William S. Burroughs

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William S. BurroughsPortrait de William S. Burroughs.Biographie
Naissance 5 février 1914
Saint-Louis
Décès 2 août 1997 (à 83 ans)
Lawrence
Sépulture Cimetière Bellefontaine
Nom de naissance William Seward Burroughs
Surnom William Lee
Pseudonyme Willy a William Lee
Nationalité Américaine
Formation Université Harvard
John Burroughs School (en)
Activités Écrivain, peintre, scénariste, écrivain de science-fiction, essayiste, poète, romancier, photographe
Période d'activité à partir de 1945
Père Mortimer P. Burroughs (d)
Conjoint Joan Vollmer (en) (de 1946 à 1951)
Enfant William S. Burroughs Jr.
Autres informations
A travaillé pour Naropa University (en)
Membre de Académie américaine des arts et des lettres
Mouvement Beat Generation
Label ESP-Disk
Genres artistiques Science-fiction, satire, littérature dystopique (d), autobiographie
Influencé par Louis-Ferdinand Céline, Jean-Paul Sartre
Condamné pour Homicide
Site web (en) realitystudio.org
Distinctions Chevalier des Arts et des Lettres
Commandeur des Arts et des Lettres‎
Archives conservées par Stuart A. Rose Manuscript, Archives, and Rare Book Library (d),
Œuvres principales
Junky, Nova Express, Les cités de la nuit écarlate (d), Parages des voies mortes (d), Le Festin nu
signature de William S. BurroughsSignature

William Seward Burroughs (/ˈwɪljəm ˈsuɚd ˈbɜɹoʊz/), dit William S. Burroughs, né le 5 février 1914 à Saint-Louis au 4664 de Pershing Avenue, dans l'État du Missouri et mort le 2 août 1997 dans sa propriété de Lawrence (Kansas) de complications liées à une crise cardiaque,, est un romancier et artiste américain. Principalement connu pour ses romans hallucinés mêlant drogue, homosexualité et anticipation, il est associé à la Beat Generation et à ses figures emblématiques : ses amis Jack Kerouac et Allen Ginsberg. Il a élaboré le cut-up, technique littéraire consistant à créer un texte à partir d'autres fragments textuels d'origines diverses.

Biographie

William Seward Burroughs naît dans une famille bourgeoise. Il est le petit-fils de William Seward Burroughs I, inventeur de la première machine comptable et fondateur de la « Burroughs Adding Machine Company ». Sa mère, Laura Lee Burroughs, est la fille d'un homme d'Église dont la famille se réclamait de l'ascendance de Robert E. Lee. Burroughs entre à l'université Harvard pour une licence de littérature anglaise dont il sort diplômé en 1936. Son expérience à Harvard est résumée au début de Junky : « J'ai détesté l'université et la ville dans laquelle je vivais. Tout en elle était mort. L'université était un faux décor anglais entre les mains de diplômés de faux collèges anglais. » Il y étudie ensuite l'anthropologie puis la médecine à Vienne, expérience dont il garda toute sa vie un goût prononcé pour la chirurgie et les modifications du corps, la chimie du cerveau et les drogues.

En 1944, Burroughs est détective et travaille avec la pègre à New York. Il vit avec Joan Vollmer, une jeune femme brillante, passionnée de littérature et de philosophie, dans un appartement partagé avec Jack Kerouac et sa première femme Edie Parker. C'est à cette période, entre autres marquée par une affaire de meurtre dans laquelle sont impliqués des amis proches — l'affaire Kammerer-Carr, relatée dans le roman coécrit avec Kerouac Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines —, qu'il commence sa consommation d'héroïne et de morphine, jusqu'à son traitement à la méthadone à partir de 1980. Il épouse Joan deux ans plus tard, en 1946, avec le projet de fonder une famille. Leur fils William S. Burroughs Jr. naît en 1947, au Texas. Le 6 septembre 1951, en voyage à Mexico, Burroughs, ivre, tue sa femme d'une balle en pleine tête, alors qu'il essayait de reproduire la performance de Guillaume Tell, qui fendit d'une flèche la pomme posée sur la tête de son fils. Burroughs est inculpé pour homicide involontaire. Il est arrêté et passe un court séjour en prison avant d'être relâché.

