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Provençal Provençau / Prouvençau | |
Pays | France, Italie |
---|---|
Région | Provence-Alpes-Côte d'Azur, Auvergne-Rhône-Alpes (« Drôme provençale » et Trièves), Occitanie (« Gard provençal »), Piémont (vallées limitrophes) |
Nombre de locuteurs | De 100 000 à 500 000 |
Classification par famille | |
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Codes de langue | |
IETF | oc-provenc |
ISO 639-1 | oc |
ISO 639-3 | oci |
Linguasphere | 51-AAA-gc |
Glottolog | prov1235 |
ELP | 8629 |
Échantillon | |
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)
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Le provençal (endonyme : provençau selon la norme classique ; prouvençau selon la norme mistralienne) est la variété de l'occitan parlée en Provence,, dans l'est du Languedoc et pour certains dans les vallées occitanes du Piémont. Riche d'une littérature ancienne et prestigieuse remontant aux troubadours et ayant atteint la reconnaissance internationale avec le Prix Nobel de Littérature décerné à Frédéric Mistral en 1904.
Le statut du provençal, dialecte occitan,, ou langue distincte, est une question clivante ; l'inclusion du provençal comme un des dialectes de l'occitan est discutée dans les milieux académiques, .
Le dialecte « provençal » ne doit pas être confondu avec la « langue provençale », expression qui désignait l'intégralité de la langue d'oc avant sa substitution progressive par le terme « occitanien », puis « occitan » à partir des années 1930,.
Les parlers inclus dans le domaine dialectal provençal varient selon les chercheurs : si la majorité y range le rhodanien, le maritime et le niçois, l'inclusion du vivaro-alpin est sujette à caution ; le languedocien et le provençal sont parfois associés dans un ensemble nommé « occitan méridional » (ou « provençal moyen ») excluant le vivaro-alpin qui se trouve compris dans l'ensemble « nord-occitan ».
Le provençal littéraire fleurit dès le XIe siècle dans les compositions des troubadours et trobairitz qui écrivent souvent dans une forme générale de langue d'oc pouvant néanmoins déjà présenter un certain nombre de traits dialectaux provençaux, que l'auteur soit ou non provençal. À partir du xiiie siècle le provençal se substitue au latin en devenant la langue de la justice, des actes, des délibérations administratives et des chroniques. D'abord maintenu dans son rôle de langue juridique par le pouvoir royal à la suite de l'association du comté de Provence avec le royaume de France, son usage dans les actes officiels décline lentement à partir du XVIe siècle jusqu'à la Révolution et l'établissement de la Convention nationale. Dès lors, exclu de l'administration, il demeure néanmoins la langue de la grande majorité de la population et se maintient sur le plan littéraire.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle le provençal connait une renaissance, avec la création du Félibrige qui s'institue comme académie et bénéficie d'un travail de normalisation orthographique qui aboutit à l'adoption d'une norme dite « moderne » ou « mistralienne » à laquelle s'oppose, à partir de la première moitié du XXe siècle, une nouvelle proposition orthographique dite « classique » car se voulant transdialectale, plus proche des graphies médiévales et du catalan.
Les Provençaux parlaient encore tous leur langue au XVIIIe siècle comme en témoigne un appel au calme rédigé en provençal envoyé par le roi Louis XVI; ce n'est qu'au milieu du XXe siècle que les parents cessèrent par honte ou par espoir d'ascension sociale d'élever leurs enfants en provençal,,
Le provençal est classé par l'Atlas interactif UNESCO des langues en danger dans le monde comme langue en situation sévère d'extinction.
Dans leur livre « Grammaire provençale » publié en 2007, Guy Martin et Bernard Moulin proposent deux définitions pour le provençal, l'une qu'ils estiment retenue par le monde universitaire, qu'on pourra qualifier de « scientifique » et l'autre animée par des sentiments sociolinguistiques (liens historiques, culturels, politiques), qu'on qualifiera de « populaire », à savoir :
Le rattachement du vivaro-alpin au provençal n'est toutefois pas reconnu par l'ensemble de la communauté scientifique, qu'il s'agisse de sources contemporaines de leurs écrits (Klinkenberg, Pierre Bec) ou de sources plus récentes.
La classification dialectologique du provençal au sein de l'espace occitan diffère selon les auteurs entre les partisans d'une vision « nord-sud » (occitan oriental) et « est-ouest » (occitan méridional ou occitan moyen).
Selon Frédéric Mistral, les sous-dialectes du provençal sont : le « rhodanien », parlé dans la partie occidentale des départements des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse, jusque dans la région de Nîmes (partie orientale du Gard) ; le « marseillais » (devenu « maritime » dans la terminologie contemporaine) entre les villes de Marseille, d'Aix, de Salon, d'Apt, de Toulon et l'arrondissement de Grasse ; le « niçois » dans Nice et ses environs (le fleuve Var servant de frontière avec le maritime) ; l'« alpin » autour de Digne qui est une zone de transition entre les parties nord-occitane (rhodano-alpine) et méridionale (maritime, niçois). Mistral exclu du dialecte provençal le « vivaro-alpin », qu'il nomme « dauphinois » et sous-divise en : « briançonnais », « diois », « valentinois » et « vivarais ».
Pour Jules Ronjat, le « provençal général » est constitué du maritime, du rhodanien et du niçois.
Jacques Allières estime qu'on peut parler d'ensemble dialectal provençal dans l'espace regroupant l'intégralité de l'occitan oriental.
Enfin, Pierre Bec classe le provençal (niçois compris) avec le languedocien au sein d'un dialecte « occitan méridional » (ou occitan moyen). À noter qu'avant le XVIe siècle, provençal et languedocien ne se distinguaient guère et formaient ce que l'on nomme « provençal moyen ».
L'universitaire provençal Guy Martin parle dans son livre « Grammaire provençale » d'un « occitan oriental » reprenant des délimitations similaires à celles proposées par Allières. En présentant le dialecte nord-occitan dans sa partie orientale comme un dialecte « difficilement séparable sur le plan socio-linguistique vis-à-vis de celui sud-occitan oriental compte tenu que la Provence s'étendait autrefois sur ce territoire mais indissociable sur le plan géo-linguistique avec le limousin et l'auvergnat », il n'opère pas de distinction particulière entre ce que Mistral appelle « dialecte provençal » (sud-occitan) et « dialecte dauphinois » (nord-occitan) mais, à la différence de Mistral, il nomme la partie nord-occitane orientale « dialecte rhodano-alpin » (ou « vivaro-alpin ») et la partie sud-occitane orientale en « dialecte rhodano-méditerranéen » en gardant les délimitations mistraliennes (alpin, marseillais, niçois, rhodanien). Ainsi, Martin divise les parlers provençaux de l'arc alpin en trois sous-dialectes : l'« intra-alpin » (central, méridional, septentrional) ; le « nord-rhodanien » (méridional, septentrional) et l'« inalpin » (ou « transalpin »). Il fait de même avec les parlers maritimes (« occidental », « varois », « oriental »), niçois (« côtier », « intérieur », « oriental »), et bas-rhodaniens (« central », « oriental », « occidental », « septentrional ») et dégage une « zone d'interférence » entre les dialectes rhodanien et maritime, et entre les dialectes maritime et alpin.
La Provence linguistique et historiqueSi nous laissons de côté l'utilisation de provençal pour désigner l'ensemble d'oc, l'extension du provençal reste un objet de débat :
Hormis le vivaro-alpin et le niçois, le domaine du provençal est en général subdivisé en deux : le provençal rhodanien (rendu célèbre par Frédéric Mistral) et le provençal maritime (la langue de Victor Gelu).
La plupart des caractéristiques linguistiques, dont la somme est spécifique du provençal par rapport aux dialectes occitans voisins, apparaissent entre le XVIe siècle et le XVIIe siècle.
Les voyelles du provençal sont issues du latin. Tous les dialectes provençaux possèdent les phones vocaliques , , , , , , et . Leur utilisation est variable selon les localités. Le rhodanien possède en plus le phone et le vivaro-alpin les phones et .
Antérieures | Centrales | Postérieures | ||
---|---|---|---|---|
Fermées | i | y | u | |
Mi-fermées | e | ø | o | |
Moyennes | ə | |||
Mi-ouvertes | ɛ | œ | ɔ | |
Ouvertes | a |
La lettre « a » se prononce comme en français, sauf si elle est atone et en position finale, ce qui produit un son entre et . La graphie mistralienne emploie la lettre « o », alors qu'une partie du domaine provençal prononce ou ; la graphie classique écrit « a ». La lettre « e » se prononce dans toutes les graphies, mais en norme mistralienne, elle vaut aussi lorsqu'elle précède « -ll », « -rr » ou « -r » suivi d'une consonne,. Si la graphie mistralienne enregistre les différentes évolutions de la lettre « e » en provençal, la graphie classique choisi de masquer les différences sous-dialectales. Pour éviter la multiplication des variantes, la norme classique propose de toujours noter « e » même si les locuteurs prononcent , , ou . Ainsi, elle recommande d'écrire en provençal maritime « e » mais de le prononcer lorsqu'il est suivi de « nh » ou « lh » (ce même « e » est prononcé en rhodanien) ou après « ch » et « tg » ; d'utiliser « e » à la place de « a » lorsqu'il y a un « r » suivi d'une consonne (mercat au lieu de marcat) et de noter « e » pour « u » dans des mots où entre Arles et Marseille, on prononce lorsque « e » et suivi de « b », « p », « f », « v » et « m » (frema doit donc être préféré à fruma). Pour simplifier cette règle, certains utilisateurs de l'écriture classique écrivent Marsilha, fruma et marcat qui sont plus conformes à leur prononciation. En revanche, « e », n'exprime jamais la valeur qu'on peut trouver en français. La lettre « u » se prononce comme en français, en lombard ou en piémontais. Les deux graphies suivent les usages des troubadours et notent « u » le son dans les diphtongues et les triphtongues. La lettre « o » présente le plus de différence entre les deux normes : chez les félibres « o » vaut (idem pour « ò » qui marque l'irrégularité de l'accent tonique), « ó » vaut et « ou » vaut ; chez les classicistes « o » vaut et « ò » . En début de mot, « o » se prononce en graphie classique (les mistraliens écriront « óu »). L'accent grave sur « o » permet de préciser l'emplacement de certaines diphtongues oralisées par la graphie classique comme « ouo », « oua » et « oue », que les rhodaniens ne prononcent pas car ils se limitent à la prononciation .
Tous les dialectes provençaux possèdent les phones consonantiques , , , , , , , , , , , , , , , , , , et . Leur utilisation est variable selon les localités. Le vivaro-alpin est le seul à posséder les phones , , , et ; le maritime et le niçois et le sud-rhodanien ont les affriquées et contrairement au nord-rhodanien qui a et .
Les diphtongues provençales sont , , , , , , , , , , , , , , , , et . Leur orthographe a varié selon les auteurs et les époques : les auteurs de la Renaissance, par exemple, utilisaient la lettre « y » (« rey » au lieu de « rei ») que les troubadours n'employaient pas et qu'aucun courant moderne de normalisation n'a repris.
Les variations dans la notation des diphtongues entre les écritures classique et mistralienne sont superficielles et tiennent pour certaines seulement par l'apparition ou la suppression d'un accent. En graphie classique et mistralienne elles s'écrivent respectivement, :
Graphie classique | Graphie mistralienne | Prononciation |
---|---|---|
ai | ai | /aj/ ou /ej |
ei | ei | /ej/ |
èi | èi | /ɛj/ |
òi | oi | /ɔj/ |
oi, ói, oï, oí, vò | oui | /uj/, |
au | au | /aw/ |
èu | èu | /ɛw/ |
eu | éu | /ew/ |
ièu | iéu | /iw/ |
òu | òu | /ɔw/ |
ou | óu | /ow/ |
ue | ue | /ɥe/ en maritime
/jœ/ en rhodanien |
uò | uò | /jɔ/ en rhodanien |
Les diphtongues changent de valeur selon leur tonicité. Lorsque « ai » et « au » sont toniques elles se prononcent et (aiga , sauvar ), quand elles sont atones et (aiguier , sauvança ). Elles peuvent aussi se prononcer , et , mais également , notamment en rhodanien. Ces prononciations en et très présentes dans le sous-dialecte rhodanien concernent la finale atones des articles, adjectifs et pronoms pluriels (nosautrei ).
L'utilisation du tréma indique l'absence de diphtongue (diérèse) et la prononciation de la syllabe à l'unité (flaüta ).
En écriture classique, les « o » en début de mot peuvent se prononcer mais la prononciation tend généralement à les diphtonguer en « ow » comme oliva > óulivo ; observatòri > óusservatori ; occitan > óucitan. Cette diphtongue est uniquement oralisée en écriture classique.
Triphtongues Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?Graphème classique | Graphème mistralien | Prononciation commune | Prononciation locale différenciée |
---|---|---|---|
a en général | a | ||
-a final, atone (féminin) | -o |
Dans le langage courant, les prononciations , et tendent à se confondre. À ce titre, Frédéric Mistral émettait l'hypothèse que les Niçois pouvaient adopter -o à l'écrit comme le reste des Provençaux. D'ailleurs, le Niçois Jean Badat utilisait parfois -o dans son journal : « Tant sagiament foget menado la causo che monsur foget signour como esi so es che non serio si si fosco menat autroment ero perdut tot lo rest de som pais ». Philippe Blanchet montre que la lettre -e fut employée temporairement à Marseille «...Aguet doües coüestes enfonçades... ». En chanson, les lettres finales atones sont souvent appuyées. | |
-as final, terminaison atone | -as |
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-an final, terminaison tonique | -an | ( dans certains mots internationaux) | |
-an final, terminaison atone dans les verbes à la 3e personne du pluriel | -on | , | |
à | a | ||
á | é | , |
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ai | ai, ei | , |
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au | au, óu | , |
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è | è | ||
é | é | ||
e | e, a, i, u | , , , , |
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i | i | après une voyelle ou avant une voyelle |
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í | i | ||
-ion final | -ioun, -ien |
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ò | o, ò, oua, oue, ouo |
Pour -ò la prononciation est identique au a/o final atone des écritures classique et mistralienne.
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ó | ou | Entre Marseille et Toulon, la lettre se prononce si elle est suivie d'un -r. | |
o | ou | Entre Marseille et Toulon, la lettre se prononce si elle est suivie d'un -r. | |
u | u | après une voyelle ou devant une voyelle |
Graphème classique | Graphème mistralien | Prononciation commune | Prononciation régionale différenciée |
---|---|---|---|
b | b | ||
-b final | -b | dans les mots internationaux) | |
c | c | devant e, i |
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-c final | -c |
| |
ç | ç, ss | devant a, o, u | |
-ç final | s | (mais muet après une diphtongue ou un -r ; exemple : març) | |
cc placés devant e, i | c, cc | ||
d | d | ||
-d final | -d | , muet |
|
dd | d | ||
f | f | ||
g | g | , |
|
-g final | muet | ||
gu devant e, i | gu | ||
j | j | , |
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l | l | , | En maritime, le -l suivi d'une consonne se prononce parfois comme un -r roulé (les deux sons se mélangent). Par exemple, cultura et soudat (« soldat » avant vocalisation du -l en -u) se prononce et en roulant légèrement les -r (plus exactement en les battant). Les deux graphies admettent les deux formes. |
-l- entre deux voyelles | l, r | , |
Frédéric Mistral explique à l'entrée « L » de son dictionnaire qu'un « l » intermédiaire en maritime et en alpin se permute souvent avec un « r ».
