Parti populaire français

Parti populaire français
Image illustrative de l’article Parti populaire français
Logotype officiel.
Présentation
Chef officiel Jacques Doriot puis Christian Lesueur
Fondation 1936
Disparition 22 février 1945
Siège Paris
Organisation de jeunesse Jeunesse populaire française
Branche armée Service d'Ordre
Journaux L'Émancipation nationale
Le Cri du Peuple
Positionnement Extrême droite
Idéologie Corporatisme
Fascisme français
Nationalisme français
Antisémitisme
Anticommunisme
Anticapitalisme
Collaborationisme
Adhérents 120 000 (1937)

Le Parti populaire français (PPF ; 1936-1945), fondé et dirigé par Jacques Doriot, était le principal parti politique français d’inspiration fasciste en 1936-1939 et l’un des deux principaux partis collaborationnistes en 1940-1944 avec le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat. Fortement anti-communiste et opposé à Moscou, bien que Doriot soit lui-même un ancien membre du PCF, le PPF était également nationaliste et plus ou moins pacifiste. En 1938, Doriot salue ainsi les accords de Munich, ce qui mène nombre de militants, dont Pierre Drieu la Rochelle et Bertrand de Jouvenel, à le quitter, bien qu'une grande partie y revienne pendant le régime de Vichy.

Si plusieurs cadres étaient issus du communisme ou du socialisme, à l'instar de Simon Sabiani à Marseille (le PPF étant particulièrement bien implanté dans les Alpes-Maritimes), la plupart de ses membres étaient soit issus de l'extrême droite et notamment des ligues dissoutes en 1936, soit n'avaient jamais été affiliés auparavant à un parti. Soutenu financièrement par le patronat et le monde des affaires, le parti connaît une croissance rapide de ses effectifs, notamment issus des classes moyennes. S'il se déclare anticapitaliste, son programme n'envisage aucune nationalisation d'entreprise et n'entend pas porter atteinte à la grande propriété et au libre profit. Sous le régime de Vichy, le PPF verse dans le collaborationnisme radical, notamment avec Doriot fondant en juillet 1941 la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) qui part se battre sur le front russe. À la fin de la guerre, Doriot et plusieurs membres fuient en Allemagne, et le PPF s'éteint en 1945.

Le PPF avant guerre (1936-1940)

Affiche de propagande du PPF.

Création du PPF et « Front de la liberté »

Le Parti populaire français est créé en juin 1936 par Jacques Doriot, ancien chef des Jeunesses communistes (JC) en 1923, député en 1924, membre du comité central du Parti communiste français (PCF), maire de Saint-Denis en 1931. Il est exclu du PCF en août 1934, car il est favorable à une alliance avec la SFIO et remet en cause la ligne du Komintern. Il est également le principal rival de Maurice Thorez.

Il s'agit dès le début d'un parti de droite, qui s'oppose au Front populaire et au gouvernement de gauche de Léon Blum.

Au niveau des chefs comme de celui des militants, les deux plus forts contingents de membres du PPF proviennent d'anciens du Parti communiste français et des ligues nationalistes (notamment des Croix-de-feu, lassés de la modération du colonel de La Rocque), de l'Action française, de la Solidarité française et quelques personnes issues du francisme de Marcel Bucard, comme Vauquelin des Yveteaux, chargé de la propagande au PPF. En définitive, « Aux origines du PPF, on retrouve donc les deux courants de la fusion qui caractérise le premier fascisme : l’extrême gauche révolutionnaire et le nationalisme anti-parlementaire », selon la théorie de Michel Winock.

Plus précisément, les premiers dirigeants du PPF seront issus des groupes suivants :

Permanence de la Fédération du Sud-Ouest du PPF (Bordeaux, 1936). Jacques Doriot à la tribune lors de la première réunion du Parti populaire français au théâtre municipal de Saint-Denis en 1936.