Commencent alors des années d'errance : il parcourt l'Amérique du Sud à la recherche d'une drogue hallucinogène du nom de yagé, puis l'Afrique du Nord, avant de s'installer dans le sillage de Paul Bowles à Tanger, au Maroc en 1954. Il sombre dans une totale déchéance, conséquence d'une consommation effrénée de drogues : « J’ai passé un mois dans une chambre de la Casbah en train de regarder la pointe de mes pieds j’ai compris brusquement que je ne faisais rien. J’étais en train de mourir ». Parvenu « au terminus de la came », il écrit cependant un grand nombre de pages sous le titre provisoire Interzone et c'est Jack Kerouac qui donnera plus tard le titre définitif The Naked Lunch à cet ouvrage. Il confesse dans Queer, roman écrit en 1953 mais qui ne sera publié qu'en 1985 : « I am forced to the appalling conclusion that I would have never become a writer but for Joan’s death… o the death of Joan brought me into contact with the invader, the Ugly Spirit, and maneuvered me into a lifelong struggle, in which I had no choice except to write my way out ». (Queer, 1985, p. xxii).

En 1956, il entame une première cure de désintoxication avec l'aide de John Dent, un médecin londonien qui inventa la cure d'apomorphine. À l'issue du traitement, il emménage au légendaire Beat Hotel à Paris, où il accumule des masses de fragments de pages manuscrites.

Avec l'aide de Ginsberg et Kerouac, il fait éditer Le Festin nu par Olympia Press. De leur côté, les fragments deviennent les trois épîtres d'une trilogie : La Machine molle, Le Ticket qui explosa et Nova express. Après sa sortie, le Festin nu est poursuivi pour obscénité par l'État du Massachusetts puis de nombreux autres. En 1966, la Cour Suprême du Massachusetts déclare finalement le livre « non obscène », ce qui ouvre la porte à d'autres travaux comme ceux d'Henry Miller (en particulier Tropique du Cancer).

Burroughs part pour Londres en 1960, où il publie de nombreux petits textes dans des magazines underground, travaillant dans le même temps sur un projet qui est publié en trois parties : Les Garçons sauvages, Les Cités de la nuit écarlate et Havre des saints. Il retourne à New York en 1974, où il devient professeur d'écriture pendant quelque temps, avant de réaliser que l'écriture ne peut être enseignée. Dans les années 1980, il entame une cure de désintoxication, s'installe à Lawrence en 1981 avec son dernier compagnon de vie et amant James Grauerholz, avec qui il forme un couple de 1974 à sa mort.

Dans les années 1990, Burroughs a attiré de nombreux symboles de la culture pop. Il apparaît notamment dans le film Drugstore Cowboy de Gus Van Sant, et, sur le conseil d'Allen Ginsberg, collabore avec Bob Wilson et Tom Waits pour donner naissance à la pièce Black Rider, jouée la première fois au Thalia Theatre de Hambourg le 30 mars 1990. Burroughs participera ensuite à des enregistrements de ses textes qui sortent chez Industrial Records, label de musique expérimentale et bruitiste de Londres : Throbbing Gristle pour le titre Nothing Here Now But the Recordings, Sonic Youth pour le titre Dead City Radio, Kurt Cobain pour le titre The Priest They Called Him ; R.E.M., Ministry, Bill Laswell, Parrhesia Sound System, entre autres.

Burroughs se distingue également par son utilisation du cut-up, technique qu'il met au point dans une petite chambre du Beat Hotel, rue Gît-le-Cœur à Paris avec Brion Gysin : le cut-up consiste à créer un texte à partir d'autres fragments textuels de toute origine (littérature, articles de presse, catalogues de vente par correspondance…) découpés de manière régulière, et remontés selon une logique prédéfinie, afin de faire émerger l'implicite, l'inavoué des textes de départ. Associé aux routines (récurrences de fragments du texte) tout au long d'une œuvre, le cut-up a également pour objectif de briser la cohérence logique imposée au discours par l'emploi du langage, considéré comme structure structurante. L'impression de semi-chaos générée par les cut-ups et de déjà-vu initié par les routines permettent de se rapprocher, sur le plan formel, de la logique de perception d'un individu plongé dans un environnement dont il ne maîtrise par définition pas les stimuli. L'ensemble a pour ambition de faire faire à la littérature la même révolution que celle de la peinture lors du passage à l'abstrait.

Après l'éclipse de Kerouac et la gloire que connaît Ginsberg à l'époque des hippies, Burroughs connaît un regain de popularité dans les années 1980-1990.

Décoré de l'ordre de Chevalier des Arts et Lettres en 1984, lors de son passage en France au Printemps de Bourges avec Brion Gysin, Burroughs est considéré comme un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Un des Cahiers de l'Herne lui fut consacré par Dominique de Roux, qui avait été son premier éditeur chez Christian Bourgois.

Burroughs et David Woodard debout devant un Dreamachine vers 1997:142–146.

William S. Burroughs a consacré les quinze dernières années de sa vie à la peinture et aux arts visuels. Il a eu une production artistique dès les années 1960, et fut initié à l’art par Brion Gysin ; en 1963 ils produisirent ensemble un grand nombre de collages.

En 1978, ils réalisent également l’ouvrage The Third Mind, qui utilise la forme du cut-up pour élaborer un ensemble de courtes histoires. Du collage plastique au cut-up littéraire il n’y a qu’un pas, les fragments originaux de ce livre en témoignent : Gysin et Burroughs mélangent morceaux de textes et images afin de leur conférer un sens nouveau. Le titre The Third Mind renvoie à la sensation bouleversante que les deux artistes ont ressenti à la découverte de leur travail collectif — ils avaient la forte impression qu’une tierce personne avait réalisé ce livre — un troisième auteur ou esprit, synthèse de leurs deux personnalités.

En 1982, il se retire et s’installe au Kansas pour mettre en œuvre de nombreuses expérimentations plastiques. Il réalise alors des peintures au tir de carabine, séries intitulées Gunshot, faisant exploser la peinture sur des planches de bois. Il revient ensuite sur ces pièces avec des pochoirs et de la peinture fluo, des collages et des dessins à l’encre. Ces combine paintings relèvent de l’assemblage et sont dans la filiation de ses techniques d’écriture et de ses romans.

« Burroughs réalisait tout ce qui se trouvait dans ses romans, mais sur des toiles, exposées dans des galeries d'art. Sa peinture est une extension logique de ce qu'il a toujours fait. » (John Waters à propos de Burroughs).

« En 1982, Burroughs s’est retiré loin de tout, au Kansas. Grâce à la fidèle et efficace amitié de James Grauerholz, il put enfin poser bagages, s’occuper de ses chats, regarder par la fenêtre de sa chambre les frémissements des feuilles et des arbres et surtout peindre et dessiner, avec ou sans fusils de chasse, autant qu’il le voulait. C’est à cette période qu’il produisit une bonne partie de ses peintures sur papier ou sur cibles cartonnées et imprimées, d’abord criblées de balles, puis retravaillées au pinceau et, enfin, signées et datées en tant qu’œuvres d’art. »

Burroughs travaillait également au pinceau et à l’encre de couleur sur des pochettes qu’il utilisait pour classer ses papiers administratifs ; sur certaines, il est possible de lire son écriture au crayon décrivant ce qu'elles contenaient. Cette série appelée folders est très souvent recto-verso. De manière décomplexée Burroughs vidait ces pochettes de leur contenu, les ouvrait et peignait instinctivement dessus, figurant une représentation abstraite et colorée

William S. Burroughs a exposé de son vivant dans de nombreuses galeries, son œuvre a également fait l’objet d’une rétrospective au LACMA, Musée d’art de comté de Los Angeles en 1996, puis au ZKM de Karlsruhe en 2012. En 2014 une exposition à la Photographer’s Gallery de Londres lui est consacrée.

Pour le centenaire de sa naissance, l'œuvre She Loves Control au néon est créée par Franck Ancel pour être proposée aux 23 FRAC, Fonds Régionaux d’Art Contemporain en France, sous forme de 23 propositions d’un multiple, bleu, blanc et rouge, par 23 lettres postales aux 23 fonds d’acquisition.

Aujourd'hui, William Burroughs Communications à Lawrence (Kansas) gère et garantit la protection de son œuvre littéraire et visuel. À Paris, la galerie Semiose le représente et lui a consacré une exposition personnelle en 2016, parallèlement à l’exposition sur la Beat Generation au Centre Pompidou dans laquelle de nombreuses œuvres de l’artiste étaient présentées,.