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-l final | -u (parfois) | , muet |
Dans la majeure partie des dialectes, -l final est muet dans un mot paroxyton. |
ll | l | ||
m | m | en général , devant une consonne (semi-nasalisation de la voyelle précédente) |
|
-m final | -n | (semi-nasalisation de la voyelle précédente), , |
|
mm | m | ||
n | n | , devant une consonne (semi-nasalisation de la voyelle précédente) | |
-n final | -n | (semi-nasalisation de la voyelle précédente) | |
nn | n | ||
-nd final -nt final |
-d -t |
, , |
|
p | p | ||
-p final | p | , , muet |
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qu | qu, c, k (quelques mots) | ||
r | r, l | apicale brève (battue) |
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rr entre deux voyelles | rr | , |
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-r final | -r | (partiellement muet), |
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-rm final | -r | , |
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-rn final | -r | , , |
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s | s | entre deux voyelles |
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-s final | -s | , en liaison |
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ss entre deux voyelles | ss | ||
t | t | ||
-t final | t | muet dans les adverbes en -ment. muet dans les participes présents. |
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tg devant e, i tj devant a, o, u |
g devant e, i j devant a, o, u |
, |
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tz entre deux voyelles | s | , |
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v | v | ||
x | ss | , , |
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z | z, s |
La prononciation des consonnes finales dans le dialecte provençal est fluctuante. Dans les sous-dialectes rhodanien et maritime, celles-ci tendent le plus souvent à s’amuïr et c'est pour cette raison que l'écriture mistralienne, calquée sur le rhodanien, tend à les enlever. Par exemple, le -at final désignant le participe passé s'écrit -a en mistralien (proussimita) - contre -at en classique (proximitat). Étant donné que les sous-dialectes niçois et alpin sont plus conservateurs dans la prononciation des consonnes finales, comme certains autres dialectes occitans, l'écriture classique tend à les remettre afin d'unifier au mieux la langue d'oc. Les dialectes sont ainsi davantage oralisés (écriture classique) que transcrits (écriture mistralienne).
Les consonnes « k » et « w » sont absentes de l'écriture classique. La première est remplacée par « qu » (kilo > quilò) ou « c » (kabyle > cabile) alors que la seconde est remplacée par « v » (Wikipédia > Viquipedia). L'écriture mistralienne n'utilise également pas « w » mais emploie « k » pour douze mots dans le dictionnaire provençal-français de Frédéric Mistral : karabe (succin, ambre jaune) ; kaulin (kaolin) ; kepi (képi) ; kermés (kermès) ; Kerounièio (Chéronée) ; kersounèso (chersonèse) ; kilougramo (kilogramme) ; kiloumètre (kilomètre) ; kinarredoun (cynorrhodon) ; kirié (kyrie) ; kiriello (kyrielle) et kirsch (kirsch). L'auteur précise d'ailleurs que cette lettre est presque inusitée en langue d'oc moderne et était plus employée dans l'ancien occitan. C'est prétendument dans un souci de simplification que les classicistes ont remplacé la lettre « k ».
Graphème classique | Graphème mistralien | Prononciation commune | Prononciation locale différenciée | Exemple | Prononciation de l'exemple |
---|---|---|---|---|---|
ch en général | ch | nord-rhodanien : | Cla. : chichí fregit Mist. : chichi fregi |
t͡ʃi't͡ʃi fʀe'd͡ʒi | |
ch en final | ch | , muet | Le -ch final est supprimé dans l'écriture mistralienne pour le maritime et le rhodanien. vivaro-alpin, niçois : |
Cla. : nuech Mist. : nue, niue, nuech, niuech |
nɥe, niœ, nɥet͡ʃ, niœt͡ʃ |
lh en général | lh, i(h) | , | maritime, niçois, rhodanien : vivaro-alpin, maritime (rare) : |
Cla. : Marselha, Fuelha Mist. : Marsiho, Fiuelho (varois) |
masi'jɔ, fɥejɔ/fiœʎɔ |
lh en final | lh, u, i | , , | maritime, rhodanien : (vocalisation fréquente mais non systématique) maritime, niçois : vivaro-alpin : |
Cla. : uelh Mist. : uei |
ɥej |
nh, gn en général | gn | Cla. : montanha, ignòble Mist. : mountagno, ignoble |
muⁿ'taɲɔ, iɲɔble | ||
nh en final | n | , | maritime, rhodanien, niçois : vivaro-alpin : |
Cla. : banh Mist. : ban |
baⁿ |
tz en général | s | Class. : crotz Mist. : crous |
kʀus |
Les digrammes en écriture classique sont les suivants :
L'écriture félibréenne emploie de « ch » mais a modernisé les autres. Ainsi, l'écriture ancienne -tz passe à -s, -nh à -gn et -lh passe fréquemment à -i ou -h, mais se maintient dans de rares mots provençaux très localisés et s'emploie à l'écrit dans d'autres dialectes de l'occitan.
Groupes de consonnesDans un souci d'une meilleure réunification à l'écrit de la langue d'oc et par calque de l'orthographe catalane, l'écriture classique réemploie certaines consonnes doubles se prononçant dans des dialectes particuliers et que l'écriture mistralienne a supprimé par simplification orthographique (seulement pour le provençal standard).
Graphème classique | Graphème mistralien | Prononciation commune | Exemple | Prononciation de l'exemple |
---|---|---|---|---|
bd, gd | d | Cla. : ebdomadari Mist. : edoumadari |
edumadaɾi | |
tl | l | Cla. : espatla Mist. : espalo |
ɛspalɔ | |
dm, gm, tm | m | Cla. : setmana Mist. : semano |
semanɔ | |
bn, gn, mn, tn | n | Cla. : condamnar Mist. : coundana |
kuⁿdana | |
bs, cs, ns, ps, rs | s | Cla. : psicologia, accent, inspirar, constatar Mist. : sicoulougio, acènt, ispira, coustata |
sikulud͡ʒi, aceⁿ, ispiɾa, kustata | |
bt, ct, pt | t | Cla. : subtilitat, acte Mist. : sutileta, ate |
sytilita/sytileta, ate | |
bv, dv | v | Clas. : adversari Mist. : aversàri |
avesaɾi |
Quand deux consonnes se suivent, les deux graphies ne prononcent que la seconde. Cependant, la première propose une autre solution en vocalisant les premières consonnes comme -b, -c, -g, -p en -w. Exemples : absolut , adoptar . Elle propose aussi la transformation de -c en après -e et -è. Exemples : lectura , objectar .
Le dictionnaire provençal-français du CREO-Provença (IEO) précise que des débats existent quant au maintien de certains groupes consonantiques du fait de l'alourdissement qu'ils peuvent générer. Ainsi, là où le -t de setmana peut-être facilement assimilable comme dans viatjar, le -p dans psicologia et le -ns dans constatar le sont moins. C'est pourquoi, précise l'ouvrage, certains classicistes écrivent sicologia, costatar, etc.
Les dialectes provençaux partagent les articles définis singuliers lou (lo en graphie classique) au masculin et la au féminin. Ils s'élident devant une voyelle. En niçois, on peut également trouver après la préposition eme/embe (« avec ») les articles ei, ai et au à la place de lou. Au pluriel, le rhodanien possède li(s) (orthographié lei(s) en graphie classique) le maritime lei(s), le niçois lu au masculin et li au féminin, le vivaro-alpin lous (los en graphie classique), les et lei (par influence des parlers de la plaine) au masculin et las au féminin. Dans le massif alpin, les formes rou et ra (phénomène de rhotacisme) existent aussi. Dans les Alpes-Maritimes (vers Coaraze et Roquestéron), à Grasse et à Castellane on retrouve aussi les articles définis sou (so en graphie classique) et sel (seulement devant une voyelle) au masculin, sa au féminin, sei(s) au pluriel. Sur le même modèle, les articles indéfinis sont un au masculin, uno (una en graphie classique) au féminin, di(s) au pluriel en rhodanien (aligné sur le maritime dei(s) en graphie classique), de en niçois. Quant à uni(s) et unei(s) ils s'emploient pour parler de choses doubles.
Chez Brueys, qui écrivait à Aix vers 1600, on trouve tantôt leis (leis damos, leis omes) tantôt las (las terros, las fremos).
Graphie mistralienne | Graphie classique | |||
---|---|---|---|---|
Masculin | Féminin | Masculin | Féminin | |
Article défini singulier | Lou, L' | La, L' | Lo, L' | La, L' |
Article défini pluriel | Li(s), Lei(s), Lu | Li(s), Lei(s), Li | Lei(s), Lu | Lei(s), Li |
Article indéfini singulier | Un | Uno | Un | Una |
Article indéfini pluriel | Di(s), Dei(s), De | Dei(s), De |
En ancien occitan, le marqueur du pluriel pour les substantifs était un « -s » final que les dialectes maritime, niçois et rhodanien ne prononcent plus — sauf liaison — contrairement au vivaro-alpin qui l'a maintenu. Ainsi, pour les trois premiers sous-dialectes seul l'article permet désormais d'identifier à l'oral si la forme est au singulier ou au pluriel. La graphie mistralienne ne note pas ce « -s » lorsqu'il est inaudible ; les substantifs peuvent alors sembler invariables : la poumo, lei poumo. La graphie classique l'écrit systématiquement. Pour les adjectifs, la marque du pluriel est soit « -s » ou « -ei(s) » (« -i(s) » en rhodanien et en niçois) selon leur position dans la phrase : deis òme braves, de braveis òmes. C'est lorsque l'adjectif est placé devant le nom auquel il se rapporte qu'il se termine par « -ei(s) ». Toutefois certains adjectifs comme bèu (« beau »), bòn (« bon ») et pichon (« petit ») possèdent une flexion complète que le tableau ci-dessous récapitule (les formes en graphie mistralienne sont indiquées entre parenthèse) :
Français | Masculin singulier | Féminin singulier | Masculin pluriel | Féminin pluriel |
---|---|---|---|---|
beau | bèu, bèl | bèla (bello) | bèi | bèlei (bellei/belli) |
bon | bòn (bouan/bon) | bòna (bouano/bono) | bòi (bouei/boi) | bòni (bouanei/boni) |
petit | pichon (pichoun) | pichona (pichouno) | pichoi (pichoui) | pichonei (pichounei/pichouni) |
En Provençal, ce sont les terminaisons des verbes qui indiquent le sujet. La langue possède des désinences verbales suffisamment distinctives pour rendre inutile le recours au pronom personnel sujet, qui ne sert qu'à insister : Iéu, ai parlat (Moi, j’ai parlé). Les provençaux utilisent un verbe réfléchi — se + verbe (si + verbe en maritime) — pour exprimer le pronom indéfini « on » et la première personne du pluriel « nous », : Se dis que lou mariage es uno flour poulido (on dit que le mariage est une jolie fleur) ; se sian imagina (nous nous sommes imaginés).
Les verbes provençaux se rangent en trois groupes selon leur infinitif : le premier groupe fait ses terminaisons en « -ar » (« -a » en graphie mistralienne), le deuxième en « -ir » (« -i » en graphie mistralienne) et le troisième en « -er » ou « -e » (« -e » ou « -é » en graphie mistralienne).
Ci-dessous la conjugaison des dialectes rhodanien et maritime selon la norme classique et la norme mistralienne. Les dialectes niçois et vivaro-alpin seront traités dans des articles spécifiques.
Verbe | Indicatif présent | Imparfait | Passé simple | Futur | Conditionnel | Subjonctif présent |
---|---|---|---|---|---|---|
Premier groupe : |
Ame |
Amave |
Amère |
Amarai |
Amariáu/Amariéu |
Ame |
Deuxième groupe : |
Sente/Sènte |
Sentiáu/Sentiéu |
Sentiguère |
Sentirai |
Sentiriáu/Sentirièu |
Sente/Sentigue |
Troisième groupe : |
Pòde |
Podiáu/Poudièu |
Posquère/Pousquère |
Podrai/Poudrai |
Podriáu/Poudrièu |
Pòsque/Posque ou Pogue |
Verbe | Présent de l'indicatif | Imparfait de l'indicatif | Prétérit | Futur de l'indicatif | Conditionnel présent | Subjonctif présent |
---|---|---|---|---|---|---|
Premier groupe : |
Ami/Àimi |
Amavi/Eimàvi |
Amèri/Eimèri |
Amarai/Eimarai |
Amariáu/Amariéu |
Ami/Àimi |
Deuxième groupe : |
Senti/Sènti |
Sentiáu/Sentiéu |
Sentèri |
Sentirai |
Sentiriáu/Sentiriéu |
Senti/Sènti |
Troisième groupe : |
Pòdi/Pouèdi |
Podiáu/Poudièu |
Poguèri/Pouguèri |
Poiriáu/Pouirai |
Poiriáu/Pourrièu |
Pòsqui/Pouèsqui ou Puèsqui |
Le provençal connaît à l'écrit comme à l'oral des variations locales, plus visibles en écriture mistralienne qui les valorise qu'en écriture classique qui les minimise pour les revaloriser dans le langage parlé. Voici un exemple de cette variation avec la traduction de la phrase « Les belles filles jouent tous les jours sur la colline » :
Dialecte | Norme mistralienne | Norme classique | Prononciation phonétique |
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Maritime | « Lei bèllei fiho juegon toutei/touei lei jou(r) dins la couolo/coualo/couelo. » | « Lei bèlei filhas jògan totei/toei lei jorns dins la còla. » | lej ˈbɛlej fijɔ ˈdʒɥeguⁿ ˈtutej/twej lej ˈdʒu(ʁ) diⁿ la ˈkwɔlɔ/ˈkwalɔ/ˈkwelɔ |
Niçois | « Li beli filha juègon toui lu jou dins la couòla. » | « Li bèli filhas jògan toi lu jorns dins la còla. » | li ˈbɛli ˈfija ˈdʒɥɛguⁿ/ˈdʒɥegɔⁿ ˈtuj ly ˈd͡ʒu diⁿ la ˈkwala/ˈkwɔla |
Rhodanien | « Li bèlli chato/fiho jogon tóuti li jour dins la colo. » | « Lei bèlei chatas/filhas jògan totei lei jorns dins la còla. » | li ˈbɛli ˈtsatɔ/ˈtʃatɔ/ˈfijɔ ˈdzɔgɔⁿ/ˈdʒɔgɔⁿ ˈtuti li ˈdzuʁ/ˈdʒuʁ diⁿ la ˈkɔlɔ |
Le maritime, également nommé « central » ou « marseillais », est parlé sur un territoire recouvrant les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Bouches-du-Rhône, des Alpes-Maritimes et du Var. Il possède deux variantes : le marseillais proprement dit et le varois plus influencé par sa proximité géographiques avec les dialectes niçois et alpin (l'arrondissement de Grasse est par exemple une zone de transition entre varois et niçois). Le maritime possède des caractéristiques propres : les pluriels des adjectifs se font en -ei(s) et non en -i(s) comme c'est le cas en rhodanien, les « o » toniques peuvent être diphtongués en « ouo » , « oua » et « oue » , les pronoms me, te, se deviennent en maritime — tout comme en niçois — mi, ti, si, la conjugaison diffère du rhodanien puisqu'au présent de l'indicatif, la terminaison de la première personne du singulier est « -i » et non « -e », la désinence des substantifs en « -ien » remplace celle en « -ion / -ioun » du rhodanien (la graphie classique oralise cette différence et recommande d'écrire « -ion » par souci de pan-occitanité, mais certains classicistes perpétuent l'usage du « -ien » aussi bien à l'oral qu'à l'écrit), la chute très marquée de nombreuses consonnes finales, la suppression de certaines consonnes intervocaliques, que ne connaît pas le rhodanien, induite par des contacts entre parlers de la plaine et parlers de la montagne lors des transhumances (ce phénomène est plus visible dans les zones inter-dialectales).
Le varois comporte des spécificités liées à la conservation de certaines caractéristiques propre à l'ancien provençal que l'on retrouve encore dans le sous-dialecte alpin de Digne ou le rhodano-alpin plus au nord. Ce maintien plus important d'archaïsmes s'explique par les migrations de population qu'a connu le Var depuis les Alpes-de-Haute-Provence et par les transhumances entre plaines et montagnes.
Le maritime de l'arrondissement de Grasse, est quasi identique au parler varois. Il ne se distingue que par la conservation de lettres consonantiques finales « -c » et « -p » à l'oral ainsi que par le maintien de « -ion / -ioun » en final au lieu de « -ien ».
Le niçois, (endonyme : niçard, ou nissart) se parle traditionnellement dans Nice et ses environs, bien qu'en ce XXIe siècle, le rayonnement de la ville et les migrations humaines font que l'usage de la langue déborde sur les zones alpines et maritimes voisines. L'appellation niçart recouvre deux réalités :
Étant donné que le niçois est le dialecte provençal qui a le moins divergé de l'ancien provençal et que ce qui est devenu le Comté de Nice a été séparé pendant un temps du reste de la Provence, il convient de traiter sa question dans une page plus spécifique.
Le rhodanien est parlé entre les villes d'Arles, Saint-Rémy-de-Provence, Cavaillon, Carpentras, Orange, Avignon, Nîmes et Beaucaire. Les sous-dialectes locaux sont les parlers du Ventoux, du comtat (aux environs de Carpentras), de la vallée du Rhône (vers Nîmes, Arles, Avignon, Orange et Bollène). En rhodanien, les pluriels adjectivaux sont réduits à -i(s), les graphèmes « ch » et « j » (« g » devant « e » et « i ») se prononcent respectivement et en nord-rhodanien contrairement aux autres dialectes qui disent plutôt et , les « o » toniques ne sont pas diphtongués, l'article pluriel est li(s) et non lei(s) (les classicistes rhodaniens écrivent « lei(s) » mais prononcent , certains comme Robert Lafont simplifient et notent « li(s) » en accord avec leur prononciation), la conjugaison possède ses propres spécificités.
Selon Jean-Pierre Tennevin, le dialecte rhodanien est celui qui, ayant subi le plus d'évolutions et « d'usures phonétiques », présente les sons les plus atténués, les « plus doux » à l'oreille.
Les « juifs du pape », communautés juives d'Avignon, de Carpentras, de Cavaillon, de l'Isle-sur-la-Sorgue et du Comtat Venaissin ont développé un dialecte judéo-provençal particulier, connu sous le nom de shuadit, se distinguant peu du provençal proprement dit, si ce n'est par quelques différences de prononciation et des termes propres au judaïsme. Le dernier locuteur connu, l'écrivain Armand Lunel, est décédé en 1977. Grâce aux lectures de Frédéric Mistral ainsi qu'à correspondance avec Albert Lunel et son petit-fils Armand, quelques termes shuadits sont présents dans le Trésor du Félibrige, : aquire « là » ; cabussado « mikvé » ; coudolo « matsa » ; gouïn « goy » ; anlèt « talit », sagata « égorger », « rater la couture d'une étoffe » ; sagataire « boucher kasher », etc.
Le vivaro-alpin (aussi nommé « alpin », « gavot », « rhodano-alpin ») est parlé entre la haute vallée de la Loire et la plaine du Pô, dans un espace comprenant l'ancienne province du Vivarais (territoire historique de la Provence ancienne), le Velay et le Forez, les Alpes méridionales de part et d'autre de la frontière franco-italienne (vallée italo-occitanes) le Dauphiné et le nord de la Provence, ainsi qu'une poche en Calabre. Il est bordé au nord par le francoprovençal (ou « arpitan ») et à l'est par le piémontais. Son rattachement au provençal est, selon certains chercheurs, plus culturel que linguistique (contrairement au niçois, linguistiquement proche du maritime mais culturellement distinct) et relève de la sociolinguistique, même si les intenses échanges entre Haute et Basse Provence ont, comme Victor Gelu l'a décrit, mutuellement influencé et rapproché les deux variétés de provençal. La zone autour de Digne-les-Bains constitue un espace de transition entre le sous-dialecte maritime et le vivaro-alpin.
Le vivaro-alpin présente d’importantes variations linguistiques internes pouvant amener à questionner la pertinence de son existence, même si, comme le note Philippe Martel, ces variations « sont surestimées » voire caricaturées par les locuteurs (qui ont perdu une pratique régulière qui fluidifiait de facto l’intercompréhension).
En l'absence d'un pouvoir politique propre à la Provence, ou à l'équivalent d'une institution de normalisation comme l'Académie française, aucun système d'écriture n'est unanimement approuvé et adopté. Néanmoins, depuis le xxe siècle, la graphie mistralienne et la graphie classique sont les deux normes les plus couramment employées, même si les écritures « patoisantes » n'ont jamais cessé d'être utilisées. Bien que l'usage de la graphie classique croisse, la norme mistralienne domine toujours l'espace provençal du fait de facteurs traditionnels et culturels. Des controverses complexes existent entre les partisans des deux normes sur le statut du provençal — simple dialecte de l'occitan ou langue à part entière ? — ; l'utilisation d'une graphie particulière n'est pas toujours l'indice d'une prise de position dans le débat et, malgré ces oppositions, on dénombre aussi des actions unitaires. Les partisans d'une langue polynomique existent, tout comme ceux qui souhaiteraient la mise en place de standards régionaux.
On recense des auteurs favorables à la stabilité de la norme et d'autres en rupture avec elle. Ces derniers se montrent ouverts aux usages flottants, aux localismes, et à davantage de phonétisation pour éviter certaines règles jugées trop complexes de la graphie classique.
Les troubadours provençaux sont rares avant la fin du xiie siècle. Les plus anciens textes que sont Boëcis (ou poème sur Boèce) et la Chanson de sainte Foy d'Agen ne sont pas des œuvres provençales. La langue classique des troubadours s'est construite par imitation des premiers troubadours qui étaient limousins (Bernard de Ventadour), poitevins (Guillaume IX d'Aquitaine) ou originaires de la Marche limousine. Ainsi, on rencontre dans les anciens textes gascons et languedociens des « poitevinismes ». Par exemple, Cercamon et de son disciple Marcabru ou Jaufré Rudel utilisent le graphème « ch » en lieu et place de « c » dans des positions où leur dialecte gascon a toujours conservé le son . Si la langue littéraire offrait une certaine unité que ne possédait pas la langue ordinaire, on ne peut néanmoins pas parler d'orthographe pour qualifier la graphie des troubadours qui souffrait de ce Joseph Anglade appelle « le caprice du scribe », ni même de koinê mais de scripta régionales. Le passage du latin à la langue vulgaire dans les actes administratifs demanda aux scribes médiévaux de faire preuve d'inventivité pour parvenir à noter des sons inexistants en langue latine. En effet, l'alphabet latin ne permettait pas de noter les consonnes affriquées ni les distinctions entre voyelles ouvertes et fermées ni la palatalisation de /l/ et /n/.
On peut ainsi trouver dans des manuscrits italiens ciauzir pour chauzir, ditç pour ditz ou dig, egla pour elha, etc. Les manuscrits médiévaux révèlent que la lettre « h » était parfois écrite à l'initial mais ne semblait pas prononcée, que les diphtongues dont le second élément était le son s'écrivaient avec « u » ; pourtant, il arrivait aussi que la diphtongue « au » soit écrite « ao » (paraolas), idem pour les diphtongues « eu » et « iu » qui devenaient « eo » et « io » ; la lettre « s » pouvait être redoublée sans nécessité apparente dans les suffixes « -ansa » (abondanssa, Franssa) et « -ensa » (falhenssa). Il est commun de trouver des mots écrits avec une initiale double dispensable (Ffransa, ffait, ssi). Comme dans d'autres langues moyenâgeuses « i » intervocalique et « j » ne sont pas distingués. La lettre « n » était instable à la fin des mots où elle se trouvait précédée d'une voyelle en latin (canem donne can et ca, panem, pan et pa, bonum, bon et bo). Le son était rendu par différents graphèmes : « gl », « igl », « ill », « lh » et « ll » mais c'est bien « lh » qui sembla se généraliser ; pouvait être écrit : « gn », « ign », « nh », voire « ny » en catalan et même « y » dans certains textes provençaux (cavayer, seyor) ; parfois même, la palatalisation n'était pas du tout notée et on ne voit que « l » et « n » seules. Le graphème « -ch » final provenant du latin « ct » pouvait être représenté par « h » (dih, fah, tuh) ou « g » (dig, fag, tug).
Les premiers codes que sont Razos de trobar de Raimon Vidal et Donat proensal de Hugues Faidit furent édictés au xiiie siècle. Ils s'intéressaient surtout à la morphologie ou aux rimes et pas à la graphie de la langue. Ce sont les Leys d'Amors publiées par le Consistori del Gai Saber en 1356 qui établirent des règles précises concernant l'orthographe. La poésie des troubadours tombait alors en décadence et la langue littéraire commençait à se corrompre depuis le début du xive siècle.
Les auteurs de la Renaissance utilisaient la lettre « y » pour plus facilement faire ressortir les diphtongues (« rey » au lieu de « rei »). Cet usage est visible dans les Leys d'Amors.
Les graphies « phonétisantes » ou « oralisantes » parfois dénommées péjorativement « patoisantes » sont des codes écrits pensés pour rendre le plus fidèlement possible à l'écrit les réalisations orales et la variété dialectale. Elles sont apparues au cours du xvie siècle, non sans critiques, lorsque les usages scripturaux médiévaux se sont perdus, et, même si elles ont été abondamment utilisées entre les xvie siècle et xxe siècle, elles sont en train de disparaître à cause de la raréfaction des locuteurs natifs. En effet, ces graphies reposent sur un pacte entre l'auteur et le lecteur : le second doit maîtriser le parler du premier sinon, il ne pourra en déchiffrer le code écrit,. En Provence, elles sont bâties à partir d'emprunts soit à la norme française soit à l'italienne, car ce sont les deux langues d'alphabétisation des provençaux. On peut citer Victor Gelu et Gustave Bénédit parmi les auteurs employant ce type d'écriture.
Le niçois s'est écrit au moyen d'orthographes dites « italianisantes », car inspirées par les codes italiens, entre le xviie siècle et le milieu du XXe siècle, mais elles ont été peu à peu abandonnées à la suite de l'annexion du Comté de Nice à l'Empire français. Elles empruntaient notamment le graphème « gli » pour noter le son (« igli » chez Joseph Micèu qui le réduit à « gl » en fin de mot ; Joseph-Rosalinde Rancher, influencé par le français, emploie « il » en position finale), « c » (devant « e » et « i ») et « ci » (devant « a », « o » et « u ») plutôt que « ch » pour transcrire le son (« ch » se prononce comme en italien), « gh » pour obtenir le son devant « e » et « i » (à la place du traditionnel graphème « gu »), « gi » devant « a », « o » et « u » pour maintenir la prononciation (au lieu de « j »), la lettre « ç » n'est pas employée.
La graphie dite des « trouvères marseillais » provient des traditions d'écriture des XVIIe et XVIIIe siècles. Ces trouvères marseillais sont des auteurs écrivant selon des normes indépendantes mais ayant en commun de noter des consonnes muettes étymologiques : Claude-François Achard, Pierre Bellot, Marius Decard, Étienne Garcin, Félix Peise et Jean-François Roux notent tous les « -r » infinitifs et les « -s » pluriels. En 1784, dans son Dictionnaire de la Provence, Achard opte pour une graphie grammaticale et étymologique. Il orthographie les mots selon leur racine (par exemple natien « nation » d'après le latin natio), retranscrit les consonnes finales muettes (bec « bec » , nuech « nuit » , prim « mince, fluet » ), et note, alors qu'ils ne sont plus prononcés dans la région marseillaise, les « -r » des infinitifs, les « -s » du pluriel et les « -t » des participes et des adjectifs masculins. Achard restaure l'usage du graphème « lh » médiéval (bien que le son se soit réduit à en provençal), mais emprunte certaines conventions orthographiques françaises : « ou » pour le son , (souleou) « gn » pour , « o » pour les voyelles finales atones provenant du a latin prononcées . Bellot et Decard notent aussi les « -t » des participes passés, les prétérits « -et », remplacent le graphème « ll » par le médiéval « lh » ; si le marseillais rétablit aussi les « ch » finaux, l'aixois va plus loin en restaurant la terminaison « -m » de la première personne du pluriel, les « -ment » des adverbes, les « -r » finaux nécessaires pour expliquer la formation des dérivés. Decart différencie la conjugaison de la deuxième personne du pluriel de celle de la deuxième personne du singulier en la notant « az ». Étienne Garcin conserve quant à lui le « t » latin de la troisième personne du pluriel. Ces auteurs ont concentré leur réflexion sur l'aspect consonantique du provençal et ont continué d'utiliser un système vocalique inspiré par le français.
Simon-Jude Honnorat reste proche de la graphie des trouvères marseillais mais s'en détache en restaurant le graphème « -a » pour les voyelles issues du a latin post-tonique et en employant le digramme « ge » pour noter le son devant les lettres « a », « o » et « u » sans changer le radical (mangear « manger » qu'il indique se prononcer mandjà,) dans une démarche similaire au « gi » italien (mangiare ) et au « ge » français pour le son (« mangeons » ).
Damase Arbaud rétabli quant à lui le « -tz » de la deuxième personne du pluriel (pourtant réduit à ou même par endroit totalement amuï) et le « -m » de la première personne du pluriel.
La norme mistralienne, ou « norme moderne », a été mise au point par Joseph Roumanille au cours des années 1850 dans le but de limiter les distorsions entre oral et écrit. Dans ce but, les marqueurs grammaticaux tel que les « -r » infinitifs (maintenus dans un premier temps avec un tiret,) les « -s » pluriels et les « -t » des participes passés sont supprimés dans les dialectes où ils ne sont plus prononcés. Cette norme n'est néanmoins pas phonétique puisque de nombreuses consonnes muettes continuent d'être notées car elles permettent de distinguer des homophones, par souci d'étymologie, à cause des dérivations ou parce qu'elles s'entendent en liaison.
Tout en établissant des règles orthographiques précises, cette norme admet des variations dialectales ; ainsi aucune forme de mot n'est arbitrairement privilégiée ni élevée au rang de standard. Elle utilise les graphèmes « gn » pour retranscrire le son et, en dehors des diphtongues et des triphtongues où l'usage médiéval d'écrire « u » a été conservé, retranscrit par « ou » le son — même s’il existe une subtilité en conjugaison — ; le graphème « lh » existe mais « h » et « i » le remplacent en provençal. La graphie mistralienne a inventé les graphèmes « òu » et « óu » , (mais aussi tonique). Elle a également amorcé un début de transdialectalisme en retranscrivant par un seul graphème des réalisations différentes entre les dialectes maritimes et rhodaniens. Bien que s’appuyant sur les compétences des locuteurs alphabétisés en français, elle n’est néanmoins pas un calque de l’orthographe du français. On assimile souvent la norme mistralienne à une transcription du rhodanien mais les travaux de Pierre Vouland ont montré de nombreuses différences morphophonologiques entre le rhodanien parlé et le provençal écrit.
Tout d'abord partisan du système graphique d'Honnorat, Mistral, sous la pression de Roumanille, finit par opter pour l'écriture dite « mistralienne » afin de faciliter l'apprentissage écrit du provençal aux habitants du Midi. L'adoption de l'écriture de Roumanille ne s'est pas faite sans heurts, sans débats préalables ou critiques houleuses,. C'est en partie à cause des choix orthographiques du Saint-Rémois que certains partisans de l'écriture classique décidèrent de faire sécession du Félibrige pour fonder la Société d'études occitanes où ils développeront la norme classique.
Le Félibrige emploie la norme mistralienne depuis sa fondation en 1854 tout comme d'autres mouvements plus récents tel que Parlaren ainsi qu'une grande partie des écrivains, chanteurs, enseignants et institutions locales.
Depuis 2006, un Conseil de l'Écrit Mistralien (Consèu de l'Escri Mistralen abrégé en « CEM »), organe interne du Félibrige, a été créé à l'initiative du majoral Bernard Giély avec pour mission de compléter l'œuvre lexicographique de Mistral.
La norme classique a été codifiée en 1935 par Louis Alibert dans son ouvrage Gramatica occitana segon los parlars lengadocians et s'inscrit dans la continuité des travaux du docteur Honnorat. Elle s'appuie sur les réformes initiées à la fin du xixe siècle par le majoral limousin Joseph Roux, les instituteurs languedociens Antonin Perbosc et Prosper Estieu, le travail de normalisation de Pompeu Fabra pour le catalan, tout en tenant compte de certaines innovations de la norme mistralienne dont elle se veut la réforme. La norme classique a été améliorée à la suite de la parution en 1943 de la « Grammaire occitane » du majoral Joseph Salvat qui remettait partiellement en cause les choix graphiques d'Alibert (notamment les accents) ; les propositions de Salvat seront pour l’essentiel reprises après guerre par l'Institut d'études occitanes (l'héritier de la Société d'études occitanes) dans son livret « La réforme linguistique occitane et l'enseignement de la langue d'Oc ». À partir des années 1950 et jusqu'à la fin du xxe siècle, la norme classique a été adaptée pour écrire les dialectes provençaux, nord-occitan, cisalpin et aranais.
La norme de l'école du Pô est une graphie cisalpine élaborée par des poètes et des linguistes pour représenter les spécificités du vivaro-alpin des Vallées occitanes italiennes. Le graphème « eu » ne note pas mais comme en français, en lombard, en génois et en piémontais, « ë » représente le son , « ç » le son et « x » le son , les digrammes « dz », « sh » et « zh » valent respectivement , et , « ii » note une succession de semi-voyelles, l'accent circonflexe indique une voyelle longue (ëncoû « encore »), la lettre « n » est doublée pour marquer une différence entre une consonne finale nasalisée (an « ils ont ») et une consonne finale apicale (ann « année »). Les graphèmes « lh » et « nh » sont maintenus.
La graphie classique de base est une version simplifiée de la graphie classique élaborée par un groupe de travail qui se réunissait au Centre culturel de Cucuron dans les années 1970. Elle propose d'abandonner « -tz » au profit de « -s » en position finale sauf pour la conjugaison de la deuxième personne du pluriel, de noter conformément à la prononciation « -ié » plutôt que « -iá » à l'imparfait et pour les substantifs féminins concernés, de simplifier l'écriture des groupes consonantiques « tg » (viage et pas viatge « voyage »), « tj » (viajar à la place de viatjar « voiturer, voyager »), « tl » (espala au lieu espatla « épaule ») et « tm » (semana contre setmana « semaine ») qui sont réalisés comme des consonnes simples en provençal. Cette graphie n'est pas très employée en dehors de contributions sporadiques dans le mensuel « Aquò d’Aquí » bien qu'un recueil de textes ait été publié en 1982 dans cette graphie tout comme un « Manuel pratique de provençal contemporain ».
Au début des années 1980, une graphie mélangeant le système consonantique de la norme classique et le système vocalique de la norme mistralienne a été proposée par le professeur Jean-Claude Bouvier. L'association « Dralhos Novos : per l'unitat grafico » utilise cette orthographe depuis 1999.
L'usage du provençal est vécu par une partie des provençaux comme un élément de leur héritage patrimonial ; il jouit d’un certain soutien de la population et des collectivités locales et bénéficie depuis les années 1980 d’un regain de visibilité dans la vie publique à travers la publicité,, la signalisation routière,, les édifices, les festivals et le théâtre, etc. Cette reconnaissance reste cependant symbolique et ne s'accompagne en général pas de mesures visant à développer ou revitaliser le provençal.
Le recul de l'usage du provençal est ancien. Il a cédé depuis longtemps les fonctions courantes de communication au français (diglossie limitée).
Le provençal est reconnu « sérieusement en danger » par l’Atlas des langues en péril édité par l’UNESCO. Les raisons de son déclin sont complexes. Pour la partie provençale qui a été rattachée à la France en 1483, on accuse souvent l'action centralisatrice des rois de France qui a écarté le provençal des actes juridiques (progression du français dans les élites sociales dès le XVe siècle, puis l'Ordonnance de Villers-Cotterêts du 10 août 1539 instituant le français comme la langue des documents administratifs). Cela n'est pas possible pour le pays niçois, le Comtat Venaissin ou Avignon qui n'étaient pas français alors. Au XIXe siècle, l'école royale, impériale puis républicaine n'a jamais donné au provençal un statut spécifique dans l'enseignement. Le provençal a été marginalisé dans les médias importants.
Depuis les années 2000, il existe en Provence une association importante — Collectif Provence — pour qui le provençal est « une langue à part entière, proche mais distincte de l'occitan du Sud-Ouest de la France », sans toutefois rejeter son appartenance à l'ensemble des langues d’oc,. Ce mouvement, déjà présent auparavant par exemple vuia l'Union Provençale, souhaite imposer l'usage exclusif de la norme mistralienne et confirmer la volonté de la population en faisant du provençal une langue à part entière,, afin de contrer la dynamique orchestrée par les classicistes languedociens qui tend à se développer partout dans le Midi depuis des décennies notamment en Provence, où on retrouve plusieurs auteurs classiques en dialecte provençal comme Robert Lafont. À l'inverse de cette association culturelle tout aussi politiquement marquée que ses opposantsInterprétation abusive ?, le Felibrige — société savante fondée par Frédéric Mistral, Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Paul Giéra, Anselme Mathieu et Alphonse Tavan le 21 mai 1854 — propose la définition suivante qui fut adoptée lors du Conseil Général de la Santo-Estello (Sainte-Estelle) de Grasse en 1999 : « Le Félibrige retient comme seule terminologie pour être employée et défendue : la langue d’oc dans la diversité de ses parlers (Auvergnat, Gascon, Languedocien, Limousin, Provençal ».
En 2003, à la suite de l'action des uns et des autres, le Conseil régional de PACA a émis successivement deux vœux à la demande d'élus différents :
En 2016, le Conseil Régional de PACA émet une nouvelle résolution dont le préambule contient une phrase ambigüe, parlant à la fois de la langue d’oc et de langues : « Ainsi, sur l’ensemble du territoire régional se sont développées des langues qui ont su véhiculer jusqu’à nous les traditions et les spécificités culturelles de l’histoire de notre région et de ses divers territoires : le provençal, le gavot ou le nissard. Cette pluralité linguistique est la spécificité de notre région dans l’espace de la langue d’oc ».
À partir de septembre 2023 des annonces en provençal seront diffusées dans le métro marseillais,,.
Voici quelques expressions usuelles (graphie mistralienne / graphie classique):
De nombreux mots d'origine provençale ont migré vers le français. Il est souvent difficile de savoir précisément quels sont ces termes car les philologues et leurs dictionnaires étymologiques emploient souvent le terme de provençal, en lui donnant le sens de langue d'oc, pour qualifier l'origine d'un mot. Le contact intense entre le provençal et le français (répandu en Provence entre 1880 et 1950) a produit un français particulier à la Provence, très célèbre (film de Pagnol par exemple) et parfois stéréotypé, de sa prononciation (l'accent provençal et marseillais) à son vocabulaire, sa grammaire et ses modalités d'interactions,
Quelques exemples :
L'architecture :
La géographie :
Le domaine maritime :
La nourriture et les ustensiles de cuisine :
La faune et la flore méditerranéenne :
Les sentiments :
Le sens du mot provençal est contingent à la période historique dans laquelle il est employé. Selon le contexte ou l'époque, il signifie langue d'oc ou l'idiome parlé en Provence. Ainsi, dans le premier cas l'auvergnat ou le limousin sont du provençal mais pas dans le second.
Le terme proensales est utilisé au XIIIe siècle par les écrivains italiens désignant la langue parlée dans la moitié sud de la France, faisant référence aux provinciæ romana de l'Empire romain qui désignait la Gaule méridionale. Frédéric Mistral dit d'ailleurs que "La lengo prouvençalo, la langue provençale, la langue du midi de la France et de la Catalogne, nommée aussi lengo d'O, langue d'Oc.". D'autres appellations sont employées ensuite, le limousin par les catalans, la langue d'oc par Dante, le catalan par les savants du XVIIe siècle, ou celle très peu usitée de mondin inventée à Toulouse.
Au XIXe siècle les romanistes à la suite de Raynouard et jusqu'à Anglade, reprennent le terme provençal par généralisation pour, à la fois désigner l'occitan des troubadours en tant qu'« ancien provençal », et l'occitan moderne dans son ensemble. Mais ce terme introduisait une ambiguïté avec le parler de la Provence, l'occitan troubadouresque n’étant pas apparu en Provence, et ayant plus d’analogies avec le languedocien ou le limousin.
Le provençal est autant considéré par Frédéric Mistral aussi bien comme une langue à part entière (comme en témoigne son texte "la lengo prouvençalo" dans l'Armana prouvençau de 1856) que comme un dialecte de la langue d'Oc (appelé aussi provençal) dans son dictionnaire Lou Tresor dóu Felibrige, comme en témoigne ses écrits dans « La lengo prouvençalo o lengo d'O », « Lou parla dóu Rose, emé lou parla marsihés, formon ce qu'apelan pu particulieramen la lengo prouvençalo. » (Le parler du Rhône, avec le parler marseillais, forment ce que l'on appelle plus particulièrement la langue provençale) ou encore « La lengo prouvençalo se parlo encaro en Franço dins mai de vint despartamen: es que, se parlo pas pertout la memo causo » (La langue provençale se parle encore en France dans plus de vingt départements: elle ne se parle pas partout de la même façon). Ce qui n'est pas sans créer d’ambiguïté entre les termes de langue et de dialecte. Toutefois, l'auteur s'accorde généralement à dire dans l'ensemble de ses ouvrages qu'il existe une langue provençale ou langue d'Oc (ensemble du Midi de la France) et qu'elle est parlée depuis des siècles à travers ses dialectes. Il montre donc l'importance de préserver les distinctions dialectales. C'est par ailleurs cette forte atténuation des distinctions dialectales dans la graphie classique d'Alibert qui oppose ses partisans à ceux de la graphie mistralienne qui préserve davantage les variétés dialectales de la langue d'Oc.
Le mot provençal sert aussi, particulièrement jusqu’au milieu du XXe siècle, à désigner l’ensemble de la langue d’oc. C’est notamment le cas chez Frédéric Mistral et dans les dictionnaires d’Honnorat, Dictionnaire provençal-français ou dictionnaire de la langue d’oc et de Mistral, Le Trésor du Félibrige, dictionnaire provençal français embrassant les divers dialectes de la langue d’oc moderne ou les ouvrages de référence de Ronjat, Essai de syntaxe des parlers provençaux modernes et Grammaire historique des parlers provençaux modernes. Le mot reste utilisé dans le milieu romaniste pour désigner l’ensemble de l’occitan. Cette synonymie est également affirmée par Emmanuel Le Roy Ladurie.
Lorsque Frédéric Mistral publie Lou Tresor dóu Felibrige, dictionnaire de la langue d'oc moderne en deux volumes, il comprend le terme provençal comme une acception du terme langue d'oc ; en sous-titre du dictionnaire, il précise : Dictionnaire provençal-français, embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne, soit, comme il est mentionné dans la note 1, tous les mots usités dans le Midi de la France. Il y écrit qu'óucitan (qu'il traduit par occitain ou occitanien) est synonyme de « languedocien » ou de « méridional » et renvoie à « langue d'oc ».
Le mot occitan est basé sur celui d'Occitanie et Mistral dit que ce dernier renvoi à un "nom par lequel les lettrés désignent quelquefois le Midi de la France et en particulier le Languedoc". De même, il précise "le mot Occitania ou Patria Linguæ Occitanæ est la traduction usitée dans les actes latins du XIIIe siècle et XIVe siècle pour désigner la province du Languedoc.".
Actuellement, l'usage chez les linguistes est d'utiliser le mot provençal spécifiquement pour la variante parlée en Provence et la formule langue d'oc ou occitan pour parler du languedocien ou de la langue dans son ensemble.
« Le joug des règles, ils le secouent ; l'orthographe, ils n'en ont pas soucis. Chacun agit à sa guise, écrit les mots comme il les prononce, et de là naissent l'arbitraire et la confusion… (au contraire) Bellot se garde bien de ne faire aucune différence entre l'infinitif et le participe, tandis que la plupart des auteurs qui se servent du provençal mêlent tout, brouillent tout, confondent tout et semblent n'avoir aucune idée des dérivés, de l'étymologie et de la syntaxe. Ils francisent le provençal et provençalisent le français. »
« Tous les Auteurs modernes qui ont écrit en provençal se sont fait une orthographe arbitraire ; le plus grand nombre a écrit le Provençal comme on le parle. De là la confusion entre les Infinitifs et les Participes, et une variation constante dans certains mots qui rend la langue provençale très-difficile à lire, pour ceux qui n’en ont pas contracté l’habitude. Nous avons cru devoir établir une syntaxe provençale qui se rapprochant de l’ancienne, facilitera aux Provençaux la lecture des Écrivains en cette langue qui viendront après nous, ou qui nous ont précédés. »
« Et qu'és acos ? escarraougnon ma lengo, Coumo s’abioy escribut d'aleman ! ! Y passon touts l'un aprèt l'aoutre et fan Un loun tchampiou de moun chan de mezengo...? (...) mais me cridon talèou, En me baillan lour journal flamben nèou... « ! Tè ! Legis ! aqués mots nous chagrinon. »(...)Sou muts daban nostro lengo escribudo ; La parlon touts, sâbon pas la legi ; Et qu’est cela ? Ils écorchent ma langue comme si j’avais écrit de l’allemand ! Ils y passent tous l’un après l’autre et font un brouhaha de mon chant de mésange ?... Mais ils me crient aussitôt, en me donnant le journal flambant neuf : Tiens ! Tiens ! lis ! Ces mots nous chagrinent. … Ils sont muets devant notre langue écrite. Ils la parlent tous, ils ne savent pas la lire. »
« Il existe, çà et là, dans l’espace occitan, quelques velléités localistes, refusant de reconnaître l’unité de la langue d’oc, se référant à « des langues d’oc » . Les tenants de ces positions sont cependant extrêmement minoritaires, en termes de reconnaissance populaire (même si leur influence est parfois sensible en Provence, Béarn ou Auvergne). L’immense majorité des universitaires, comme l’immense majorité des militants, y compris les tenants actuels de la graphie mistralienne, admet l’unité de la langue d’oc dans sa diversité dialectale. »
« Estimam qu'al punt de vista de la grafia, cal conciliar nòstras tradicions classicas, los resultats de l'estudi scientific de la lenga, la grafia mistralenca e la grafia catalana (Nous estimons que du point de vue de la graphie, il nous faut concilier les traditions classiques, les résultats de l'étude scientifique de la langue, la graphie mistralienne et la graphie catalane). »
« Ceux qui ont mal à propos substitué l'o à l'a final des substantifs et des adjectifs féminins n'ont pas fait attention qu'ils n'étaient pas conséquents avec eux-mêmes : car lorsqu'ils ont voulu former des mots composés, ils ont, comme toujours, été obligés de revenir au mot non altéré. C'est ainsi qu'en ajoutant la désinence ment (esprit, manière de faire), à regla, par exemple ils ont fait reglament, tandis qu'ils auraient dû écrire ce mot, d'après leurs principes, regloment, parce qu'il est composé de règlo, et de ment, suivant leur orthographe »
« Honnorat, à qui la linguistique est si redevable, intercale pour adoucir le g, un e devant a, o, u : Encouragear, encourager. Cet expédient emprunté à l’orthographe d’oïl n’a pas fait fortune. Nul ne doit s’en plaindre. »
« Les anciens lexiques, comme d’ailleurs tous autre ouvrages confondaient le u et le v ; ainsi on écrivait usuellement : sviure, suivre ; uezi, vezi, voisin, etc. De là, par exemple mouer pour mover, mouvoir. De là, le mov de Bernat de Ventadour et le mou de Bertrans de Born. L’École d’Avignon tourne la difficulté en recourant à un procédé de son invention : pour mov et pour mou, elle écrirait móu. Le tour est ingénieux, je l’avoue. Seulement, ainsi que nous le dirons en son lieu, la langue limousine (par conséquent le dialecte provençal) n’avait non plus que le latin, aucun accent d’aucune sorte, pas même le tréma (le point sur l’i n’est pas un accent, mais une partie intégrante de ce signe). »
« (À propos de la lettre« r ») D'ailleurs pourquoi cet ostracisme, pourquoi traiter cette lettre avec plus de rigueur que tant d'autres qui ont été conservées par vous bien que l'oreille ne les perçoit pas davantage ? »
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