Le PPF connaît un démarrage très rapide en 1936 et 1937, dopé par l’anticommunisme croissant en réaction au Front populaire. Gabriel Le Roy Ladurie réunit autour du parti une équipe d'intellectuels. Le PPF et Jacques Doriot suscitent alors un grand espoir chez ses partisans : Jacques Benoist-Méchin dit : « Je n'hésite pas à affirmer qu'aucun parti politique français ne disposa jamais d'un pareil potentiel intellectuel ». De même, Pierre Pucheu écrit : « Je n'ai pas connu, dans notre génération, d'homme ayant reçu à tel point du ciel, des qualités d'homme d'État ». Outre ses soutiens intellectuels et militants, le PPF bénéficie du financement par le grand patronat par l’intermédiaire en particulier de Pierre Pucheu et de Gabriel Le Roy Ladurie (directeur de la banque Worms). La haute banque, y compris juive, est très présente : « dont la Banque Vernes, la banque Rothschild Frères, la Banque L. Louis-Dreyfus, la Banque Lazard, la BNCI et la Banque de l'Indochine ». Ainsi, quand une grève éclate en avril 1938 aux usines Berliet de Vénissieux, un « comité pour la reprise du travail » chez Berliet est créé par le P.P.F. lyonnais, dont les activités sont financées par le patronat local.

En 1937, Doriot tente alors de s’imposer comme le principal leader anticommuniste en constituant un « Front de la liberté » pour s'opposer au Front populaire et au Parti communiste français (PCF), avec le Parti républicain national et social, dirigé par Pierre Taittinger (avatar des Jeunesses patriotes, également dissoutes en juin 1936), le Parti agraire et paysan français de Fleurant Agricola et la Fédération républicaine, l'un des deux grands partis de droite de l'époque. L'Action française, sans y adhérer formellement, en est très proche et soutient les candidats du Front aux élections, notamment aux législatives partielles de 1937, 1938 et 1939. Le rassemblement du Front de la liberté échoue en grande partie par des intérêts contradictoires entre les partis participants ainsi que par la question que pose le Parti social français de La Rocque dont l'affaiblissement est l'un des objectifs centraux du Front de la liberté.

Le PPF intègre ensuite de plus en plus de militants issus des classes moyennes (au détriment des ouvriers) et des chefs venus de la droite nationaliste (alors que les chefs issus de la gauche dominaient en 1936). En effet, Doriot ne développe pas un programme communiste national, mais plutôt, sous l’influence de jeunes technocrates et du fascisme, un programme reprenant les idées d’une société technocratique, corporatiste et planiste.

La crise du PPF après Munich

Victor Arrighi en 1937.

Mais ce succès du PPF semble n’être qu’un feu de paille pour deux raisons :

Par conséquent, « À la veille de la guerre, le parti de Doriot est en pleine déconfiture ». Doriot tente de réagir à cette crise en donnant une dimension nationaliste de son parti en 1939 et 1940. Le 3 septembre 1939, la France entre en guerre au côté de la Grande-Bretagne, et Doriot est mobilisé. Il affirme que le but des Alliés doit être de supprimer la puissance allemande, mais il ajoute que Staline est tout autant l'ennemi que Hitler. Il espère que l'après-guerre verra s'installer l'ordre nouveau dont il rêve, avec une carte de l'Europe redessinée au détriment de l'Allemagne et de l'URSS. Choqué par le pacte germano-soviétique, il s'en prend à l'Allemagne hitlérienne et lors du conseil national du 31 mars 1940 il déclare qu'au traité de paix, « la France devrait réclamer la possession de la rive gauche du Rhin pour se mettre à l'abri de toute agression ultérieure ». Quand la Wehrmacht passe à l'offensive le 10 mai 1940, le PPF appelle à serrer les rangs pour défendre le sol national et le sergent-chef Doriot se bat sur la Loire entre les 17 et 20 juin, récoltant une Croix de guerre avec citation à l'ordre du corps d'armée.

Programme et organisation du PPF

Le programme institutionnel du PPF n'est pas intrinsèquement fasciste, mais plutôt corporatiste et proche de nombreuses réformes préconisées par les non-conformistes des années 30, notamment du planisme. le parti prétend ainsi conserver les institutions républicaines, sans exclure, toutefois, de modifications  : « Nous restons républicains », car s'agissant d'un changement de régime « la question ne paraît pas mûre pour l'instant ». Cette possibilité de changer le régime dans un sens plus autoritaire attire à lui des éléments de droite radicale, y compris d'anciens militants de l'Action française, déçu par l'immobilisme de Maurras. Concernant le parlement, il réclame seulement que les assemblées soient ramenées à un rôle de contrôle et laissent l'exécutif diriger le pays ; plus tard, l'« État populaire français » transformera les Chambres en assemblées corporatives et consultatives, où seront représentés les grands intérêts économiques et sociaux, métropolitains et coloniaux, nationaux et régionaux. Il se prononce pour une plus grande décentralisation du pouvoir, en faveur des régions.

Doriot évoque les trois leviers essentiels, selon lui, de l'État moderne : le conseil des provinces, le conseil des corporations, le conseil de l'empire. Le conseil des corporations peut évoquer la chambre des faisceau et des corporations fondée par le fascisme en Italie mais la fondation de régions et de gouverneur de région préfigure une réforme mise en place par la Ve République. Concernant le conseil des régions, il développe l'idée que c'est dans le cadre régional que se regroupent les organisations économiques et sociales, les associations patronales et syndicales, pour lesquelles le département représente un cadre étriqué : « La région permettrait de concentrer les moyens d'action du pays, d'éviter l'éparpillement des efforts ; elle permettrait aux 25 grands commis de l'État de faire une œuvre constructive de longue haleine, où les 90 préfets, prisonniers des politiciens locaux, ne peuvent réaliser que la mise en route de petits travaux d'intérêt local » ; le conseil des provinces aurait pour tâche de « guider, coordonner, inspirer le travail de nos provinces, auprès du gouvernement ».

Au niveau idéologique, le PPF se caractérise principalement par son anticommunisme et son nationalisme (motif de l'exclusion de Sabiani du Parti d'unité prolétarienne). En 1938, une affiche du PPF appelle Daladier, au nom des « Nationaux » qui le « soutiennent », à procéder à « la dissolution du Parti communiste ». Le programme du parti ne contient pas explicitement de mesures d'exclusion des Juifs ; mais après la mort d'Alexandre Abremski, ami juif de Jacques Doriot en février 1938 et le départ en janvier 1939 de Bertrand de Jouvenel dont la mère était juive, le parti se laissa influencer par des discours antisémites. Alors que plusieurs «banques juives» comme les banques Rothschild, Lazard et Worms comptaient parmi les bailleurs de fonds initiaux du PPF, lors du congrès du parti en Afrique du nord en novembre 1938, on commença à discuter de la « question juive », Victor Arrighi parlant de chasser les Juifs d'Afrique du Nord. Jusqu'en 1938, la direction du PPF se garde de verser dans l'antisémitisme, expliquant que le parti a mieux à faire que s'en prendre aux Juifs, ou a fortiori de les défendre — tout en laissant les sections algériennes et marocaines développer un antisémitisme raciste et virulent. Mais à partir de l'automne de cette année-là, les positions évoluent rapidement : l'influence du nazisme s'affirme. En revanche, dans les Alpes-Maritimes, le PPF est dès sa création xénophobe - l'antisémitisme y prend de l'ampleur à partir du printemps 1938, lorsque Claude Popelin descend à Nice transmettre les consignes nationales.

Il y eut toutefois, au PPF, des rituels inspirés du fascisme, en particulier le salut quasi similaire au salut romain (repris par les fascistes et les nazis), le cri « en avant, Jacques Doriot ! », ou encore l'existence d'un drapeau et d'un serment de fidélité. Le serment du PPF porte « Au nom du peuple et de la patrie, je jure fidélité et dévouement au Parti populaire français, à son idéal, à son chef - je jure de consacrer toutes mes forces à la lutte contre le communisme et l'égoïsme social ». Par ailleurs, des organisations de jeunesse sont créées (les «Pionniers de Doriot» rassemblent les enfants de 6 à 14 ans).

Si le programme du PPF d'avant-guerre n'est pas spécifique du fascisme, certaines thématiques apparues en 1937 et 1938 vont dans le sens d'un rapprochement avec le fascisme et le national-socialisme : volonté de créer un homme nouveau, corporatisme, association de l'anticommunisme et de l'anticapitalisme, culte du chef, nationalisme. S'ajoute à cela le soutien financier de l'Italie qui semble indiquer une parenté idéologique. Mais le PPF se distingue du PNF et du NSDAP par l'absence de recours à des moyens paramilitaires comme ceux du squadrisme ou des SA et la revendication assumée d'un système totalitaire fondé sur un parti unique. D'autre part, le PPF, en particulier sous l'influence de Doriot, est profondément pacifiste et non-expansionniste, ce qui le distingue fortement des partis fascistes. Interdit puis recrée après l'armistice, le PPF prônera la mise en place assumée d'un État totalitaire mais avant 1940, un seul parti français, le parti franciste de Marcel Bucard se réclame du Parti fasciste de Benito Mussolini. En définitive, l'historien Jean-Paul Brunet estime que la « doctrine » et la « sociologie » du PPF en font un parti « fasciste » dès 1936.

Le PPF, principal parti collaborationniste (1940-1945)

Historique du PPF entre 1940 et 1945

La croix francisquée, emblème du PPF pendant la seconde guerre mondiale.

En 1940, le PPF est interdit en zone sud, mais Doriot relance son activité politique de plusieurs manières.

Il crée un Rassemblement pour la Révolution nationale (RNRN) qui réunit d’anciens communistes passés au PPF : Marcel Gitton (ex-secrétaire du PCF aux côtés du Thorez et Duclos), Jean-Marie Clamamus, Marcel Capron, André Parsal, Marcel Brout, Fernand Soupé, Albert Clément, Émile Nédélec. Mais certains vont le quitter (Clamamus, Capron, Gitton) début 1941 pour créer le Parti ouvrier et paysan français, regroupant plus spécifiquement les communistes collaborationnistes (Lambert, Le Marec, page 9).

Doriot se rapproche d'Adrien Marquet, député néo-socialiste avec qui il entretient d'excellentes relations ; Marquet devenu ministre de l'intérieur complote avec lui une révolution de palais qui porterait le PPF au pouvoir ; Laval est averti et le 6 septembre Marquet est remplacé par Marcel Peyrouton, ancien franc-maçon et républicain à poigne, hostile au PPF.

En octobre 1940, Doriot lance son journal, Le Cri du peuple (qu'il aurait voulu appeler L’Humanité nouvelle) (tirage : autour de 50 000 en moyenne).

Le PPF poursuit son activité camouflée au sein d’autres mouvements (Jeunesse, Jeunesses impériales françaises, etc.).

Enfin, dès avril 1941, Doriot recrée le PPF, mais c’est sa participation à la LVF qui va permettre d’obtenir une légalisation de la part des Allemands en décembre 1941.

Le PPF va alors devenir l’un des deux principaux partis collaborationnistes, grand rival du RNP de Marcel Déat. Tandis que le RNP tente d’unifier les partis collaborationnistes autour de lui, le PPF mène une ligne plus exclusive, centrée sur la forte personnalité de son chef.

Les principales différences de fond entre PPF et RNP :

Le PPF sera ouvertement antisémite. Une ligne qu’il suit en fait depuis 1938-1939 alors qu’il ne l’était pas à ses débuts (parmi les premiers dirigeants, Abremski était juif ; les grandes banques juives le soutiennent au début autant que les banques protestantes ou les catholiques). La mort accidentelle d’Abremski en 1938 ôtera à Doriot toute inhibition à ce sujet.

Jacques Doriot, qui multiplie les gestes de bonne volonté à l'égard des Allemands jusqu’à s’engager personnellement dans la LVF pour aller combattre sur le front russe, n’aura de cesse d’espérer que les Allemands lui confient le pouvoir en France. En vain. Le 4 novembre 1942, il réunit à cet effet à Paris un « Congrès du pouvoir » de 7 200 délégués (qui s’achève par de violents heurts entre les membres du PPF et la police parisienne selon Lambert et Le Marec). Mais les Allemands sont, à ce moment, partisans de la création en France d’un parti unique au sein duquel se fonderaient les mouvements collaborationnistes et qui serait sous le contrôle de Marcel Déat. Ce sera le Front révolutionnaire national (FRN) dans lequel le RNP jouera un rôle moteur et auquel le PPF refuse de se joindre (hormis Jean Fossati, qui sera exclu du PPF pour cette raison).

En 1943 et 1944, le PPF tente de se militariser en créant les Gardes françaises, unités de protection contre les attentats sans cesse plus nombreux qui touchent le Parti, ses dirigeants, ses militants et leurs familles. Mais les Gardes françaises seront un échec. Elles ne recevront pas d'armes, ou très peu de la part des Allemands, et ne bénéficieront que très tard d'un entraînement militaire. En 1944, le Parti met sur pied des Groupes d'action pour la justice sociale destiné à protéger les familles des militants et faire la chasse aux réfractaires au STO. Ces groupes sont plus communément appelés les Groupes d'Action du PPF ou GAPPF. Ces groupes vont échapper au contrôle du Parti pour ne plus travailler qu'au profit du Sipo/SD. Ils livrent des résistants et des Juifs à la Gestapo, comme le GAPPF de Cannes. Mi-août 1944, les membres du PPF se regroupent à Nancy pour échapper aux représailles. Début septembre, ils passent en Allemagne, installés sur l'île de Mainau, où, le 6 janvier 1945, Jacques Doriot devient – enfin – le chef d’un « Comité de libération de la France » auquel se joignent une partie des personnalités collaborationnistes réfugiées en Allemagne. Jacques Doriot est tué par un avion sur le territoire de la commune de Menningen, le 22 février 1945. Après sa mort, le bureau politique du PPF confie la direction du parti à Christian Lesueur, nommé secrétaire général, titre cédé par Victor Barthélémy.

Relations avec l'Ambassade d'Allemagne

Progressivement, Doriot entre en relation avec les Allemands, qui lui apportent l'appui et les ressources matérielles nécessaires pour rester dans la course. Cependant, les Allemands ne soutiennent pas le PPF, car ils ne souhaitent pas l'émergence d'un mouvement politique puissant qui rendrait à la France sa force : le 3 août 1940, Hitler demande en effet à son ambassadeur en France, Otto Abetz de faire en sorte que la « France reste faible » et que « tout soit entrepris pour susciter la division interne », affirmant qu'il n'y a « aucun intérêt à soutenir réellement des forces völkisch ou nationales en France ». Suivant les directives de Berlin, Abezt va donc travailler à maintenir la division des partis collaborationnistes pour empêcher que l'hégémonie d'un mouvement national et autoritaire de type fasciste ou national-socialiste susceptible de rendre à la France sa force ; Otto Abetz écrit en 1942 qu'il faut contrer les initiatives de Jacques Doriot car « il pourrait finir par s'imposer et susciter une mystique nationale capable de rénover la France dans le sens national-socialiste » et il suscite et soutient donc des concurrents au PPF. De plus, Abetz, en tant qu'ancien social-démocrate, se sent plus proche de Marcel Déat et du RNP où prédominent les socialistes, d'autant que ces derniers sont venus à la collaboration par pacifisme et volonté d'intégration européenne alors que le PPF est suspecté de concevoir davantage la collaboration comme une alliance entre partenaires. Quand l'ambassade cherchera tardivement à unifier les mouvements collaborationnistes, ce sera sous l'égide de Marcel Déat et l'Allemagne ne soutiendra Doriot qu'une fois chassée de France à la fin de la guerre.

Profil et organisation du PPF (1936-1939)

1) Origine politique des membres du PPF : En novembre 1936 (au 1er congrès du PPF), sur 625 (ou 623 ?) membres :

En mars 1937, sur 130 000 membres, le PPF aurait compté 35 000 anciens communistes (soit 27 % des membres) (Pascal Ory, Les collaborateurs). En fait alors que les anciens communistes sont nombreux en région parisienne, l’extension en province se fait en recrutant des membres des ligues. C'est plus particulièrement net en dehors de l'agglomération parisienne. La section de la Côte-d'Or, jugée représentative de la province, comptait une moitié de militants issus du mouvement de La Rocque, un tiers venus l'Action française, et seulement 10 % venus du Parti communiste ou de la SFIO.

2) Origine sociale des membres du PPF : Au Congrès de 1936 :

Au Congrès de 1938 :

(source : idem). « Après 1936, la base du PPF en France et Algérie fut de plus en plus constituée de membres des classes moyennes tout comme les cadres de mouvement et les responsables du bureau politique et du comité central ».

Selon Pierre Milza (voir bibliographie), l'embourgeoisement du PPF et son corollaire, l'abandon des revendications sociales osées, seraient encore plus rapides dans le parti de Jacques Doriot que dans celui de Mussolini (ce qui est nié par de nombreux historiens du fascisme italien qui pensent que la conjonction monde ouvrier agricole et industriel avec le fascisme est indéniable au moins jusqu'en 1940).

3) Effectifs du parti : vers 100 000-120 000 membres (selon Dieter Wolf, Jean-Paul Brunet) à 60 000 (selon Philippe Burrin, Winock) à l’apogée vers 1937-début 1938. Le PPF jouira de quelques forts bastions historiques : la région parisienne, Marseille (après ralliement de Simon Sabiani et son Parti d’action socialiste) et par extension la Côte d'Azur (Nice).

Union populaire de la jeunesse françaiseHistoire
Fondation 1936
Dissolution 1942
Cadre
Sigle UPJF
Organisation
Affiliation Parti populaire français

4) L’Union populaire de la jeunesse française (UPJF). Le mouvement de jeunes du PPF, est créées en 1936 par 6 jeunes (3 venus des Jeunesses communistes, un des Jeunesses socialistes, un JOCiste). Son chef à Bordeaux en 1937 est le futur constitutionnaliste Maurice Duverger.

5) La presse du PPF :

Personnalités du PPF (1936-1940)

Premier bureau politique en 1936 : 8 membres.

Jacques Doriot, portrait photographique de propagande à partir de 1938.

Autres membres du bureau politique en 1937-1940 : (source principale : Robert Soucy, Fascisme français ?). De 1937 à 1939, le bureau politique du PPF, au départ peuplé d’anciens communistes, va de plus en plus accueillir des nationalistes (qui domineront à partir de 1938) :

Autres responsables PPF (1936-1940) (Chebel d’Appollonia, Robert Soucy)

Autres membres du PPF (1936-1940) :

Profil et organisation du PPF entre 1940 et 1944

Jeunesses populaires françaises : en mai 1942, le PPF fédère les organisations de jeunesse du PPF ou proches (UPJF, JIF, etc.) au sein des Jeunesses populaires françaises. Chef : Roger Vauquelin des Yvetots.

Presse :

Les fascistes italiens donnent à la presse du PPF, par l'intermédiaire de Victor Arrighi, une somme de 300 000 F.

Membres du PPF collaborationniste : vers 20 000 (Handzourtel et Buffet) ou 30 000 maximum en 1943 (Azéma dans le livre dirigé par Winock).

Profil sociologique du PPF collaborationniste : ouvriers, classes moyennes urbaines, réactionnaires. Bien implanté en Afrique du nord. Parti plus jeune, violent, ouvertement fasciste que le RNP.

Profil politique du PPF collaborationniste : En 1942 (au « Congrès du pouvoir » de Doriot), sur 7 200 membres présents (venus de la région parisienne) :

- autres : vers 7 %

Dirigeants et personnalités du PPF entre 1940 et 1944

Directoire du PPF en mars 1943

Les 9 membres du directoire (hors Jacques Doriot) :

Autres dirigeants PPF sous l’Occupation

(selon Lambert et Le Marec)

Autres personnalités membres du PPF sous l’occupation

La proportion des anciens communistes dans cette liste n'est pas proportionnelle à celle de l'ensemble du PPF.