Œuvres

Traduites en français

Œuvres complètes originales

Collaborations

Essais

Correspondances

Enregistrements

Filmographie

Court-métrage

Cinéma

Clip vidéo

Expositions personnelles (sélection)

Expositions collectives (sélection)

Collections publiques

Notes et références

  1. « http://pid.emory.edu/ark:/25593/8z2w0 », sous le nom Barry Miles - William S. Burroughs collection, 1957-2000
  2. « http://pid.emory.edu/ark:/25593/bmc1v », sous le nom William S. Burroughs collection, circa 1950-2004
  3. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API. Écouter sur Forvo.
  4. «  je suis dans la maison du 4664 Pershing Avenue où je suis né ».
  5. Kerouac 2009, p. 4.
  6. Le journal Libération lui rend hommage le lendemain en lui consacrant sa une, un fusil à la main.
  7. Le Festin nu, son livre le plus connu, a été traduit en France par Eric Kahane, traducteur de Lolita de Nabokov.
  8. « biographie de William S. Burroughs », sur cafardcosmique.com (consulté le 21 août 2010).
  9. Gérard-Georges Lemaire, pour la préface de "Le festin nu" de William Burroughs, Edition Gallimard, 2002, 337 p. (ISBN 2-07-042237-2), "Burroughs, indigne petit-fils de l'inventeur des machines à calculer du même nom" p. III
  10. Hoskyns 2011, p. 265.
  11. Christopher Carmona, "The Girl Who Kissed the Gun and the Bullet That Ate Her: The Life of Joan Vollmer", Beat Scene #58 (printemps 2009), p. 4.
  12. Gérard-Georges Lemaire, pour la préface de Le Festin nu de William Burroughs, Edition Gallimard, 2002, 337 p. (ISBN 2-07-042237-2), "Sur le conseil de Paul Bowles, traverse la Méditerranée pour s'installer à Tanger Pour l'exilé volontaire commence alors une lente et inexorable descente jusqu'aux tréfonds de la maladie et de la déchéance physique et morale. Prisonnier de la drogue" p. VI
  13. « Short papers: “Fifty Years of Naked Lunch: from the Interzone to the Archive… and back.” - Academic Commons », sur academiccommons.columbia.edu (consulté le 30 janvier 2016).
  14. « Interzone Editions: publication de “Le Temps des naguals” », sur isabellebaudron.blog.lemonde.fr (consulté le 21 août 2010).
  15. Seule cure efficace en matière de désintoxication selon Burroughs.
  16. « Notice détaillée », sur sudoc.abes.fr, 2000 (consulté le 30 janvier 2016).
  17. Hoskyns 2011, p. 270.
  18. Benoît Delaune, « William Burroughs et le cut-up, libérer les « hordes de mots » », Textimage, vol. Varia 2, no 5,‎ 2010 (lire en ligne , consulté le 7 mars 2022).
  19. « Alors que Kerouac retourna vivre avec sa mère dans les années 1960 et épousa la sœur d’un ami d’enfance, et que Ginsberg régna pendant les années hippies, ce furent les années 1980 et 1990 qui allaient être l’ère de William Burroughs, le plus sombre des trois anges de la Beat Generation. », Citation extraite du livre Queer Beats de Regina Marler.
  20. Chandarlapaty, R., « Woodard and Renewed Intellectual Possibilities », dans Seeing the Beat Generation (Jefferson, NC: McFarland & Company, 2019), pp. 142–146.
  21. (en) « Determined Indeterminancy A review of THE THIRD MIND at Le Palais de Tokyo », sur http://www.eyewithwings.net (consulté le 24 février 2017).
  22. Claire Moulène, « Burroughs peintre-mitrailleur », Les InRocks Hors Série no 79,‎ juin 2016, p. 44-47 (ISSN 0298-3788).
  23. « For The Danger Of Death Spreads His Wings », sur http://www.semiose.fr/, juin 2016 (consulté le 24 février 2017).
  24. (fr + et + en) Jean-Jacques Lebel, Pleased to meet you #1, Paris, Semiose éditions, 2016, 68 pages (ISBN 978-2-915199-79-6), p.21.
  25. William S Burroughs, « Dans les galeries », L’Express Styles no 3 388,‎ 8 juin 2016, p. 87 (ISSN 0014-5270).
  26. Judicaël Lavrador, « Beat Generation, ou la libération sexuelle, textuelle, artistique », Beaux Arts Magazine N°385,‎ juillet 2016, p. 82-85 (ISSN 0757-2271).
  27. Judicaël Lavrador, « Beat, génération spontanée », Libération N°10916,‎ 27 juin 2016, p. 28-29 (ISSN 0335-1793).
  28. qui donna son nom au groupe de rock progressif Soft Machine et aussi au groupe Matching Mole
  29. Inspiré de Lucien Carr, rédigé en 1945 mais jamais publié : Burroughs prit comme pseudonyme Will Dennison, et Kerouac, Mike Ryko.

Annexes

Bibliographie

Liens externes