée par Fléchier en l'église Saint-Eustache.

Postérité

Un nombre important de places, rues et avenues porte le nom du maréchal.

Iconographie

Une médaille à l'effigie de Turenne fut exécutée par le graveur Thomas Bernard en 1683. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 0579).

Une autre médaille à l'effigie de Turenne, due au graveur Henri Auguste, fut frappée en 1800 à l'initiative de Lucien Bonaparte, à l'occasion du transfert des restes du maréchal aux Invalides. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 1130).

Une statue du jeune Turenne par Benoît Lucien Hercule se trouve rue de Normandie (3e arrondissement de Paris). Il combattit à proximité lors de la Fronde et vécut non loin, dans un hôtel particulier de la future rue de Turenne.

Ascendance

Ascendance d'Henri de La Tour d'Auvergne
                                       
  32. Annet de La Tour
 
       
  16. Antoine de La Tour  
 
               
 33. Anne de Beaufort de Turenne
 
         
 8. François II de La Tour d'Auvergne 
 
                     
 34. Guy de Pons
 
         
 17. Antoinette de Pons 
 
               
 35. Jeanne de Castelnau
 
         
  4. François III de La Tour d'Auvergne  
 
                           
 36. Godefroi de La Tour d'Auvergne
 
         
 18. Godefroi de La Tour d'Auvergne 
 
               
 37. Anne Rogier de Beaufort
 
         
 9. Anne de La Tour d'Auvergne 
 
                     
 38. Guillaume-Armand de Polignac
 
         
 19. Antoinette de Polignac 
 
               
 39. Amedea de Saluces
 
         
 2. Henri de La Tour d'Auvergne 
 
                                 
 40. Jean II de Montmorency
 
     
 20. Guillaume de Montmorency 
 
               
 41. Marguerite d'Orgemont
 
     
 10. Anne de Montmorency 
 
                     
 42. Guy Pot
 
     
 21. Anne Pot 
 
               
 43. Marie de Villiers de L'Isle-Adam
 
     
 5. Éléonore de Montmorency 
 
                           
 44. Philippe II de Savoie
 
     
 22. René de Savoie 
 
              
 45. Libéra Portoneri
 
     
 11. Madeleine de Savoie 
 
                     
 46. Jean-Antoine II de Lascaris
 
     
 23. Anne Lascaris 
 
               
 47. Ysabeau d'Anglure
 
     
 1. Henri de La Tour d'Auvergne 
 
                                       
 48. Jean IV de Nassau-Dillenbourg
 
     
 24. Jean V de Nassau-Dillenbourg 
 
               
 49. Marie de Loon-Heinsberg
 
     
 12. Guillaume de Nassau-Dillenbourg 
 
                     
 50. Henri III de Hesse
 
     
 25. Élisabeth de Hesse-Marbourg (en) 
 
              
 51. Anna von Katzenelnbogen
 
     
 6. Guillaume Ier d'Orange-Nassau 
 
                           
 52. Henri IX de Stolberg
 
     
 26. Bodon VIII de Stolberg-Wernigerode 
 
               
 53. Mathilde de Mansfeld
 
     
 13. Julienne de Stolberg 
 
                     
 54. Philippe Ier d'Eppstein-Königstein
 
     
 27. Anne d'Eppstein-Königstein 
 
               
 55. Louise de La Marck
 
     
  3. Élisabeth Flandrika d'Orange-Nassau  
 
                                 
 56. Jean VIII de Bourbon-Vendôme
 
     
 28. Louis de La Roche-sur-Yon 
 
               
 57. Isabelle de Beauvau
 
     
 14. Louis III de Montpensier 
 
                     
 58. Gilbert de Montpensier
 
     
 29. Louise de Montpensier 
 
               
 59. Claire Gonzague
 
     
 7. Charlotte de Montpensier 
 
                           
 60. Philippe de Longvy
 
     
 30. Jean IV de Longwy 
 
               
 61. Jeanne de Bauffremont
 
     
 15. Jacqueline de Longwy 
 
                     
 62. Charles d'Orléans
 
     
 31. Jeanne d'Angoulême 
 
               
 63. Antoinette de Polignac
 
     
 

Notes et références

Notes

  1. La date de 1653 est parfois donnée, erronément.

Références

  1. Suzanne d'Huart et Catherine Grodecki, « L'inventaire après décès de Turenne », Annuaire-Bulletin de la Societe de L'Histoire de France, Librairie Droz,‎ 1923, p. 104 (ISBN 9782354070991, lire en ligne)
  2. Jean Bérenger, Turenne, Fayard, coll. « Biographies historiques », 1er avril 2014, 626 p. (ISBN 978-2-213-63883-6, lire en ligne)
  3. Camille-Georges Picavet, Documents biographiques sur Turenne, 1611-1675, C. Robbe, 1914, 185 p. (lire en ligne)

    « La date de 1653 est souvent inexactement donnée. »

  4. Camille-Georges Picavet, Documents biographiques sur Turenne, 1611-1675, C. Robbe, 1914, 185 p. (lire en ligne)

    «  qui mourut en bonne protestante en 1666. »

  5. Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, Chronologie historique-militaire, pages 32 et suivantes.
  6. Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 6.
  7. Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 22.
  8. Dictionnaire des sièges et batailles, Tome 1, pages 443–444.
  9. Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 38.
  10. Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 40.
  11. Émile Charvériat, Histoire de la guerre de trente ans, 1618-1648 : Période suédoise et période française, 1630-1648, vol. 2, É. Plon et cie, 1878 (présentation en ligne).
  12. « Mort de Turenne. 1675 », sur vallee-du-ciron.com (consulté le 7 avril 2023).
  13. Abbé Duplessy, Paris religieux, Guide artistique, historique et pratique, A. Roger et F. Chernoviz Éditeurs, Paris, 1900, p. 22.
  14. Joseph Fr. Michaud, Jean Joseph François Poujoulat, Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France, 1838, p. 315 à 317.
  15. Boyer-Mas 1938.
  16. « La dossière de cuirasse de Turenne et le boulet qui l'a tué à Sasbach » , Musée de l'Armée (consulté le 13 avril 2018)

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes