Jacques Soustelle | ||
Jacques Soustelle en 1958. | ||
Fonctions | ||
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Ministre de l'Information | ||
7 juillet 1958 – 8 janvier 1959 (6 mois et 1 jour) |
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Président | René Coty | |
Président du Conseil | Charles de Gaulle | |
Gouvernement | de Gaulle III | |
Prédécesseur | André Malraux | |
Successeur | Roger Frey | |
30 mai 1945 – 21 novembre 1945 (5 mois et 22 jours) |
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Président du Conseil | Charles de Gaulle | |
Gouvernement | de Gaulle I | |
Prédécesseur | Henri Bonnet | |
Successeur | André Malraux | |
Ministre délégué chargé du Sahara, des DOM-TOM et de l'Énergie atomique | ||
13 février 1959 – 5 février 1960 (11 mois et 23 jours) |
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Président | Charles de Gaulle | |
Premier ministre | Michel Debré | |
Gouvernement | Debré | |
Prédécesseur | Bernard Cornut-Gentille | |
Successeur | Robert Lecourt | |
Ministre des Colonies | ||
21 novembre 1945 – 26 janvier 1946 (2 mois et 5 jours) |
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Président du Conseil | Charles de Gaulle | |
Gouvernement | de Gaulle II | |
Prédécesseur | Paul Giacobbi | |
Successeur | Marius Moutet | |
Député français | ||
2 avril 1973 – 2 avril 1978 (5 ans) |
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Élection | 11 mars 1973 | |
Circonscription | 3e du Rhône | |
Législature | Ve (Cinquième République) | |
Groupe politique | NI | |
Prédécesseur | Édouard Charret | |
Successeur | Michel Noir | |
9 décembre 1958 – 8 février 1959 (1 mois et 30 jours) |
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Élection | 30 novembre 1958 | |
Circonscription | 3e du Rhône | |
Législature | Ire (Cinquième République) | |
Groupe politique | UNR | |
Prédécesseur | Circonscription créée | |
Successeur | Charles Béraudier | |
5 juillet 1951 – 5 décembre 1958 (7 ans et 5 mois) |
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Élection | 17 juin 1951 | |
Réélection | 2 janvier 1956 | |
Circonscription | 1re du Rhône | |
Législature | IIe et IIIe (Quatrième République) | |
Groupe politique | RPF (1951-1955) URAS (1956-1958) |
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6 novembre 1945 – 10 juin 1946 (7 mois et 4 jours) |
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Élection | 21 octobre 1945 | |
Circonscription | Mayenne | |
Législature | Ire Constituante | |
Groupe politique | UDSR | |
Secrétaire général du Rassemblement du peuple français | ||
1947 – 1951 (4 ans) |
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Prédécesseur | Création du parti | |
Successeur | Louis Terrenoire | |
Gouverneur général de l'Algérie | ||
26 janvier 1955 – 30 janvier 1956 (1 an et 4 jours) |
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Prédécesseur | Roger Léonard | |
Successeur | Georges Catroux | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Jacques Émile Yves Soustelle | |
Date de naissance | 3 février 1912 | |
Lieu de naissance | Montpellier (Hérault) | |
Date de décès | 6 août 1990 (à 78 ans) | |
Lieu de décès | Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) |
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Sépulture | Cimetière Saint-Martin de Miribel | |
Nationalité | Française | |
Parti politique | UDSR (1945-1946) RPF (1951-1955) UNR (1958-1959) |
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Conjoint | Georgette Fagot | |
Diplômé de | ENS Ulm | |
Profession | Ethnologue | |
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Jacques Soustelle, né le 3 février 1912 à Montpellier (Hérault) et mort le 6 août 1990 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), est un ethnologue, homme politique et académicien français.
Homme de gauche, membre de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale, il est ensuite député, secrétaire général du RPF, gouverneur général de l'Algérie au début de la guerre et plusieurs fois ministre (Information, Colonies, etc.).
Fervent partisan de l'Algérie française, il soutient l’OAS, puis s’exile. Il fait un retour en politique à la fin des années 1960 et retrouve un siège de député en 1973. Il est élu à l’Académie française en 1983.
Jacques Soustelle est issu d'une famille protestante d'origine cévenole et ouvrière. Il est le fils de Jean Soustelle (1886-1945), comptable, et de Germaine Blatière (née en 1888). Son père quitte le foyer familial au moment du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Du fait de l'absence de son père, il est élevé « aux limites de la modestie et de la pauvreté » par sa mère, ses tantes et grand-tantes maternelles, ainsi que par son grand-père, qui meurt en 1918.
Élève brillant, mais plutôt solitaire et timide, Jacques Soustelle suit des études primaires à Villeurbanne puis, en 1920, grâce à une bourse, intègre en huitième le lycée du Parc à Lyon, où il fait ses études secondaires en lettres et philosophie — il obtient le 2e prix national de philosophie au concours général devant Maurice Schumann, et son baccalauréat avec mention « très bien » en 1928.
Après une seule année de préparation, il est reçu dès l'année suivante, à l'âge de dix-sept ans et demi et avec un total de points jugé « exceptionnel », premier au concours de l’École normale supérieure, devant Jean Bérard et Victor-Henry Debidour.
Jacques Soustelle est diplômé d’ethnologie en 1930 (18 ans), agrégé de philosophie (reçu premier en 1932) et docteur ès lettres en 1937 (25 ans). Il se marie le 5 août 1931 à Caluire avec Georgette Fagot, de deux ans son aînée, et étudiante en histoire-géographie à l'université de Lyon.
Disciple de Paul Rivet, pour lequel il avait « une admiration sans bornes », il étudie la vie des Indiens Lacandons et la survivance de la civilisation maya dans le monde contemporain.
Jacques Soustelle est polyglotte, s’exprime en nahuatl et il a une bonne connaissance des langues mayas. Il travaille en collaboration avec sa femme Georgette, également ethnologue. Ensemble, de novembre 1932 à septembre 1934, ils étudient les Otomi. Ces travaux font l'objet d'une importante thèse — La famille otomi-pame du Mexique central — publiée dans la collection des Travaux et Mémoires de l'Institut d'ethnologie en 1937, après Mexique, terre indienne en 1936.
Il est nommé sous-directeur du musée de l'Homme par Paul Rivet en 1938 et chargé de cours au Collège de France, à l’École nationale de la France d'outre-mer, ainsi que professeur à l’École pratique des hautes études à partir de 1951.
Par la suite, il a de nombreuses occasions de poursuivre ses travaux sur les civilisations du Mexique, notamment durant son exil.
Entre 1980 et 1985, en tant que directeur du Centre d'études et de recherches anthropologiques à l'université de Lyon-II, il dirige des fouilles au Nayarit (Mexique).
Président du Groupe PACT, il est chargé de coordonner, sous l'égide du Conseil de l'Europe, les techniques appliquées à l'archéologie dans dix-sept pays européens.
En 1980, le gouvernement mexicain lui décerne le titre de commandeur de l'ordre de l'Aigle aztèque et, en 1981, il reçoit le prix international Alfonso-Reyes.
Marxiste internationaliste (anti-stalinien), il participe aux revues Masses, Spartacus (dirigées par René Lefeuvre), parfois sous le pseudonyme de Jean Duriez. En avril 1935, il écrit dans L'Humanité son premier article d'ethnographie destinée au grand public.
Il est également membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA). Jacques Soustelle est alors pacifiste de conviction, comme une bonne partie des intellectuels de la gauche de l’entre-deux-guerres.
Il dénonce pourtant en 1938 les accords de Munich. Il devient l'un des secrétaires généraux avec Jacques Solomon de l'Union des intellectuels français pour la justice, la liberté et la paix (UDIF), en opposition au CVIA. Il garde longtemps une réputation d’homme de gauche, ce qui le rendra suspect aux yeux des ultras de l’Algérie française.
Se trouvant au Mexique au moment de la déclaration de guerre, il rentre en France pour y être mobilisé et il est renvoyé en décembre 1939 comme chargé de mission à Mexico, où il devient l'adjoint de l'attaché militaire français en février 1940.
Opposé à l'armistice du 22 juin 1940, il rejoint immédiatement les Forces françaises libres (FFL) à Londres. Le général de Gaulle le charge d'organiser un comité de soutien au Mexique, puis après un voyage à Londres en décembre 1940 et janvier 1941, de superviser ces comités dans toute l'Amérique latine.
Ses efforts permettent de rallier de nombreux Français d'outremer, et ils court-circuitent la diplomatie pétainiste sur l'ensemble du continent.
Commissaire à l'information de la France libre Jacques Soustelle.Il entre ensuite au Comité national français de Londres (Gouvernement de la France libre, puis de la France combattante), où il assume le Commissariat national à l'information en 1942. Il dirige alors les services de presse, notamment Radio Londres sur les ondes de la BBC avec l'émission Honneur et Patrie animée par le porte-parole de la France libre, Maurice Schumann avec qui il doit partager un appartement.
Jacques Soustelle contrôle également à l'époque Radio Beyrouth, Radio Brazzaville, Radio du Cameroun, Radio Nouméa et Radio Papeete. Il supervise La lettre de la France combattante et des cycles de conférences à travers l'Angleterre.
Les bureaux du commissariat ont dû alors déménager au 1 Carlton Gardens, non loin des bureaux du Comité, au 4 Carlton Gardens à Londres.
Membre du cabinet de Charles de Gaulle, il est nommé à 31 ans à Alger le 27 novembre 1943, à la tête de la Direction générale des services spéciaux (DGSS). Il s'efforce de réaliser la fusion de l'ancien BCRA de la France libre avec le Service de renseignements d'Alger afin d'intervenir aux côtés de la Résistance intérieure.
Après la Libération de Paris, il conserve la direction des services spéciaux, réorganisés en Direction générale des études et recherches (DGER) de 1943 à 1944 par le Comité français de la Libération nationale. Il y reste jusqu'en avril 1945 et est brièvement nommé Commissaire régional de la République (préfet) à Bordeaux à la Libération, en remplacement de Gaston Cusin en mai 1945.
Ministre de l'Information dans le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) le 30 mai 1945, il rejoint l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR). Il est « parachuté » en Mayenne, soutenu par Francis Le Basser et Jacques Foccart. Yves Grosrichard le suit dans sa campagne en Mayenne. Il est le seul élu avec 20 % des voix dans une liste composée de trois résistants et sous l'étiquette Union républicaine et sociale et d'Action paysanne. Il devient député à la Ire Assemblée constituante. Il est ministre des Colonies le 21 novembre 1945 dans le GPRF. Après la démission du général de Gaulle, il quitte le gouvernement. Député sortant, il conduit une liste Rassemblement des gauches républicaines (RGR), et est battu en juin 1946. Il n'a pas réussi à s'implanter localement contrairement au démocrate chrétien Robert Buron.
Il soutient l’action du général de Gaulle. Il est à ses côtés lors du discours de Strasbourg amenant la création du Rassemblement du peuple français (RPF). C'est à Jacques Soustelle que le général de Gaulle confie au début de 1947 l’organisation du RPF. Il en devient le premier secrétaire général de 1947 à 1951, et y défend une opposition intransigeante aux partis de la Troisième Force.
Sur les terres d'Édouard Herriot, il est élu député RPF du Rhône en juin 1951. Il prend la présidence du groupe parlementaire RPF à l’Assemblée nationale. Lors d'une crise ministérielle en janvier 1952, pressenti pour prendre la présidence du Conseil, il doit renoncer sur l'injonction du général de Gaulle, qui refuse toute compromission. Il est considéré comme partiellement responsable des dissensions au sein du RPF qui, le 6 mars 1952, finissent par aboutir à une scission. Il est élu conseiller municipal à Lyon en 1953. Député influent, il vote l'investiture de Pierre Mendès France le 18 juin 1954.
Il est nommé gouverneur général de l'Algérie au début de la guerre (du 1er février 1955 au 30 janvier 1956) par Pierre Mendès France. Mendès France, en le choisissant, dit vouloir pour résoudre la crise algérienne un homme « ouvert aux idées de progrès et inébranlablement déterminé à maintenir l'unité et l'indivisibilité de la République, dont fait partie l'Algérie ».
La politique de Jacques Soustelle, ethnologue de formation, c’est l'intégration des Algériens musulmans à la citoyenneté française.
Il constate rapidement la trop faible administration de l'Algérie, et afin d'y remédier, il est à l'initiative, dès 1955, de la création des sections administratives spécialisées (SAS).
Mal accueilli à son arrivée en Algérie le 15 février 1955 par les pieds-noirs, il devient néanmoins un adversaire déterminé du Front de libération nationale (FLN), sous le coup des massacres d'août 1955 dans le Constantinois.
Le nom de Jacques Soustelle devient alors étroitement lié à la guerre d’Algérie.
Le député Jacques Soustelle est réélu le 2 janvier 1956 sous l’étiquette gaulliste des Républicains sociaux. De cent vingt députés gaullistes élus en 1951, ils ne sont qu'une vingtaine à être réélus au parlement, en 1956.
Élu président du Conseil, Guy Mollet le remplace comme gouverneur général de l'Algérie par le général Catroux, qui n'exercera jamais ce mandat, et sera remplacé par Robert Lacoste. Le 2 février 1956, une foule énorme veut s'opposer à son retour en métropole. Après avoir quitté l'Algérie caché dans le coffre d'une voiture, en mars 1956, il fonde avec l'ancien résistant Claude Dumont, l’Union pour le salut et renouveau de l'Algérie française (USRAF), qui regroupe les partisans les plus déterminés de l'Algérie française.