Autres personnalités sympathisantes du PPF sous l’occupation

Références

  1. Laurent de Boissieu, « Parti Populaire Français (PPF) », France Politique,‎ 25 juin 2015 (lire en ligne)
  2. Michel Winock (dir), Histoire de l'extrême-droite en France, p. 178-182.
  3. Ralph Schor, « Le Parti Populaire Français dans les Alpes-Maritimes (1936-1939) », Cahiers de la Méditerranée, vol. 33, no 1,‎ 1986, p. 99-125 (ttp://www.persee.fr/doc/camed_0395-9317_1986_num_33_1_988 ).
  4. Jacques Nobécourt, « La Rocque, etc. », p. 1007, note.
  5. Jacques Benoist-Méchin, De la défaite au désastre, t. 1, Albin Michel, 1984, p. 54.
  6. Alain Decaux, Morts pour Vichy, éd. Perrin, 2000.
  7. Soucy, Fascismes français ?, page 320). Le PPF reçoit aussi quelques subsides italiens.
  8. Nicholas Atkin, Frank Tallett, The right in France: from Revolution to Le Pen, I. B. Tauris, (rééd. 2003), p. 204.
  9. Victor Barthélemy, Du communisme au fascisme, éd. Albin Michel, 1978, p. 163.
  10. Victor Barthélemy, Du communisme au fascisme, éd. Albin Michel, 1978, p. 168-180.
  11. Brunet 1986, p. 258.
  12. Jacques Doriot, L'Émancipation nationale, 4 juillet 1936, 37 août 1937.
  13. Brunet 1986, p. 259.
  14. Jacques Doriot, Refaire la France, éd. Grasset, 1938, p. 103-104.
  15. Philippe Buton et Laurent Gervereau, Le Couteau entre les dents : 70 ans d'affiches communistes et anticommunistes, Éditions du Chêne, 1989, p. 52.
  16. Brunet 1986, p. 260.
  17. Brunet 1986, p. 262-263.
  18. Brunet 1986, p. 263.
  19. Brunet 1986, p. 261.
  20. Brunet 1983, p. 255-280.
  21. Brunet 1986, p. 262.
  22. Brunet 1983, p. 279.
  23. Dominique Venner, Histoire de la collaboration, éd. Pygmalion Gérard Watelet, 2004, p. 124.
  24. Rendez-vous tragique à Mengen, revue Batailles no 34, mai-juin 2009
  25. Jean Hérold-Paquis, Des illusions… désillusions !… Mémoires, 15 août 1944 - 15 août 1945, Paris : Bourgoin éditeur, 1948, p. 128
  26. Dominique Venner, Histoire de la collaboration, éd. Pygmalion Gérard Watelet, 2004, p. 378.
  27. Philippe Burrin, La dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery 1933-1944, Paris, éd. Le Seuil, p. 437.
  28. chiffres officiels du PPF, repris par D. Wolf et JP Brunet, puis par les autres historiens, dont Robert Soucy, etc.)
  29. Chiffres de Pascal Ory, Les Collaborateurs, 1980
  30. Chiffres officiels du PPF, cités JP Brunet, repris notamment par Robert Soucy, Chebel d’Appollonia et Michel Winock
  31. Robert Soucy, Fascismes français ?, 1933-1939, Autrement.
  32. Antoine Godet, « Les jeunes avec Doriot ! » : étude d’une jeunesse fasciste française, dans Siècles, 47/2019 : Lire en ligne
  33. dans Lambert et Le Marec, page 12.
  34. Etudes de presse, 1946, L'Aurore, 6 avril 1946, Journal de Fourmies, 14 mars 1946, Jean-Claude Valla, La Cagoule, 1936-1937, Librairie nationale, 2000, p. 47
  35. Colloque de l'association française de sciences politiques
  36. Il anime les pages médicales de Candide (cf. La voix du combattant, 29 février 1935, "L'invasion étrangère en médecine") et de Je suis partout et y dénonce ses confrères juifs et étrangers sous l'Occupation. Il collabore aussi à l'hebdomadaire de la Milice, Combats. Il préside sous l'Occupation le groupement sanitaire corporatif français (Le Matin, 24 février 1942, "Les médecins en appellent au Maréchal"): Le Petit Parisien, 28 septembre 1943, "Le docteur Guérin est grièvement blessé par deux terroristes", Paris-Soir, 29 septembre 1943, "Le docteur Guérin victime d'un lâche attentat". Il se retire ensuite en province et est déféré en chambre civique à la Libération: cf. Le dossier Rebatet, Robert Laffont, 2015, p. 84 et 892.
  37. « LES », sur lewebceline.free.fr (consulté le 4 novembre 2021).

Voir aussi

Bibliographie

Sur le Parti populaire français Le Parti populaire français, Vichy et le fascisme en France

Articles connexes

Liens externes