Il œuvre, dans les derniers temps de la IVe République, pour le retour du général de Gaulle au pouvoir, ce dernier étant un espoir fort pour beaucoup de pieds-noirs. Il ne participe pas directement aux événements du 13 mai 1958, mais il contribue à rallier une partie de la population algéroise au général de Gaulle. Il devient ministre de l'Information dans le gouvernement de Gaulle (de 1958 à 1959), marquant la fin de la IVe République.
Il défend une politique favorable à l’État d'Israël, et de fermeté et de guerre contre le FLN, en prônant toujours l'intégration de tous les citoyens à la citoyenneté française en Algérie.
Pour le référendum de 1958 et les élections législatives de 1958, de Gaulle donne des consignes pour que la liberté de vote en Algérie soit totale, Jacques Soustelle (en tant que ministre de l'Information) comme les militaires présents en Algérie s'efforcent d'obtenir le « Oui » et l'élection de candidats favorables à l'Algérie française. Une intense propagande, associée à des entraves répétées à la liberté d'expression des partisans du « Non » et des candidats libéraux, est développée. Les résultats sont sans appel : au référendum, 96,5 % des votants d'Algérie se prononce pour le « Oui » ; aux élections législatives. Les 64 députés, 43 musulmans et 21 Européens élus, sont tous favorables à l'intégration de l'Algérie à la France.
Jacques Soustelle est réélu député en 1958 sous l’étiquette Union pour la nouvelle République (UNR), dont il est membre du comité central.
Lors de la création de l'UNR, Jacques Soustelle semble en être l'homme fort, aux yeux de l'opinion publique, mais la suite apportera plusieurs démentis. Il tente de se faire élire président de cette nouvelle formation politique, mais l'organisation se dote uniquement d'un secrétaire général, en la personne de Roger Frey. Il soutient l'alliance politique de l'UNR avec les autres défenseurs de l'Algérie française comme Georges Bidault (de l'aile droite du MRP), Roger Duchet (du CNIP) et André Morice (Centre républicain), mais cette position est condamnée le 16 octobre 1958 par le comité central de l'UNR et par de Gaulle lui-même : le choix des candidats aux élections législatives de 1958 se fera sur des critères de fidélité à de Gaulle, plutôt que sur les convictions à propos du maintien de l'Algérie dans le giron français.
De fait, Roger Frey est préféré à Jacques Soustelle et à Léon Delbecque pour sélectionner les candidats.
Il reste un proche du président de Gaulle et entre au gouvernement avec le portefeuille de ministre de l'Information, du 7 juillet 1958 au 8 janvier 1959. Il subit le 15 septembre 1958 une tentative ratée d'assassinat par Ouraghi Mouloud du FLN sur la place de l'Étoile à Paris.
Il devient ensuite ministre délégué auprès du Premier ministre Michel Debré, chargé du Sahara, des DOM-TOM et de l'Énergie atomique (de 1959 à 1960). Il fonde en 1959, avec Georges Bidault, Léon Delbecque et Robert Lacoste, le Rassemblement pour l’Algérie française (RAF), dissout en 1962, lors de l’indépendance.
Les choix du général de Gaulle pour l’avenir de l’Algérie sont pour lui une immense déception. Il entre en conflit avec le général et se prononce résolument pour l’Algérie française. Il est alors démis de ses fonctions gouvernementales, le 5 février 1960, après la semaine des barricades. Il est exclu du mouvement gaulliste UNR, en raison de ses positions sur l’Algérie française.
Après l'échec du putsch des généraux, auquel il n'a pas participé, et dont il n'a pas même été prévenu, Jacques Soustelle, menacé d'arrestation et informé de cette menace, part en exil à Rome, dès juin 1961.
Démissionnaire du conseil municipal de Lyon en octobre 1961, il laisse son siège à l'ancien résistant et directeur administratif de la manufacture des tabacs de Lyon André Girard.
Après un bref retour à Paris et la tenue d'une conférence de presse clandestine, le 18 décembre 1961, dans laquelle il expose son accord avec les objectifs de l'Organisation armée secrète (OAS) et son action en faveur du maintien de l’Algérie au sein de la République française, il est poursuivi pour atteinte à l’autorité de l’État. Un mandat d’arrêt est lancé contre lui, mais il bénéficiera des années plus tard d'un non-lieu. Il ne veut pas rentrer en France avant les autres exilés. Ce qu'il fera en 1968.
Il vit en exil en Belgique, en Autriche, au Portugal et en Italie de 1962 à 1968, et sa correspondance avec sa femme, restée en France, est rédigée en nahuatl, qu'il essaie aussi de faire pratiquer par ses doctorants mexicains. Il en rapportera trois ouvrages.
Avec Georges Bidault, Antoine Argoud et Pierre Sergent, il constitue le comité exécutif du Conseil national de la résistance (CNR) le 20 mai 1962 à Rome, mais, à la différence d'Antoine Argoud et de Pierre Sergent, il ne sera jamais membre de l'OAS.
Pendant cette période, Jacques Soustelle est présenté comme un fasciste par la gauche, et comme un agent des Juifs par ceux qui relèvent son soutien au sionisme face au nassérisme et au mouvement de libération des peuples, qu’il a rencontré en Algérie.
Il rejette pourtant toute idée antidémocratique ou raciste et antisémite dans Sur une route nouvelle, publié en 1963 :
Lors de l'élection présidentielle de 1965, il appelle à voter pour Jean Lecanuet au premier tour, puis François Mitterrand, au second tour.
Il est encore en exil hors de France lorsqu’il décide de revenir à la vie politique et se présente aux élections législatives des 5 et 12 mars 1967, où il annonce sa candidature et fait campagne à l’aide d’un enregistrement magnétique. Il bénéficie de la loi d’amnistie générale sur les événements d’Algérie de juin 1968, il fait l’objet d’un non-lieu en octobre suivant.
De retour en France le 24 octobre 1968, après avoir été amnistié, il soutient Alain Poher, président du Sénat, lors de l'élection présidentielle de 1969. Il devient professeur en 1970 à l'École pratique des hautes études.
Il fonde un nouveau parti : le Mouvement national Progrès et Liberté, et est réélu conseiller municipal de Lyon en 1971. Il est élu aux élections législatives des 4 et 11 mars 1973, où il se présente contre son ancien colistier, le député gaulliste Édouard Charret, compromis dans des affaires de proxénétisme, et siège dans le groupe des non-inscrits.
Il siège également en 1973 à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe et à l’Assemblée de l’Union de l'Europe occidentale. En 1974, il rejoint le groupe des réformateurs démocrates sociaux et, la même année, soutient la loi Veil légalisant l’avortement, en fustigeant des adversaires obtus :
« Il est choquant, par exemple, d’assister à certaines campagnes qui tendent à assimiler systématiquement à je ne sais quelle résurrection du nazisme toutes les opinions qui ne sont pas celles de certains intégristes. Nous sommes ici quelques-uns qui savons ce qu'est le nazisme pour l'avoir combattu lorsqu'il existait et lorsqu'il constituait un danger réel pour la France et pour la démocratie. Nous n'avons pas de leçons à recevoir de publicistes qui assènent cette accusation à tout propos et hors de propos ».
Il est vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes de 1975 à 1977. Il se présente à la mairie de Lyon en 1977, mais est battu par le maire sortant Francisque Collomb, comme il le sera aux élections législatives de 1978 par Michel Noir.
En mars 1979, il accompagne le président Valéry Giscard d'Estaing au Mexique, et lui sert de guide.
Il apporte un soutien et une caution morale à Maurice Papon dès 1981.
Un dernier scandale terminera sa carrière : il est impliqué dans au moins une affaire financière portant sur 38 millions de dollars au Paraguay. Jacques Soustelle est alors le gérant d’une société d’études parisienne (Société d’études pour les relations internationales) et utilise ses bonnes relations avec le dictateur Alfredo Stroessner, qu'il couvre d'éloges, pour l’obtention de contrats, conclus sans appel d'offres et souvent douteux. L’argent provenant du Paraguay est placé sur le compte suisse d'une société panaméenne de Jacques Soustelle. Entre autres, en 1981, sa société se voit attribuer la construction d'une cimenterie pharaonique, dont le coût final se montera à quatre fois le devis.
À la chute de Stroessner en 1989, la justice incarcère l'ancien ministre de l'Industrie et du Commerce, Delfín Ugarte Centurión, et cite Jacques Soustelle à comparaître. Selon le journal communiste L’Humanité, Jacques Soustelle aurait mis cette société à la disposition de la secte Moon, dont il aurait présidé des réunions.
Le 2 juin 1983, Jacques Soustelle est élu à l’Académie française, au fauteuil 36, laissé vacant par Pierre Gaxotte. Il est élu le même jour que Léopold Sédar Senghor. Il est reçu par le gaulliste Jean Dutourd.
Il meurt d'un cancer généralisé le 6 août 1990 à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Jean-François Deniau lui succède à l’Académie française le 11 avril 1992.
Tombe de Jacques et de Georgette Soustelle au cimetière Saint-Martin de Miribel.Jacques Soustelle est inhumé au cimetière Saint-Martin de Miribel.